mercredi 12 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°15. Lecture de la presse.

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Lecture de la presse

La « Lecture de la Presse » qui suit vise à informer le lecteur pour qu’il puisse constater que le peuple orthodoxe ne suit pas les ténors de l’œcuménisme, comme on le laisse entendre en Occident.

Dans ce numéro, nous attirons particulièrement l’attention sur les déclarations du Patriarche de Constantinople – autorisant la communion eucharistique, dans certains cas, des fidèles orthodoxes dans les églises catholiques-romaines (papistes) – et sur le commentaire qu’en fait le Journal « Orthodoxos Typos », qui relève de l’Eglise d’Etat grecque, en communion avec le Patriarcat de Constantinople.

VISITE DU PATRIARCHE DIMITRI EN URSS

Le Patriarche Œcuménique Dimitri, accompagné de nombreux évêques du Patriarcat, a visité le Patriarcat Russe. Il faut noter qu’aucune visite en Russie d’un Patriarche Œcuménique n’avait eu lieu depuis quatre cents ans, moment où le Patriarche Jérémie l’Illustre visita la Russie et proclama son Eglise : Patriarcat. Cette visite Patriarcale à l’Eglise de Russie se situe dans le cadre des visites prévues à toutes les Eglises Orthodoxes, ainsi qu’au Vatican, à l’Eglise Anglicane et au Conseil Œcuménique des Eglises. Les Patriarcats d’Alexandrie, de Jérusalem et l’Eglise du Mont Sinaï ont déjà été visités.

La visite patriarcale à l’Eglise Russe, commencée le 18 août 1987, a duré douze jours. Le Patriarche Dimitri et sa suite ont été accueillis ä l’aéroport de Moscou par le Métropolite Philarète de Minsk, délégué du Patriarche Pimen. Le fait que le Patriarche n’ait pas été accueilli par Pimen, à l’aéroport, a fait impression. Sa vieillesse a été le prétexte ; mais elle ne l’a pas empêché, le lendemain, de se rendre avec le Patriarche Dimitri, au Monastère de Zagorsk, pour y célébrer la fête de la Transfiguration, selon l’ancien calendrier que suit l’Eglise Russe !

Ce qui a, également, fait impression, c’est le Métropolite Philarète de Minsk, qui n’a pas daigné baiser la main du Patriarche Dimitri à l’aéroport. De l’aéroport, le Patriarche Œcuménique s’est rendu à l’imposant palais patriarcal de Moscou, où le Patriarche Russe, dans son allocution, l’a invité à revenir à Moscou, l’année prochaine, pour la célébration du millénaire de la christianisation des Russes. Au cours de l’entretien entre les deux Patriarches, celui de Russie a soulevé la question de l’autocéphalie dans l’Eglise. On sait que l’Eglise Russe a étendu, seule, l’espace géographique de sa juridiction dans d’autres pays, non inclus dans l’autocéphalie accordée par Constantinople à l’Eglise Russe, qui a procédé, anticanoniquement, à la proclamation de deux Eglises : celle du Japon et celle de la « Metropolia » Russe d’Amérique, que le Patriarcat Œcuménique et les autres Eglises Hellénophones ne reconnaissent pas.
Le second jour de sa visite, les Patriarches Dimitri et Pimen, entourés de douze évêques grecs et russes, ont concélébré au Monastère de la Sainte Trinité à Zagorsk, où l’immense affluence de fidèles a fait impression. Le Patriarche Pimen a remis la décoration de saint Serge au Patriarche Dimitri, et l’Académie de Théologie l’a proclamé docteur « honoris causa ».
Le troisième jour de sa visite, le Patriarche Œcuménique s’attendait à être reçu par Gorbatchev et Gromyko, rencontre qui n’a pas eu lieu. C’est le président du Commissariat aux Affaires Religieuses, Constantin Kartseff qui l’a reçu. Comme prétexte à l’échec de cette rencontre avec les hautes personnalités politiques russes, la réaction du Gouvernement Turc a été évoquée. Mais, d’après les milieux ecclésiastiques, l’échec serait dû à l’attitude de l’Eglise Russe, qui tend à rabaisser le prestige du Patriarcat Œcuménique, convoité par Moscou qui voudrait être proclamée TROISIEME ROME !

Le 22 août, le Patriarche Dimitri est parti pour Leningrad. Il visitera, ensuite, l’Eglise de Géorgie, qui est indépendante, puis les autres Eglises Orthodoxes des pays communistes : Roumanie, Serbie, Pologne, etc.

ORTHODOXOS TYPOS. N° 753 DU 28.8.1987.

INTERVIEW REVELATRICE DU PATRIARCHE OECUMENIQUE SUR L’UNION

Le journal « KATHIMERINI » du 6.8.1987 écrit que le Patriarche Œcuménique Dimitri a accordé une interview à l’Agence United Press, au cours de laquelle il a répondu à diverses questions sur l’Union de l’Eglise Orthodoxe avec les Latins. Certaines réponses du Patriarche sont inadmissibles pour l’Orthodoxie. Le Patriarche a clairement soutenu que la communion eucharistique des Orthodoxes, dans des églises papales était possible, dans les cas où les orthodoxes n’ont pas d’église proche ou quand ils sont en danger de mort.

Q.- Comment se développent les efforts en vue de l’union entre les Eglises Orthodoxe et Catholique-Romaine (papiste) ?

R.- Le Dialogue théologique entre les Eglises Orthodoxe et Catholique-Romaine est l’événement important de ces dernières années, pour l’Eglise Chrétienne Universelle. Car il s’agit d’une rencontre et de discussions entre deux mondes, deux traditions, pour un but sacré : la fin des divergences et un accord sur les questions fondamentales et importantes de la foi et de la réunion en une Eglise et une seule Eucharistie.

Le Dialogue se déroule d’une manière satisfaisante, avec le sentiment, de part et d’autre, de la responsabilité. Déjà, après la récente réunion de la Commission Mixte du Dialogue à Bari d’Italie, nous possédons un second texte commun, qui exprime la même foi des deux parties sur certains chapitres de la foi et de la doctrine chrétiennes.

Naturellement, nous l’avons déjà dit, il y a des difficultés, de même que des problèmes, dans un tel dialogue, qui se déroule en pleine liberté, sur pied d’égalité, entre deux mondes restés, durant de longs siècles, étrangers l’un à l’autre, voire ennemis.

Q.- Croyez-vous qu’une rencontre avec le Pape Jean-Paul contribuerait à ces efforts ?

R.- Sans aucun doute. Les contacts et les relations entre chefs responsables peuvent donner un souffle nouveau et une nouvelle direction aux efforts des Eglises. Nous, toujours en accord avec les autres Primats orthodoxes, nous sommes pour la promotion des relations et du dialogue avec l’Eglise Catholique-Romaine, dans le respect des traditions particulières, avec, pour objectif final, la rencontre sur le sol ferme de l’Eglise indivise du premier millénaire du christianisme. C’est dans cette espérance que nous envisageons notre rencontre avec S.S. le Pape Jean-Paul II, à son siège, en décembre prochain, priant pour qu’elle donne de riches fruits pour le bien de l’Eglise et du monde entier.

Q.- Combien le rapprochement entre les deux Eglises a-t-il progressé et quels en sont les résultats pratiques ? Un fidèle orthodoxe peut-il recevoir la communion dans une église catholique-romaine, dans des cas exceptionnels ou encore quand il n’y a pas d’église orthodoxe proche ?

R.- Ce qui est important ici, c’est que toute la mentalité a changé, que nous nous voyons, l’un l’autre, sous un angle tout différent que par le passé ; nous nous voyons en frères, dignes d’amour, et ce, jusqu’à la totale union des deux Eglises dans la foi ; l’Eglise Orthodoxe ne permet pas l’intercommunion sacramentelle, parce qu’elle considère la communion au même saint calice, comme l’achèvement, comme l’expression de l’unité dans la foi. Dans le cas concret que vous venez d’évoquer, la communion est possible, par extrême économie, surtout s’il s’agit d’un mourant.

Q.- Sur quels points divergent les deux Eglises ?

R.- Les divergences entre les deux Eglises sont connues ; il ne s’agit pas, ici, d’en dresser une liste détaillée. Nous dirons seulement, que le centre de gravité de ces divergences se trouve dans l’édifice hiérarchique et la place du Pape de Rome dans celui-ci ».

ORTHODOX TYPOS. N° 754 du 4.9.1987.

OUVERTURE OECUMENISTE, PAS MEME ATHENAGORAS…
UN TERRIBLE SOUPCON SUR L’UNION

Athënagoras a été Patriarche Œcuménique et Patriarche de l’Œcuménisme, autrement dit, il a été un hérésiarque, au sein de l’Eglise, laquelle n’a pas pu s’en défaire. Dans le passé, la sensibilité des fidèles et du clergé orthodoxes sur les questions de foi était telle, que lorsqu’un évêque, même un patriarche, prêchait une doctrine cacodoxe (ou hétérodoxe), le clergé et le peuple se dressaient, comme un seul homme, et le rejetaient du corps de l’Eglise. A notre époque, époque de l’Orthodoxie au rabais, on voit, non seulement des laïcs, mais aussi des clercs, des évêques et des patriarches, dire, impunément, des choses pires que celles dites par Arius, Macédonius, Nestorius et Barlaam, sans courir aucun risque, comme il en a été avec Athënagoras l’hérésiarque.

Ce que les Orthodoxes n’ont pu faire à Athënagoras, Dieu l’a fait, en 1972, en délivrant son Eglise de la présence nuisible d’Athënagoras. Tous, nous avons cru que son époque était terminée ; nous avons cru que l’Œcuménisme avait été une option personnelle, morte, ensevelie avec lui.
Et Dimitri est devenu Patriarche Œcuménique. Nous avons dit que Dieu l’avait tiré de l’ombre, pour porter la Croix de l’Orthodoxie. Alors même que, dans son discours d’intronisation, il promettait de suivre, fidèlement, la voie de son prédécesseur, nous, nous l’avions justifié, disant que c’était là des paroles creuses, sans contenu. Il est vrai que le nouveau Patriarche a donné, à plusieurs reprises, le témoignage orthodoxe. Et il nous a réjouis, en nous laissant croire qu’il n’était pas le continuateur d’Athënagoras.

C’est pourquoi, lorsque nous remarquions des erreurs et des actes inconsidérés, nous le disions toujours irresponsable ; nous chargions ses subalternes, pour que son prestige ne fût jamais atteint. Nous rappellerons un exemple tout récent ; la prière, en commun, de l’Archevêque de Thyatire Méthode, à Assise, avec des hérétiques et des païens. Nous avons beaucoup écrit contre Méthode, mais nous n’avons pas dit un seul mot contre Dimitri. Seul Méthode était coupable ? Non ! Le Patriarche était plus coupable que Méthode qui exécutait ses ordres. Méthode était certes responsable en obéissant à de tels ordres. Mais seul Dimitri était le grand responsable et, pourtant, personne n’a Protesté !

Un autre exemple. Dans un précédent numéro d’Orthodoxos Typos, nous avons écrit à propos de certaines vues hérétiques de l’Archevêque d’Australie Stylianos. Nous l’avons même traité d’hérétique. Nous avons demandé aux orthodoxes d’Australie de ne plus fréquenter les églises où sont nom était mentionné aux Offices. Nous n’avons, cependant, rien écrit sur le Patriarche Dimitri, qui le laisse libre d’enseigner ses doctrines cacodoxes.

Nous avons fait cela par amour du Patriarcat, de l’Institution et des hommes, même quand nous étions accusés d’écrire avec passion. Dieu sait combien nous avons souffert, combien nous avons prié, avant de manifester notre anxiété, sur le cheminement du Patriarcat. Mais, au-dessus de notre attachement au Patriarcat, nous plaçons notre amour pour l’Orthodoxie, pour le Christ. Et il nous est impossible de sacrifier notre amour de l’Orthodoxie, pour qui que ce soit.

Nous avons souvent gardé le silence sur des affaires qui pouvaient nuire au Patriarcat, dans la pensée que le Patriarche Dimitri était orthodoxe, même quand nous voyions, sous son patriarcat, l’infortune de l’Orthodoxie, dans les diocèses de sa juridiction, comme ceux d’Amérique, d’Australie, d’Europe.

Mais il y a des limites en tout. Parfois notre conscience se réveille de ses illusions et nous accuse pour notre stupidité à croire que quelque chose demeure encore debout à Constantinople. Elle nous reproche le silence sur des choses qu’il ne fallait pas taire, comme cette récente déclaration du Patriarche au Caire, selon laquelle tous les chrétiens « qui croient en Jésus-Christ comme Fils de Dieu et Sauveur du monde, forment un seul corps » (Episkepsis du 15.6.1987) : orthodoxes, latins, protestants et autres hérétiques, nous formons, pour le Patriarche Dimitri, un seul corps, le Corps du Christ !

Le temps de parler est arrivé !

L’occasion nous est fournie par une déclaration du Patriarche Dimitri à une agence étrangère d’information, qui lui a posé la question suivante :
- Un fidele orthodoxe peut-il recevoir la communion eucharistique dans une église catholique-romaine (papiste), dans des cas exceptionnels ou encore quand il n’a pas d’église orthodoxe proche ?

Le Patriarche Dimitri a répondu :

- Jusqu’à la totale union des deux Eglises dans la foi, l’Eglise Orthodoxe ne permet pas l’intercommunion sacramentelle, parce qu’elle considère la communion au saint calice comme l’achèvement, comme l’expression de l’unité dans la foi. Dans le cas concret que vous venez d’évoquer, la communion est possible, par extrême économie, surtout quand il s’agit d’un mourant ». (Kathimerini 6.8.1987).

Jusque là, Sainteté ! Avec vos déclarations, vous révélez les profondeurs de votre cœur. Vous avez fait un saut formidable vers l’œcuménisme, que jamais nous n’aurions imaginé. Vous vous êtes montré pire qu’Athënagoras !

Athënagoras n’a jamais osé faire ce qu’a fait Dimitri. Athënagoras, en 1967, par une encyclique, interdit aux prêtres orthodoxes de donner la Communion, même en des cas extrêmes, aux Latins. Le Patriarche Dimitri, en 1983, a rappelé l’Encyclique d’Athënagoras, quand la Sainte Communauté de l’Athos a dénoncé au Patriarcat, certains prêtres qui donnaient l’Eucharistie aux Latins.

Officiellement, la décision de donner la Sainte Communion aux Latins dans des cas extrêmes a été prise par l’Eglise Russe en 1970, décision annulée au cours de l’année actuelle. A l’époque, l’Eglise d’Hellade a adressé une protestation au Patriarche Œcuménique Athënagoras. Voici quelques extraits dont l’importance est actuelle :

« Quand les évêques d’Hellade ont appris que l’Eglise de Russie communiait avec Rome, ils ont écouté, sans y croire, l’amer message ; ils n’osaient pas croire à une chute de l’Eglise Russe hors de la Vérité. Les évêques d’Hellade, placés comme gardiens de la piété, en sentinelles, pour prévenir le peuple qu’un ennemi approche, ont, eux aussi, donné l’alerte. .Et pas aussi fort qu’ils auraient dû le faire, tant leur douleur a été grande. Ils l’ont fait pour signaler que l’Eglise Orthodoxe de Russie était devenue, désormais, adversaire de la Vérité, qu’elle s’était identifiée à l’erreur… Les jours passant, le scandale a grandi et l’exactitude de l’information s’est vérifiée : l’Eglise Russe n’avait pas gardé les « Choses Saintes » comme « Saintes ». Bien qu’elle continue à proclamer : « les Choses Saintes aux Saints », elle les donne à ceux qui ne peuvent les recevoir.

Tout cela a attristé les évêques d’Hellade, qui ont décidé de ne pas se taire ; car celui qui préfère se taire quand il faut crier n’est pas agréable ä Dieu. Mais ils ne se sont pas considérés dignes de condamner l’Eglise de Russie ni de rompre la communion avec elle, dans l’espoir qu’elle reviendrait sur la voie droite ; ils savaient qu’elle avait été conseillée par quelqu’un dont la foi n’était pas saine.

L’Eglise Orthodoxe est un corps… Il n’est pas permis à une Eglise locale, quelle qu’elle soit, de dogmatiser contre ce qu’elle a reçu et de déplacer les bornes éternelles. Si elle le fait et y persévère, elle se rend coupable et ne saurait se changer en docteur.
Dans l’Orthodoxie, les docteurs ne sont pas ceux qui théologuent avec des paroles creuses, mais avec la Tradition des Apôtres. Si celui qui transgresse une tradition écrite ou orale est anathématisé, qu’arrivera-t-il à celui qui a renversé toute la clôture qui séparait l’hérésie de l’Orthodoxie, l’erreur de la Vérité ? »

Voilà ce qu’écrivait en 1970 l’Eglise d’Hellade au sujet de l’Eglise Russe. Ecrira-t-elle de même, à présent, et même plus sévèrement, au Patriarche Œcuménique ?

Nous ne nous réjouissons nullement en accusant le Patriarche, c’est même, pour nous, une douleur. Nous le faisons pour obéir à notre conscience. Et nous espérons que, s’il y a chez des clercs, moines, laïcs, une conscience orthodoxe, elle se dressera avec nous, pour opposer une résistance salutaire à la dégringolade de l’Orthodoxie dans l’hérésie de l’Œcuménisme. Que chacun fasse son devoir, comme les saints Pères le demandent, fuyant et stigmatisant l’hérésie.

Nous sommes tristes pour le Patriarche et pour le Patriarcat, tristes pour les orthodoxes, tristes pour nous-mêmes, de vivre une telle époque.

Nous prions Dieu de nous rendre dignes de mourir dans l’Orthodoxie. Nous doutons fort que les générations futures, avec de tels Patriarches et évêques, les uns trahissant, les autres se taisant, aient le privilège de naître orthodoxes !

Pendant ces dernières années, nos soupçons ont augmenté. Nous craignons que le Phanar et le Vatican aient déjà signé l’Union et qu’ils nous la révèlent petit à petit, pour prévenir les réactions des fidèles, qui un jour se coucheront orthodoxes et se lèveront franks.

Frères, « que celui qui peut se sauver, se sauve » !

ORTHODOXOS TYPOS, N° 754 DU 4.9.1987.

APRES LES DECLARATIONS
DU PATRIARCHE OECUMENIQUE

Les déclarations du Patriarche Dimitri, au sujet de l’UNION avec les Latins, publiées et commentées dans le précédent numéro d’ORTHODOXOS TYPOS, vont nous occuper, encore, aujourd’hui. Outre sa position inadmissible, à savoir que les Orthodoxes pouvaient aller communier chez les prêtres latins, fût-ce même sous certaines conditions, le Patriarche Dimitri a également soutenu d’autres points de vue, non seulement étrangers à l’enseignement des Pères de notre Eglise, mais aussi, et manifestement, cacodoxes. Pour cette raison, nous insisterons aujourd’hui, davantage sur les déclarations malheureuses, mais ô combien révélatrices du Patriarche Œcuménique.

Dans son interview à l’United Press, le Patriarche a soutenu l’existence de TROIS EGLISES. Il a clairement dit : « Le Dialogue entre les Eglises Orthodoxe et Catholique-Romaine (lisez papiste) est l’événement important de ces dernières années, pour L’EGLISE CHRETIENNE UNIVERSELLE ».

Quelles sont ces « Trois Eglises » ? L’une est l’Orthodoxe, la seconde, la Latine, que le Patriarche appelle « Catholique-Romaine », alors que les Romains ou Roumis ou Hellènes, c’est nous et non les Franks. La falsification de notre nom national est, elle aussi, une preuve de la grande trahison, qui se fait au détriment de notre foi. Aussi un vrai orthodoxe n’appelle-t-il jamais les papistes actuels « Catholiques-Romains » mais Latins ou Franks, comme les ont appelés nos ancêtres et les Pères de notre Eglise. Et la troisième « Eglise », pour le Patriarche, c’est « l’Eglise chrétienne universelle » !

Quelle est cette troisième « Eglise » ? C’est une « Eglise » qui n’existe pas aujourd’hui. Elle a existé pendant le premier millénaire du christianisme, avant le schisme. C’est, dit le Patriarche, « l’Eglise indivise du premier millénaire du christianisme ». C’est l’Unam Sanctam (l’Union Sacrée), à laquelle croient les adeptes de l’hérésie de l’Œcuménisme. Mais cette vue du Patriarche nous pose certains problèmes : si « l’Eglise Chrétienne Universelle », en laquelle il croit, n’existe pas, qu’est alors « l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique » qu’il confesse dans le Credo de notre foi ? Est-ce l’Orthodoxe ou l’Eglise chrétienne universelle ? Si d’aventure, il croit que c’est l’Orthodoxe, quel besoin alors, des deux autres « Eglises » ? S’il croit que c’est « l’Eglise Chrétienne Universelle », alors il croit en une Eglise qui n’existe pas !

Ces vues patriarcales ne mènent logiquement qu’à des impasses, si bien que tout homme sérieux, à la raison saine, se doit de les rejeter : elles sont cacodoxes, elles sont une hérésie. Le chrétien qui n’identifie pas l’Eglise Orthodoxe avec « l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique » fondée par le Christ, est un hérétique, pire qu’Arius, Macédonius, Nestorius et Barlaam.

Par cette interview, le Patriarche Dimitri a révélé quelque chose d’autre. Il affirme suivre une autre voie, différente de celle suivie par les Pères de notre Eglise. A la question de savoir combien le rapprochement entre Orthodoxes et Latins avait progressé, le Patriarche a répondu : « Ce qui est important ici, c’est que toute la mentalité a changé, que nous nous voyons, l’un l’autre, sous un angle tout différent que par le passé ; nous nous voyons en frères, dignes d’amour… »

Ici, le Patriarche confesse une chose très importante : il regarde les « Latins hétérodoxes » tout autrement que ne l’ont fait nos Pères romains. La « mentalité » des Pères était toute différente de celle des Patriarches d’aujourd’hui. Les Saints de l’Eglise voyaient les hétérodoxes sous un autre angle que ne les voient, aujourd’hui, les œcuménistes du Phanar. De plus, le Patriarche accuse les Saints Pères de l’Eglise de n’avoir pas considéré les Latins comme des « frères dignes de leur amour ».

Les Pères romains de notre Eglise, comme saint Photios, qui a vécu au temps du 8ème Concile Œcuménique de 879, ont condamné et rejeté, comme hétérodoxes, les Franks. Les Pères romains de notre Eglise, comme saint Marc d’Ephese, ont refusé de reconnaître la fausse union de Florence-Ferrare de 1438, malgré les pressions de l’Empereur qui voulait sauver l’empire. Les Pères romains de notre Eglise, comme saint Grégoire Palamas, au temps du 9ème Concile œcuménique de 1441-1451, ont condamné et anathématisé, à nouveau, les Latins, comme cacodoxes.
Tous ces saints Peres n’avaient-ils pas autant d’amour pour les hétérodoxes qu’en a l’actuel Patriarche Dimitri, qui au lieu de suivre la voie et la mentalité d’un Marc d’Ephèse, préfère un Bessarion ou un Isidore, qui ont trahi l’Orthodoxie, qui ont trahi la race des Romains et sont devenus Latins ou Franks ! Notre Patriarche, au lieu de marcher sur les traces d’un saint Grégoire Palamas, préfère la « mentalité » d’un Barlaam et d’un Akindinos !

Dans son interview, le Patriarche Dimitri a dit aussi autre chose : « Les divergences, entre les deux Eglises, sont connues ; il ne s’agit pas, ici, d’en dresser une liste détaillée. Nous dirons, seulement, que le centre de gravité de ces divergences se trouve dans l’édifice hiérarchique et la place du Pape de Rome dans celui-ci ». Ainsi donc, le Patriarche Dimitri ne voit qu’une divergence importante avec les Latins : « l’édifice hiérarchique de l’Eglise et la place du Pape de Rome dans celui-ci ». En d’autres termes, notre divergence avec les Latins, c’est les pouvoirs du Pape. Mais les saints Pères n’ont pas dogmatisé la question du pouvoir ecclésiastique. Les saints Pères affirment que tous les hétérodoxes sont des athées. Et ils disent cela, non pas parce que les hétérodoxes, comme les Latins, ne croient pas en Dieu, mais parce qu’ils croient en un Dieu qui n’existe pas. En effet, les Latins croient en un Dieu tout différent de celui des Orthodoxes. Le Dieu des Orthodoxes, c’est le Dieu de nos Pères, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. C’est le Dieu apparu aux Prophètes et aux Apôtres, le Dieu qui EST. Par contre, le Dieu des Latins est un produit, une vue de l’imagination, de la pensée philosophique des Franks. Un tel Dieu n’existe pas. Ce Dieu imaginé possède certaines particularités curieuses que le vrai Dieu en qui nous croyons n’a jamais possédées.

Prenons un exemple : les Latins croient que l’essence de Dieu est « pure énergie » (actus purus) ; pour eux essence et énergie s’identifient. L’énergie de Dieu c’est aussi son essence. Mais pour les Orthodoxes, Dieu possède une nature qui est inconnaissable (c’est pourquoi nous l’appelons suressentielle} et une énergie ; dans le vrai Dieu, essence et énergie ne s’identifient pas. L’homme déifié peut, par la grâce, participer à certaines énergies divines mais ne peut, jamais, participer à l’essence de Dieu. Les Latins, en identifiant essence et énergies de Dieu, s’unissent, inévitablement, à l’essence de Dieu, ce qui est, pour les Pères, le pire des blasphèmes contre Dieu. De telles divergences colossales, avec les Latins, sont fort nombreuses.

Nous, avec la grâce de Dieu, nous voulons rester fidèles aux Pères, attachés à leur « mentalité ». Nous nous attristons pour tous ceux qui rejettent la « mentalité » et la voie tracée par les saints Pères, qu’ils soient théologiens, moines ou clercs, même patriarches. Ils sont ceux dont l’Esprit Saint a dit, par la bouche de Jérémie le prophète : « De nombreux bergers ont détruit ma vigne, foulé mon domaine, changé le lot qui m’était cher, en désert, en dévastation ». (Jr. 12, 10).

ORTHODOXOS TYPOS N° 756 du 18.9.1987.

CHEZ LE PAPE

Le Patriarche Œcuménique Dimitri, accompagné d’une importante suite, dont l’Archevêque d’Amérique, Mgr. Jacob… a visité les Patriarcats d’Alexandrie, de Jérusalem, l’Archevêché du Mont Sinaï…
Cette « marche sacrée » va se poursuivre au-delà des limites des Eglises Orthodoxes, pour aller où ? A Rome, chez le « Souverain Pontife », le Chef du Vatican, le Pape.

Que les « saints » du Phanar nous permettent d’exprimer notre opposition à leur action, opposition qui est aussi l’écho des sentiments d’une foule de frères orthodoxes… On connaît l’enthousiasme et le respect des Hellènes orthodoxes, à la suite des récents contacts spirituels avec le Patriarcat… Cet état réjouissant et bénéfique va, nous le pensons, être troublé, et les bons sentiments envers le Patriarcat Œcuménique vont changer et diminuer sensiblement, si les hommes du Phanar mettent à exécution le programme de leur visite à Rome et plus loin.

En effet, le monde orthodoxe, les chrétiens conscients, qui versent des larmes en entendant le mot « orthodoxie », et qui sont prêts à combattre, jusqu’au sacrifice, pour elle, sont vivement opposés au voyage en question.

Ils prennent cette attitude, non par intolérance, comme certains le diront, mais parce qu’ils ne considèrent pas ce voyage comme opportun et voient, dans cet acte, les dangers qui se cachent.

Que le Pape veuille, de lui-même, aller à Constantinople – ce qu’il a d’ailleurs fait – et y être reçu par les responsables du Phanar, pour des relations formelles, hors de toute manifestation liturgique, nul ne s’opposera absolument.

Mais que le Patriarche Œcuménique, en personne, considéré comme chef de l’Orthodoxie, aille au centre, au nid même de la cacodoxie, c’est chose impensable. Quel sens a la visite de S.S. ? Est-ce pour remercier le Pape de son attitude anti-hellène, au détriment de notre Macédoine ? L’encre est encore fraîche de tout ce qu’on a écrit à ce propos. Et le Pape n’a pas demandé pardon, ni changé sa tactique… Aussi, tout orthodoxe sincère se méfie des sourires et des politesses…

Que le Patriarche n’aille pas croire que les Chefs de la Papauté vont être édifiés par sa visite. Ils ne vont ni fléchir, ni se repentir, ni changer leurs desseins et leurs opinions ; au contraire, ils vont être fortifiés dans leurs positions et leur cheminement et faire croire que le Patriarche Œcuménique abonde dans leur sens. Visites, accolades, baisers, ne lui feront pas renier ses erreurs et ses cacodoxies ; tout cela n’est que perte de temps et dépenses inutiles.

Que faut-il faire ?... Il faut, rapidement, revoir toutes ces choses et décommander le dernier tour des visites du Patriarche Œcuménique, prévues pour décembre prochain. Cela est dicté par la conscience orthodoxe sincère…

Sinon, le scandale sera grand. L’affluence du peuple fidèle, lors de la visite, en Grèce, du Patriarche Œcuménique, ne sera pas ce qu’elle devrait être… Ceux qui l’accueilleront seront réservés, hésitants. Et il n’est pas exclu que les plus ardents d’entre eux manifestent leur réprobation. Le pire, c’est que ceux qui font des ouvertures inadmissibles envers les hétérodoxes seront dangereusement fortifiés dans leurs pensées, leurs actions et, en général, dans leurs tendances syncrétistes.

Nous écrivons cela, avec une sincère charité et dans l’intérêt du Primat de l’Orthodoxie. Nous pensons que cette compromission de Mgr. Dimitri avec le Pape nuira à son prestige auprès des Orthodoxes, et donnera raison à ceux qui disent que le Patriarche Œcuménique agit sur les ordres d’un quartier général international, et que ses visites aux églises orthodoxes ne sont, tout simplement, qu’un rideau de fumée, pour égarer les orthodoxes et faciliter d’autres desseins…

ECCLESIASTICOS AGON. N° 232. Juillet / Août 1987.

LA SAINTE MONTAGNE A REJETE LA DEMANDE
DE L’ARCHEVEQUE D’AUSTRALIE
D’EXPOSER, DANS CE PAYS, L’ICONE MIRACULEUSE
« IL EST DIGNE… »

Alors que les Hagiorites ne sont pas encore remis de la visite impromptue de l’Archevêque d’Australie aux Monastères Néo-Orthodoxes, en juillet dernier, une nouvelle exigence de cet archevêque néo-Orthodoxe est venue ébranler la conscience des moines. Par lettre, l’Archevêque Stylianos a demandé que soit apporté, dans son diocèse, un des joyaux spirituels hagiorites : « AXION ESTI… » (IL EST DIGNE EN VERITE DE TE CELEBRER…) qui se trouve dans l’église du Prôtaton en Athos !

Dans sa lettre, datée du 23.9.1986, l’Archevêque d’Australie qualifie d’historique « la demande de tous les fidèles orthodoxes du Cinquième Continent, hellènes, libanais, syriens, russes, serbes, roumains, bulgares, etc. » d’envoyer l’Icône Miraculeuse. Or, ces citoyens australiens ignorent l’existence même de cette Icône. C’est l’Archevêque qui veut s’imposer, par tous les moyens de communication modernes, aux couches sociales d’Australie, à ses confrères hétérodoxes et restaurer son prestige de pasteur, quelque peu ébranlé aux yeux des hellènes émigrés. Et ce qui scandalise, dans cette affaire, c’est qu’il utilise tout ce qui est sacré et saint pour atteindre ses buts mesquins !

Il pense, en montrant sa force et son charme à tous ceux qui le croient encore hors de tout soupçon, restaurer la bonne réputation de son nom et prouver, aux yeux de toutes les nations, que la Sainte Montagne lui obéit au doigt et à l’œil !

Il veut aussi, du même coup, obtenir un « certificat d’orthodoxie », pour camoufler ses convictions œcuménistes et ses ambitions, espérant que les naïfs de son troupeau penseront : « Puisque la Sainte Montagne le reconnaît et l’honore à ce point, c’est qu’il est orthodoxe ! »

Celui qui examine attentivement la demande de l’Archevêque d’Australie, adressée à la Communauté de la Sainte Montagne, d’exposer l’Icône « Il est digne… » voit, très clairement, sous la piété apparente et les belles phrases, les vraies intentions du demandeur.

Dès le début de sa lettre, il ne cache pas son désir de participer – de cette manière inadmissible – aux fêtes mondaines, séculières et étrangères, du bicentenaire « de la colonisation du Cinquième Continent par les blancs » !
Il avoue, sans détour, qu’à ces manifestations cosmopolites et œcuménistes « tous les groupes ethniques et les églises ont été invités à contribuer, par tous les moyens en leur pouvoir ». Et chacun se demande, par exemple, par quels moyens les multiples dénominations protestantes d’Australie et les Papistes eux-mêmes, vont y contribuer : n’est-ce pas par des prières et des Offices en commun de « fraternisation », de tous les chrétiens d’Australie, quel que soit leur dogme ?

Voilà les grands rassemblements rêvés par l’Archevêque Stylianos, qu’il présidera, revêtu d’ornements sacrés, ayant à ses côtés l’Icône miraculeuse « Il est digne… », entouré de la synodie des misérables représentants de l’Athos, qui pour se divertir ou plutôt faire du tourisme, auront accepté de voyager gratuitement, pour visiter tout ce qui mérite de l’être sur le lointain continent…

Pour justifier sa tournée spectaculaire, l’archevêque d’Australie aurait organisé des colloques théologiques « dans deux ou trois des plus grands centres », avec l’exposition de l’Icône, que « la télévision et la radio auraient retransmis » et, bien entendu, sous sa présidence…

A la fin de sa demande, il promet de « couvrir toutes les dépenses » des athonites qui accepteraient de coopérer à ce Programme profane et d’accompagner l’Icône très pure de la Très Sainte Mère de Dieu, chez les hétérodoxes et les athées du siècle… Ce qui afflige, c’est que la Sainte Communauté, dans une encyclique spéciale, soutienne les pures fantaisies impies, sorties de l’imagination maladive et vaniteuse de l’Archevêque d’Australie, et parle, pompeusement de « festivités officielles d’un rayonnement mondial » !

Pour tous les athonites qui désireraient paraître sur la scène internationale et se faire admirer par des millions de téléspectateurs, voici une bonne occasion pour une carrière inespérée, largement offerte par la main bienfaitrice et puissante de l’Archevêque d’Australie ! Frères, profitons de l’aubaine ! Que notre amour rampant pour le monde soit connu de tous les hommes ! C’est dans cet esprit que l’encyclique de la Sainte Communauté surenchérit sur les propositions du hiérarque néo-orthodoxe et poète et promet – sous quelle garantie ? – « qu’il n’y aura aucune manifestation œcuméniste », jetant ainsi, d’une certaine manière, de la poudre aux yeux des naïfs et des crédules.

Mais soyons sérieux et demandons : comment est-il possible d’éviter des manifestations œcuménistes, quand la plupart des communautés orthodoxes sont hébergées dans des églises protestantes ou catholiques (papistes), et que bon nombre d’entre elles célèbrent dans le même sanctuaire, à des heures différentes. Qu’adviendra-t-il, quand l’Icône miraculeuse sera là ? Les locataires orthodoxes empêcheront-ils les propriétaires hétérodoxes d’entrer dans leur propre sanctuaire pour chanter et honorer – surtout s’ils sont catholiques – la sainte Icône, et participer ainsi à la fête ?

Une telle interdiction est exclue, parce que de nos jours, tous les hétérodoxes qui le désirent peuvent, librement, assister aux liturgies orthodoxes… Il est donc impossible « qu’aucune manifestation œcuméniste » n’ait lieu, comme le voudrait la Sainte Communauté. C’est tout le contraire qui arriverait !
Pour cette raison, d’ailleurs, la Sainte Communauté n’a pas répondu, jusqu’à ce jour, à l’Archevêque d’Australie, sentant à l’évidence « les inconvénients qui les accompagneraient », comme elle l’admet, dans son encyclique, dans une telle excursion téméraire. Mais, dernièrement, les éléments néo-athonites se sont enhardis. Ils sont facilement venus à bout des hésitations sérieuses de la Sainte Communauté, qui duraient depuis dix mois, quand ils virent se terminer, heureusement et sans incidents, la visite à la Sainte Montagne de l’Archevêque d’Australie, préparée dans le plus grand secret. Puisqu’il n’y a pas eu d’opposition, ils pouvaient, ont-ils pensé, aller plus loin, vers le pire et avec audace ! Certes, beaucoup ignoraient la terrible machination des néo-orthodoxes athonites, qui avaient réussi à faire visiter par l’Archevêque d’Australie les monastères athonites non néo-orthodoxes et à donner ainsi l’impression que ce dernier, avec ses poèmes œcuménistes et néo-orthodoxes, avait trouvé une large audience au Mont-Athos…

Voici un exemple de la ruse de l’Archevêque d’Australie, pour visiter le monastère de saint Paul qui n’est, pas néo-orthodoxe : sans prévenir personne, il a débarqué au petit port du monastère et de là, il a informé les moines, par un coup de téléphone anonyme (!), disant tout simplement « qu’un évêque arrivait ». « Quand l’évêque fut dans le monastère, les pères apprirent enfin que c’était l’Archevêque d’Australie, mais il était trop tard pour fermer les portes et lui faire savoir qu’il était indésirable.

Cette méthode géniale pour visiter les monastères athonites est certainement l’invention des néo-orthodoxes, et en particulier l’entreprise du monastère de Stavronikita, qui a organisé « la visite de l’Archevêque d’Australie au Mont Athos ». Outre le monastère de Saint Paul, l’Archevêque d’Australie a visité ceux de Stavronikita, Grigoriou, Simon-Pétra, Xénophontos et Philothéou.

Et le plus drôle de tout cela, c’est la participation de l’administration de la Sainte Montagne à la mobilisation proclamée par les néo-orthodoxes pour l’envoi de l’Icône « Il est digne… » Dans une lettre, le suppléant du Gouverneur en a exprimé les sentiments : « la parole persuasive et la douleur spirituelle de S.E. nous ont ému », et il recommande que Celle « qui est plus vaste que les cieux apporte les choses grandes et vénérables, que la famille helléno-orthodoxe demande par son archipasteur ».

Il y a, encore, quelque chose de plus drôle, dans l’orchestration de cette campagne publicitaire en faveur de l’Archevêque d’Australie, pour l’envoi de l’Icône « Il est digne… » Dans son encyclique de propagande, la Sainte Communauté argumente : « Certains hommes spirituels (les néo-athonites), après avoir visité, il a quelques années, l’Australie, ont dit, en partant, à ceux qui les accompagnaient : « Vous devriez sanctifier votre pays ». Ainsi, toute cette entreprise, cette mise en scène, serait, en dernière analyse, destinée à la sanctification d’un continent – point de vue fort aimable et contradictoire, pour les néo-orthodoxes qui croient, mordicus, à la sanctification de toute chose.

Paradoxalement, donc, la Sainte Communauté considère maintenant comme non encore sanctifiés et comme n’appartenant pas au Seigneur « toute la terre et ce qu’elle renferme, le monde entier et ceux qui l’habitent » !
Que celui qui peut comprendre comprenne quelles sont les choses bonnes et utiles à chaque jour ! Très judicieusement, un vieil athonite a prévu que la prochaine étape de la Sainte Communauté serait New-York.

ORTHODOXOS TYPOS N° 754 du 4.9.1987.

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