lundi 10 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°12. Aux origines de l'oecuménisme.

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Aux origines de l’œcuménisme dans l’Eglise de Grèce

Aristote Délembase

Dans le N°11 de la Lumière du Thabor nous avons publié la première partie de l’étude d’A. Délembase : « Aux origines de l’œcuménisme en Grèce ». Nous en donnons ici la fin.

VUES OECUMENISTES DES I NTELLECTUELS

Il ne faut pas s’étonner, après ce qui a été dit plus haut, que des hommes de grande culture, aient propagé des idées œcuménistes. Tout ce que notre historien national C. Paparrigopoulos a écrit sur l’union des églises révèle l’étendue de la corrosion de la pensée des hellènes pendant la seconde moitié du siècle dernier, fruit de la réforme imposée par la Régence en accord avec la politique de l’Angleterre.

Passant outre et s’égarant loin des bases justes de toute union, jadis posées par saint Photios, notre historien écrit que « l’union en Christ des Protestants avec l’Eglise d’Orient, fondée sur le principe de la conservation par chaque partie des dogmes et des rites de ses pères, est possible et permettrait des rapports vraiment fraternels entre les peuples de l’Orient et ceux de l’Europe du Nord-Ouest ».

Ce grand historien, qui s’est trompé aussi sur la portée de l’iconoclasme et sur celle de la fausse union de Florence – questions avant tout théologiques et non simplement historiques – propose, comme modèle de cette union extérieure le Pape ! « Le Pape, écrit-il est guidé, dans ses rapports avec ceux qu’on appelle uniates, par le principe suivant : je reçois au sein de mon Eglise les adeptes de l’église d’Orient ; il leur suffit, tout en gardant les coutumes de leurs ancêtres, de reconnaître mon pouvoir souverain. Pourquoi alors ne pas proclamer, nous aussi, que nous embrassons comme frères tous les chrétiens fidèles aux coutumes de leurs pères et qui reconnaissent notre Seigneur Jésus-Christ comme tête de l’Eglise ? ».

La réponse à la question que pose Paparrigopoulos est la suivante : le modèle des orthodoxes n’est pas le Pape, mais le Seigneur et ses saints. S’unir aux non-orthodoxes et les reconnaître comme frères revient à renier notre Seigneur Jésus-Christ et à se séparer de lui et de ses saints. En outre l’union que propose Paparrigopoulos n’est pas l’union chrétienne dans « l’unité de la foi », mais une union, une unité œcuméniste, autrement dit fausse.

La corrosion des intellectuels hellènes, par l’œcuménisme, se poursuit dans notre siècle. Un autre intellectuel (Mélite), qui a travaillé avec zèle au sein des Associations Chrétiennes, qui a lutté contre le matérialisme en Hellade, et dont la contribution a malheureusement échoué, pose la question unioniste de la manière suivante : « Pourquoi, nous les chrétiens, ne sommes nous pas unis dans une communauté cultuelle, en un seul dogme, en une seule Eglise ? Pourquoi ne se ferait-elle pas cette union des Eglises, union qui augmentera considérablement la valeur civilisatrice du christianisme ? ».
Se gardant bien de répondre à cette question, il écrit cependant : « Il ne nous appartient pas d’expliquer le pourquoi. Notre devoir, c’est de désirer la venue de ce jour… » Se gardant à nouveau d’expliquer « pourquoi » nous les chrétiens nous ne sommes pas unis et désirant l’union malgré tout et aveuglément, il découvre avec beaucoup de joie que « beaucoup de pas ont déjà été faits » : « Examinons, dans la génération passée et dans la génération actuelle, toute la portée psychologique de la séparation des Eglises, pour en saisir la différence. Aujourd’hui les chrétiens sont encore séparés par les dogmes, mais cette séparation a une autre importance psychologique que celle de jadis ».

Si, pour l’auteur, le problème de l’union a progressé, c’est parce que les hommes, devenus indifférents envers la vérité, s’unissent dans l’amour. Glorifiant Dieu pour ce phénomène œcuméniste, Mélite continue ainsi : « Nous glorifions Dieu, parce que, dans l’attente de l’unité dogmatique, nous avons commencé à être unis dans le respect et l’honneur, à l’unisson des battements du cœur et dans l’amour ! ». Et, précisant sa position œcuméniste, il exhorte : « Entre temps, sans qu’il .soit exigé de personne de modifier sa foi, sans contestations ni formulations forcées, qui aggraveraient plus qu’elles n’atténueraient la séparation et provoqueraient des réactions, des divisions sans consistance au sein même de l’Eglise, qui liquéfieraient la synthèse dogmatique de chaque Eglise, travaillons donc tous ensemble, là où l’union existe et où les divergences dogmatiques viennent en dernier lieu. Le siècle dernier se demandait pourquoi l’union extérieure ne se ferait pas ; le siècle présent constate que des pas ont été faits vers elle et appelle à une union œcuméniste ».

Mais les pas qui ont été faits ne sont pas des pas vers la vraie union voulue, mais des pas vers la pan-hérésie œcuméniste. Il est très affligeant de voir des intellectuels hellènes être les ténors dangereux de l’union œcuméniste, alors qu’ils se reconnaissent incompétents pour examiner ce problème ecclésiastique. Cette approche des problèmes, nous la rencontrons chez bon nombre de nos intellectuels. C’est une mode chez eux d’examiner, soi-disant « sans passion », les questions qui concernent l’Eglise, c’est à dire sans foi, extérieurement, en fonction de ce qu’ils pensent être important et utile à l’Etat et à la civilisation.

Tâchant de suivre, d’une manière rationaliste, la voie du « juste milieu », dans l’examen et le jugement des affaires et des personnes ecclésiastiques, ils portent préjudice à la Vérité et s’éloignent de la réalité. Ils sont prêts à justifier et à Innocenter les hétérodoxes que l’Eglise a rejetés en toute justice pour leur attachement impénitent à leurs erreurs. Au contraire, ils malmènent ceux dont la piété et l’activité prédicative furent efficaces, laïcs certes par nécessité, mais orthodoxes. Pour nos intellectuels, ce n’est pas tant la foi orthodoxe ancrée dans l’âme qui a de l’importance et de la valeur, mais son aspect extérieur et culturel ainsi que la présence du Christianisme tel que l’œcuménisme le souhaite.

PARTICIPATION DES ORTHODOXES
AU MOUVEMENT OECUMENISTE.

L’ENCYCLIQUE PATRIARCALE DE 1902

Au début de notre XXème siècle, régnait au Patriarcat œcuménique (de Constantinople) un climat d’innovations ecclésiastiques.
En 1902, le Patriarche Joachim III adressa une encyclique patriarcale et synodale aux patriarches orthodoxes d’Alexandrie, de Jérusalem et aux autres Eglises autocéphales de Chypre, de Russie, de Grèce, de Roumanie, de Serbie et du Monténégro. Cette encyclique posait, pour être étudiée, la question des relations qu’il fallait nouer « pour le présent et pour l’avenir » entre l’Eglise Orthodoxe et les « deux grandes treilles du christianisme » : l’Eglise d’Occident (papiste) et celle des Protestants, ainsi que la question de l’Union.

Une pré-conférence était proposée où les orthodoxes examineraient, dès le présent, la voie qui conduit à s’unir et à trouver « des points de rencontre et de contact » avec les hérésies, où par des concessions positives et réciproques, on parviendrait, le temps aidant, « à l’achèvement de l’œuvre par laquelle, à la joie et pour le bien de tous, serait réalisée la parole de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ : un seul troupeau, un seul pasteur ». Cette Encyclique demandait aux Eglises Orthodoxes de trouver « un commencement de bon augure, de l’unité chrétienne universelle tant espérée et désirée ». Elle posait aussi le problème du calendrier ecclésiastique. Certains étaient des champions du Calendrier occidental, pour son introduction chez nous et pour l’utilité nouvelle de l’uniformité.

Cette Encyclique témoigne des efforts de l’anglicanisme, pour supprimer tout obstacle à une union œcuméniste avec l’Orthodoxie ; « le temps, les contacts fréquents et plus de lumière » ont porté du fruit. Dans cette Encyclique se profile la théorie anglicane des branches, par la qualification du Papisme et du Protestantisme de « deux grandes treilles du christianisme ». L’adoption, du point de vue œcuméniste, à savoir que l’union pratique et extérieure doit précéder l’unité de foi, apparaît dans la proposition d’un mode qui facilitera la réalisation d’une union parfaite, c’est-à-dire l’unité de foi, mode qui sera le « commencement » de « l’unité chrétienne universelle ».

La question du Calendrier fut à nouveau soulevée, bien que l’Eglise Orthodoxe se fut déjà prononcée. Des influences anglicanes, et la remise en question de la foi définie une fois pour toutes, marquent cette Encyclique. Remettre en question la foi définie c’est de l’incrédulité. Comme en mathématiques, celui qui ne connaît pas la solution d’un problème se pose des questions, de même pour la foi, celui qui n’a pas la connaissance du contenu de la foi, se pose des questions. Celui qui ne possède pas la Vérité de la foi qui a été enseignée, n’a pas la foi ; il se trouve dans l’incrédulité pour n’avoir pas reçu la foi transmise.

L’ENCYCLIQUE PATRIARCALE DE 1904

Après les réponses des Eglises Orthodoxes Autocéphales, le Patriarche Joachim III leur répondit en 1904 par une autre Encyclique où il souligne, fort justement, que le principe directeur de l’Orthodoxie, qui porte tout l’édifice canonique était de « ne pas déplacer les bornes posées par nos Pères. Ce fondement suffira à repousser les tendances innovatrices de la sagesse terrestre, psychique et démoniaque, pour parler comme l’Apôtre, et les activités qui en découlent ». La réforme du Calendrier ecclésiastique y est rejetée, « aucune raison tant ecclésiastique que scientifique » ne l’imposant. « …Car nous, y est-il écrit, du point de vue ecclésiastique, nous ne sommes nullement obligés de changer le calendrier… »
Sur le problème de L’union, l’Encyclique est maladroite. L’auteur dit que l’union ne doit pas être difficile à atteindre ; les Orthodoxes devaient diriger attentivement leur effort sur tout ce qui était susceptible de frayer la voie à l’œuvre de « l’union de tous » ; se comporter envers « les séparés » avec sagesse et « esprit de douceur » et « ne pas oublier, qu’eux aussi croient en la Sainte Trinité, honorent le Nom de Notre Seigneur Jésus-Christ et espèrent être sauvés par la grâce de Dieu » ! On leur demande également de montrer « de la compréhension pour les Vieux-Catholiques et les Anglicans » et, on y soutient que les hétérodoxes d’Occident manifestent, aujourd’hui, un grand intérêt pour un rapprochement avec l’Eglise Orthodoxe !

Dans cette Encyclique apparaît la profonde influence de l’Anglicanisme sur l’Orthodoxie. Le même Patriarcat Œcuménique appelle les Anglicans, les Vieux-Catholiques et les autres hétérodoxes d’Occident et d’Orient, non pas des hétérodoxes mais des « séparés », des éloignés, autrement dit des frères chrétiens, se trouvant d’une certaine manière dans la foi, quoiqu’éloignés, parce qu’« ils croient en la Sainte Trinité, honorent le nom de notre Seigneur Jésus Christ et espèrent être sauvés par la grâce de Dieu » !

Aussi faut-il se comporter avec eux avec douceur, autrement dit tolérance, surtout envers les Anglicans et certains autres, étant donné que les Chrétiens d’Occident s’approchent aujourd’hui de l’Eglise Orthodoxe. Au fond, cette Encyclique invitait à la tolérance envers l’anglicanisme, comme d’ailleurs envers toute cacodoxie, sous prétexte qu’il n’y a pas de différences substantielles entre les « chrétiens ». En outre, les Orthodoxes sont invités à se rapprocher, sans aucune hésitation, des Anglicans.

La bénédiction donnée par le Patriarche Joachim III au Congrès de la Fédération Mondiale Protestante des Etudiants Chrétiens à Constantinople en 1911, n’est pas sans rapport avec tout cela, de même que l’adoption du terme « séparés » par le Concile Œcuméniste de Vatican II, pour qualifier les Orthodoxes. A tout cela, on doit ajouter que le Patriarche Œcuménique désigna, en 1907, un représentant officiel auprès de l’Archevêque de Canterbury, fait qui constitue la reconnaissance indirecte, non seulement de la validité des ordinations des hétérodoxes, mais aussi de leurs Eglises. Ce poste d’apocrisiaire est occupé aujourd’hui par l’archevêque Méthode Fuyas.

LES ORTHODOXES PARTICIPENT
AU MOUVEMENT OECUMENIQUE PROTESTANT

L’appel patriarcal engageant les orthodoxes à se rapprocher des Anglicans chrétiens « séparés » a porté du fruit œcuméniste. Des évêques, des professeurs d’université et d’autres, se mirent en route avec zèle, vers la chute de la foi. Parmi les évêques orthodoxes, celui qui a servi le mieux l’union entre les deux Eglises a été Mélétios Métaxakis (1871-1935). En tant que Métropolite d’Athènes (1918-1920), avec Chrysostome Papadhópoulos et Amilca Alébizatos, ils eurent des discussions théologiques officieuses avec les Episcopaliens d’Amérique et les Anglicans d’Angleterre (1918) où furent débattues la plupart des questions théologiques connues… Au cours des discussions, les Orthodoxes déclarèrent accepter la validité du baptême anglican ! L’opinion générale des représentants orthodoxes, après ces débats, fut que l’union des deux Eglises était réalisable après une longue et persévérante préparation dans l’esprit de la charité chrétienne.
Le professeur Alébizatos pensait que toutes les discussions futures seraient basées sur ce principe. C’est ainsi qu’en Amérique et en Angleterre fut posé le principe de la participation au Mouvement Œcuménique. Suivant ce principe, les Orthodoxes allaient partir à la quête de l’union avec les hétérodoxes d’Occident, dans l’esprit de « charité chrétienne » et non pas celui de la foi orthodoxe. La chute loin de la foi était accomplie.

En 1919 une délégation d’Episcopaliens visita le Patriarcat Œcuménique et les autres Eglises d’Orient et les pria d’envoyer des représentants à l’Assemblée préparatoire du Mouvement "Foi et Ordre", qui devait avoir lieu à Genève du 12 au 20 Août 1920. La réponse des Eglises Orthodoxes fut compréhensive et elles commencèrent à participer au Mouvement Œcuménique. L’année suivante (1920), le Patriarcat Œcuménique adressa une Encyclique à toutes les Eglises du Christ ; il y proposait la promotion de l’union, le rapprochement et la communion des Eglises et la mise en œuvre d’un programme pratique.

De nombreux points de ce texte étaient déjà appliqués dans les relations entre Orthodoxes et Anglicans. Selon le professeur Alébizatos, cette Encyclique a eu un grand retentissement chez les Anglicans. Le patriarcat Œcuménique mit en œuvre ce qu’il avait annoncé et envoya, pour la première fois dans l’Histoire, une délégation à la VIème Assemblée de Lambeth, composée de l’historien Philarète Baphidis, alors Métropolite de Didymotichium, du professeur de l’Ecole de Halkis P. Comnène et des prêtres C. Pagonis et C. Kallinique. Cette délégation engagea des discussions officielles avec les représentants de la Confession Anglicane… Les Orthodoxes reconnurent la validité du baptême anglican !

Ainsi, les rapports œcuménistes du Patriarcat de Constantinople et de l’Eglise Anglicane se développèrent rapidement, sur la base de discussions théologiques officieuses, en Angleterre, en 1918 et proclamées en 1920 par l’Encyclique Patriarcale adressée « à toutes les Eglises du Christ ».

L’ENCYCLIQUE PATRIARCALE DE 1920, est d’une grande importance dans le virage pris par le Patriarcat Œcuménique en direction de l’œcuménisme. Elle reconnaît toutes les hérésies « chrétiennes » comme « Eglises du Christ », comme le fait l’œcuménisme. Elle souligne, avec impudence, que le « rapprochement et la communion mutuelle de ces Eglises Chrétiennes ne devraient pas être empêchés par les divergences dogmatiques qui existent entre ces Eglises ». Tout au contraire, « ce rapprochement est tout à fait souhaitable, nécessaire et utile à l’intérêt bien compris de chaque Eglise et de tout le corps chrétien, de même que pour la préparation de la totale… Union ». Il y est dit aussi que « les difficultés dressées par les préjugés, les habitudes, les prétentions, qui jusqu’ici ont rendu vaine l’œuvre de l’Union », « ne peuvent ni ne doivent être un obstacle infranchissable et irrésistible à l’Union ». Plus loin, le Patriarcat expose ses « points de vue » et ses « opinions » quant au mode selon lequel seront réalisés le rapprochement et l’union et demande l’opinion et le jugement de toutes les vénérables Eglises chrétiennes du monde entier !

« Voici l’opinion » et les « points de vue » du Patriarcat Œcuménique dans cette Encyclique : il faut mettre fin à tout prosélytisme entre « coreligionnaires » et « confessions chrétiennes », il faut animer et fortifier la charité entre les Eglises…
…qui ne doivent plus se considérer les unes les autres comme étrangères, mais comme « parentes en Christ, concorporelles et, cohéritières de la promesse de Dieu en Christ » !

Au nom de la charité ranimée et de l’amitié entre les « Eglises » le patriarche préconise un calendrier unique pour la célébration simultanée des grandes fêtes chrétiennes par toutes les Eglises ; l’échange de lettres fraternelles ; des liens plus serrés entre les représentants des diverses Eglises où qu’ils se trouvent ; la communication entre Ecoles Théologiques et représentants de la Science Théologique, l’échange de périodiques théologiques édités par chaque Eglise ; l’envoi de jeunes étudiants dans les écoles d’une Eglise à l’autre ; la réunion des congrès chrétiens pour l’étude des questions d’intérêt commun à toutes les Eglises ; l’examen dépassionné, et le plus historique possible, des divergences dogmatiques, autrement dit l’examen, sans intérêt aucun pour la foi, ces questions appartenant au passé !

De même, il propose le respect des us et coutumes en vigueur dans chaque Eglise ; l’attribution réciproque de chapelles et de cimetières ; la canonicité des mariages mixtes ; le soutien mutuel des Eglises dans les œuvres de l’affermissement religieux, de la philanthropie ; enfin il envisage la fondation d’une « société des Eglises », semblable à la société des Nations, d’ailleurs fondée la même année, et il souligne la nécessité d’« une union sans suspicion aucune des Eglises ».

Par tout ce qui précède, le Patriarcat Œcuménique proclame, ouvertement et tête nue, l’OECUMENISME. La cacodoxie de la Théorie des Branches qui fait, de toutes les hérésies, des Eglises, devenait admissible, comme le prouvent les phrases « A toutes, les Eglises du Christ » et « de toutes les vénérables Eglises chrétiennes d’Occident », de même que l’appel à considérer les hérésies et l’Eglise Orthodoxe « parentes, concorporelles et cohéritières en Christ et de la promesse de Dieu en Christ » ! La cacodoxie œcuméniste y demande la coopération et la communion des « Eglises » malgré les divergences dogmatiques, sous l’argument que le rapprochement prétendu « sans soupçon aucun » et « la Société des Eglises », « n’est pas exclu malgré leurs divergences dogmatiques » !

Le mépris œcuméniste pour les dogmes, qui avaient été, dans le passé, la cause de l’échec de toute union, apparaît dans les formules « ANCIENS PREJUGES, HABITUDES… et… PRETENTIONS » et dans l’examen « DEPASSIONNE » de ceux-ci ! La cacodoxie œcuméniste met en avant la « Charité », déprécie la foi et la remplace par la « ranimation et le renforcement » de la « Charité entre les Eglises » ! La fusion œcuméniste se fera par l’acceptation « d’un calendrier unique ». La coexistence œcuméniste de livres cacodoxes et orthodoxes se trouve derrière la formule « échanges de périodiques et de littérature théologique publiés par chaque Eglise ».

LA TROISIEME PRISE DE CONSTANTINOPLE

Mais nous ne nous étendrons pas davantage sur cette triste mais indispensable et salutaire critique. Constantinople, la ville des Conciles Œcuméniques, des luttes victorieuses des saints Pères de l’Orthodoxie contre les hérésies, reconnaît, à présent, les hérésies, non plus comme « étrangères et ennemies »…
…mais parentes et concorporelles, intimement unies en Christ et cohéritières de la promesse de Dieu en Christ ! Elle a abandonné la Vérité Révélée de Dieu, transmise à nous par les saints Pères, et a proclamé à la face de tout l’univers des opinions et des pensées en désaccord avec l’Orthodoxie, et en accord avec la pseudo-orthodoxie œcuméniste. Comment la chaire d’un Grégoire le Théologien, d’un Jean Chrysostome, d’un Photios et de tant d’autres Saints, a-t-elle été transformée en chaire du Mouvement Œcuménique dans le monde ?

Vraiment « Comment est-elle devenue une prostituée, Sion la cité fidèle, elle, pleine d’équité, dans laquelle la justice habitait et maintenant… des meurtriers ? » « C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu des armées, le Fort d’Israël : Malheur aux puissants de Jérusalem, car Ma colère ne cessera pas contre Mes adversaires et Je Me vengerai de Mes ennemis. J’étendrai Ma main sur toi, Je briserai les rebelles, J’ôterai de toi les iniques, et J’humilierai tous les orgueilleux. Mais Je te rendrai des juges comme jadis, et des conseillers comme aux premiers temps. Et après cela on t’appellera la ville de justice, Sion Métropole fidèle. » (Isaïe 1, 21/26).

Constantinople fut prise par les Francs en 1204, par les Turcs en 1453, et par l’œcuménisme en 1920 : la ville a été perdue.

DES ORTHODOXES DEVIENNENT DES HERAUTS DE L’OECUMENISME

L’Encyclique patriarcale de 1920 fut publiée au mois de janvier de la même année. En Août se tint l’Assemblée plénière du Congrès Pan-chrétien « Foi et Ordre ». Les Orthodoxes y participèrent et se présentèrent comme un tout uni. Les représentants du Patriarcat Œcuménique avec les autres délégués Hellènes de l’Eglise Orthodoxe à Genève, établirent, sur la base de l’Encyclique de 1920, un programme de travail pour la conférence en cours qui fut acceptée par tous les Orthodoxes à Genève.

Les Orthodoxes exposèrent brièvement la doctrine orthodoxe sur l’Eglise et lurent le programme mentionné ci-dessus. Ce programme proposait l’entente amicale des divers groupes chrétiens sur la base de « la loi suprême de la charité », la création d’une Société des Eglises, semblable à la Société des Nations, et l’union des Eglises dans la foi et la direction comme but de la conférence. Pour réaliser ce programme, « la Société des Eglises », la nécessité d’une Commission permanente, avec des sous-commissions dans chaque Eglise et un organe spécial d’information, devinrent indispensables.

Il fut rapidement proposé que « la Société des Eglises » convoquerait divers congrès dont le premier serait un congrès pan-Chrétien.

Les Orthodoxes firent ces propositions lors de l’Assemblée préliminaire de « Foi et Ordre » du Mouvement Œcuménique protestant. En s’adressant à des hommes se trouvant hors de l’Eglise Orthodoxe, ils se placèrent eux-mêmes hors de l’Eglise et dans le sein de l’assemblée de l’œcuménisme protestant. D’une part, ils confessaient la foi orthodoxe de l’Eglise, de l’autre, ils la transgressaient par leurs actes, en participant à une conférence œcuméniste où s’organisaient les forces hétérodoxes contre l’Eglise, et, de surcroit, disaient aux Protestants, comment réaliser leur œuvre anti­-ecclésiastique !
Fonder une « Société des Eglises » pour remplacer l’EGLISE ; mettre à la place de la foi orthodoxe, ce fondement irremplaçable de l’Eglise, celui de la « charité » ; remplacer l’unité de la foi par l’unité œcuméniste avec une direction œcuméniste ! Telle fut l’organisation, semblable à une pieuvre étendant ses tentacules sur toutes les hérésies et sur l’Eglise Orthodoxe. Les délégués orthodoxes qui se trouvèrent piégés dans la gueule du dragon œcuméniste ne purent que l’adorer, parler selon son esprit et selon ses intérêts, devenir ses hérauts et lui offrir, comme tribut de leur vassalité, des opinions anti-ecclésiastiques et l’autorité de l’Orthodoxie.

« Comment les héros sont-ils tombés… comment les héros sont-ils tombés dans les batailles ? Comment les guerriers ont-ils péri ? » (2 Rois 1, 25/27).

IL EST REDOUTABLE DE TOMBER
ENTRE LES MAINS DU DIEU VIVANT

L’année suivante, 1921, un événement triste et tragique survint en Angleterre. Le locum tenens du Patriarcat Œcuménique, Dorothée de Pruse, visita l’archevêque anglican de Canterbury, Randal Davidson, pour lui exprimer les sentiments de son Eglise envers l’Eglise d’Angleterre. Dorothée fut le premier gardien du trône œcuménique à visiter l’Occident, après le patriarche Joseph II qui mourut pendant le Concile de Florence, en 1438.

Dorothée offrit à l’archevêque anglican la croix pectorale du patriarche Joachim III. Au cours de sa visite, Dorothée mourut subitement, comme l’hérésiarque Arius qui trompa Constantin le grand pour communier, de force, à l’Eglise à Constantinople – il perdit ses entrailles, rendit son âme subitement, et fut ainsi privé de la communion et de la vie. Plus tard, au Concile de Florence, en 1439, quand le patriarche Joseph II capitula devant le pape, prêt à signer la soumission de l’Occident, il mourut subitement pendant le repas et ne put signer. Il mourut, lui aussi, et fut enseveli là-bas.

L’ACTIVITE OECUMENISTE DES ORTHODOXES

Les Orthodoxes adorateurs de la bête œcuméniste, travaillent oecuménistiquement à l’intérieur du Mouvement Œcuménique. Vers le début de Février 1923, le Patriarche Œcuménique Mélétios Métaxakis proposa… aux Primats des saintes Eglises Orthodoxes, la formation d’une commission composée d’un ou de deux représentants de chaque Eglise, pour étudier le calendrier et d’autres questions urgentes panorthodoxes. La plupart des Eglises accueillirent la proposition. La commission fut convoquée sous la présidence du « Très saint Patriarche Œcuménique » Mélétios, du 10 mai au 8 juin 1923, et elle fut appelée « Assemblée Panorthodoxe ».

Les patriarches d’Alexandrie, de Jérusalem et d’Antioche n’y furent pas représentés ; la correction du calendrier et ­de la Pascalie y fut décidée. Dans la lettre de convocation, Mélétios Métaxakis donnait pour prétexte au changement du calendrier ecclésiastique, le « service de l’unité pan-chrétienne ». Dans son discours d’ouverture, Mélétios souligna que « l’heure était venue de rétablir l’unité des chrétiens, du moins sur le calendrier ».
Cet argument fut aussi soutenu par l’évêque anglican Gore qui visita le Congrès, comme président de la commission qui travaillait à Londres pour le même but : l’union de toutes les Eglises, et tout particulièrement des Eglises Orthodoxes et Anglicanes. Gore dit que ce serait une joie spirituelle de célébrer ensemble les grandes fêtes chrétiennes de la Nativité, de la Résurrection et de la Pentecôte.

Ce qui précède prouve que, ce qui fut appelé "Assemblée Pan-orthodoxe de 1925", travaillait dans un esprit œcuméniste et pour l’unité œcuméniste. Cette assemblée était une tentative d’application des propositions de l’Encyclique patriarcale de 1920, et spécialement celle d’un calendrier unique pour que les grandes fêtes chrétiennes fussent célébrées dans toutes les Eglises ensemble. Mélétios Métaxakis, saluant l’anglican Gore, lui dit que, parmi les questions posées à l’Assemblée, celle du calendrier avait priorité, de même celles qui concernaient l’union de toutes les Eglises…

Ainsi donc, pour des raisons œcuménistes, et sous le prétexte que le calendrier civil avait été adopté par bon nombre de pays, le problème du calendrier fut posé malgré toutes les décisions antérieures de l’Eglise Orthodoxe de Notre Seigneur Jésus Christ.

Le 10 mars 1924, le calendrier grégorien était introduit dans l’Eglise Orthodoxe, après décision synodale du Patriarcat de Constantinople. Pour prévenir d’éventuelles contestations, on utilisa l’argument qu’il s’agissait d’une question essentielle. Il faut noter qu’en Russie, en 1918, les communistes, avec d’autres innovateurs, consacrèrent le nouveau calendrier. Le patriarche de Moscou, Tykhon, anathématisa les bolcheviks et protesta contre l’introduction du nouveau calendrier. Les communistes réagirent par de violentes persécutions contre l’Eglise.

Beaucoup d’Eglises Orthodoxes n’acceptèrent pas le changement du calendrier et l’Orthodoxie se divisa. Pour la deuxième fois, l’anglicanisme divisait l’Eglise Orthodoxe : la première fois, en faisant reconnaître la validité des ordinations anglicanes, et la seconde fois, plus évidente que la première, par le changement du calendrier. L’œcuménisme qui se démène pour l’unité détruit l’unité existante.

LES ORTHODOXES DANS L’OECUMENISME PROTESTANT

La participation des Orthodoxes au Congrès du Mouvement Œcuménique Protestant, depuis 1920 et même 1919, prend la forme d’une fréquentation assidue d’une université pan-hérétique. Patriarches, archevêques, évêques, archimandrites, clercs et laïcs, professeurs d’université, etc., participent aux Congrès Œcuménistes protestants, la plupart d’entre eux fréquentant, sans gêne, les hétérodoxes qui trament des plans contre l’Eglise. Confondant les rapports entre la vie, la politique et l’Eglise, selon l’esprit égaré de l’œcuménisme, ils s’entendent avec les Protestants à merveille et collaborent avec eux dans les domaines social, moral et inter-ecclésiastique, utilisant des méthodes et des manières de travail de nature œcuméniste. Ils diront leur joie d’avoir des rencontres avec des frères chrétiens de la Réforme, de méditer, d’étudier, de prier avec eux et de célébrer spectaculairement des offices à l’intention des hétérodoxes…

Lors des débats des Congrès œcuménistes, les Orthodoxes perçoivent bien la différence de foi entre eux et les protestants, et plus tard avec les catholiques (papistes). Mais ils réagissent oecuménistiquement. Par exemple, dans leur déclaration au Congrès Protestant de Lausanne « Foi et Ordre » en 1927, ils confessèrent les vérités orthodoxes, à savoir « qu’un théologien orthodoxe n’a pas le droit d’ébranler l’autorité des Sept Conciles Œcuméniques, que là où manque la totalité de la foi, aucune communion sacramentelle n’est possible et que l’union doit être fondée sur la foi ».

Malgré ces affirmations, ils se contredisent eux-mêmes et l’esprit de la théorie des branches apparaît chez eux quand ils disent : « Nous assurons le congrès que nous avons été ici grandement fortifiés dans notre conviction intérieure que nous sommes tous unis dans la foi en Christ le seul Sauveur… » ! ! !

Vraiment l’influence des hétérodoxes sur les orthodoxes a été désastreuse, au point que ces derniers s’écartaient de l’observance des saints canons, allant jusqu’à se déclarer « frères zélés en Christ » des Protestants ! ! Ils affirment que l’union doit être fondée sur la confession de foi de l’antique Eglise indivisible des Sept Conciles des huit premiers siècles, comme si la cacodoxie œcuméniste, qui veut qu’après ces huit premiers siècles, l’Eglise Orthodoxe ait cessé d’exister dans le monde, était vraie. Enfin, parlant de l’intransigeance des Conciles Œcuméniques, ils en citent les définitions, mais se gardent bien d’en citer les canons, ce qui déplairait aux œcuménistes, ces démolisseurs de l’édifice de l’Eglise.

Pour rester dans le Mouvement Œcuménique des Eglises, les Orthodoxes combinent, oecuméniquement, confession et négation de la foi ! Tels sont les adroits méfaits des philo-hérétiques.

Pendant ce temps, la confession de la foi orthodoxe régresse et s’affaiblit ; d’ailleurs elle n’intéresse pas les Protestants Œcuménistes. Plus tard, les Orthodoxes se plaindront que leurs opinions ne sont jamais prises en considération, que les textes des décisions des Assemblées œcuménistes contiennent des généralités, qu’ils sont rédigés en une langue plus ou moins abstraite et qu’ils ne les satisfont pas. Les œcuménistes ne tiennent aucun compte de la foi des Orthodoxes ; ils rappellent les « sept vaches » chétives et laides de Pharaon (Genèse 41, 20) qui dévorèrent les sept premières qui étaient grasses et qui entrèrent dans leur ventre, sans qu’il parut qu’elles y fussent entrées ; « leur aspect était aussi laid qu’auparavant ». (Genèse 41, 20-21).

Les Orthodoxes philhérétiques occupent dans l’œcuménisme une place de vaincus et se plaignent que les promesses de certains droits qui leur furent faites par ceux qui les ont capturés ne soient pas tenues ! Tel est le fruit de la « confession » de foi dans la noble harmonie de l’œcuménisme anti-chrétien.

Les Orthodoxes philhérétiques ont participé à tous les congrès des Mouvements Œcuménistes protestants « Vie et Action » et « Foi et Ordre », sauf au congrès préliminaire de « Vie et Action » de 1920. Ils ont participé à ces congrès malgré l’échec de leurs efforts pour influencer les Protestants. Quand en 1948 monta sur le trône de Constantinople le Patriarche Athënagoras venu d’Amérique, la participation des Orthodoxes philhérétiques prit un nouvel essor.
L’année 1952 fut une nouvelle étape dans les relations du Patriarcat de Constantinople et de l’Orthodoxie en général avec le Conseil Mondial des Eglises ; cette année-là, le Patriarcat consacra officiellement, par une Encyclique, sa position et celle de l’Orthodoxie envers le Conseil Œcuménique des Eglises dans l’amour.

Dans l’esprit de cette Encyclique, des délégués furent envoyés au IIIème Congrès Mondial tenu à Lund de Suède par la Commission du même nom du Conseil Œcuménique des Eglises. Le Patriarcat Œcuménique fut représenté, particulièrement, par l’archevêque Athënagoras de Londres, de Thyatire et de Grande Bretagne, un des six présidents du Conseil Œcuménique des Eglises ; le Patriarche Œcuménique transmit par lui ses vœux au congrès et exposa la position du Patriarche Œcuménique et des Eglises Orthodoxes envers le Mouvement Œcuménique ainsi que le mode de participation de la délégation orthodoxe, toujours à travers le prisme de l’Encyclique de 1952 et des directives données à la délégation par le Patriarcat Œcuménique.

L’ENCYCLIQUE PATRIARCALE DE 1952

Dans cette Encyclique, Athënagoras de Constantinople, souligne que la participation et la collaboration de l’Eglise Orthodoxe avec le Conseil Œcuménique des Eglises (CME) « s’imposait » et « de beaucoup de manières ». Par cette participation, l’Eglise Orthodoxe doit s’informer des « nouvelle méthodes et des concepts de vie et d’action » des hétérodoxes ! Les hérésies appelées ici « Eglises du Christ », peuvent « coordonner leurs activités », « envisager en commun tous les problèmes de l’humanité » !

Le patriarche louange toujours l’objectif œcuméniste du Conseil Mondial des Eglises, qui est de faciliter « l’action commune des Eglises », la promotion « de leur coopération », l’affermissement de la « conscience œcuméniste dans les membres de toutes le Eglises », l’élévation et la domination des « valeurs spirituelles de l’homme » etc. On souligne le but pratique du Conseil Mondial des Eglises comme étant « son but principal », c’est-à-dire « la coopération des Eglises dans le domaine social et pratique ».

Athënagoras recommande aux orthodoxes d’éviter les discussions dogmatiques dans la Commission « Foi et Direction » ; ceux des délégués au Conseil Œcuménique des Eglises qui sont clercs, doivent être « autant que possible réservés dans les manifestations cultuelles avec les hétérodoxes, qui s’opposeraient aux saints canons et qui choqueraient la sensibilité des orthodoxes ». La participation au Conseil Mondial des Eglises étant « d’importance capitale » et « un événement d’importance particulière », il faudrait que l’Eglise Orthodoxe soit « représentée par des délégués de toutes les Eglises orthodoxes locales autocéphales » !

Cette Encyclique signée par le patriarche Athënagoras seul, se meut totalement dans l’esprit de la Panhérésie de l’œcuménisme. Les thèses de la cacodoxie de l’œcuménisme y sont exposées sans vergogne et avec l’incrédulité la plus naïve. L’auteur de l’Encyclique croit si fortement aux thèses œcuménistes, qu’il ne sent nullement la nécessité d’en prouver aux autres la justesse ; tout au contraire, il utilise les thèses œcuménistes comme certaines et irréfutables, qui ont la prétention d’imposer la participation des Eglises Orthodoxes au Mouvement Œcuménique ! Dans cette Encyclique il est souligné que, par cette participation, l’Orthodoxie apprendra, des hérétiques, de nouvelles méthodes de pensée et de vie ecclésiastique, ce qui veut dire que les hérésies possèdent des vérités que l’Orthodoxie n’a pas ! De ces vérités l’Orthodoxie profitera en s’unissant à elles, autrement dit l’union avec les hétérodoxes améliorera et promouvra l’orthodoxie, comme l’enseigne d’ailleurs l’œcuménisme, par la fausse théorie des branches. En outre, les cacodoxies œcuménistes suivantes sont enseignées dans l’Encyclique :

Les hérésies sont des Eglises.
L’œcuménisme est, en somme, le Sauveur de l’humanité ou des « Eglises ».
L’objectif pratique du Mouvement Œcuménique est ce qui est moderne, agréable à Dieu, bon.
Les discussions dogmatiques doivent être évitées et la conscience œcuméniste cultivée.

Toutes ces fausses opinions de la panhérésie œcuméniste et d’autres semblables, Athënagoras les soutient dans son Encyclique patriarcale, pour persuader les orthodoxes d’adorer avec lui la bête contemporaine apocalyptique de l’œcuménisme !

CONSEQUENCES DE L’ENCYCLIQUE DE 1952

Cette Encyclique d’Athënagoras de Constantinople a eu pour résultat qu’aujourd’hui toutes les Eglises autocéphales, dix-sept en tout, l’Eglise d’Albanie mise à part, ont adhéré au Mouvement de la Panhérésie Œcuméniste, institut ou université des idées « nouvelles » de la vie ecclésiastique et de méthodes « nouvelles d’action chrétienne ». Les clôtures de la vigne du Seigneur ont été abattues et les étrangers foulent et souillent « l’héritage du Seigneur et son Temple saint » (Ps. 88, 1).

Les saints, c’est-à-dire les orthodoxes, ont été vaincus par le dragon œcuméniste (Apoc. 13, 7), exceptés ceux qui ont refusé les cacodoxies pratiques et théoriques de l’œcuménisme, qui n’ont pas « reçu dans leur main droite et sur leur front son sceau » (Apoc.13, 16). Après la chute des orthodoxes, la panhérésie ou la panreligion de l’œcuménisme briguera le pouvoir « sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation » (Apoc.13, 7). Obéissant à « Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act. 5, 29), des Evêques de l’Eglise orthodoxe et des monastères, rompirent à cette époque avec Athënagoras. Ainsi Athënagoras n’a été seulement que le patriarche des orthodoxes œcuménistes et philhérétiques, jugé par les vrais orthodoxes et malheureusement mort impénitent dans l’hérésie. Il est vrai qu’aucun hérétique ne s’est jamais repenti !

Certes, lors de sa mort, les hommes politiques mis à part, qui se manifestèrent par politesse, les œcuménistes furieux contre les vrais orthodoxes, répandirent d’abondantes larmes sur le défunt, mobilisant ainsi un grand nombre de perroquets d’Apsèthe. Mais la parole du Seigneur qui est pour les siècles dit : « Le riche mourut et fut enseveli » (Luc 16, 22). Vraiment, « malheur… à l’homme » par qui l’Orthodoxie a été livrée à l’œcuménisme, « il eût été préférable pour cet homme de n’être jamais né ». (Matthieu 26, 24).

Pour l’entrée des orthodoxes philhérétiques dans l’œcuménisme, un pas important fut la fondation du Bureau de la Délégation Permanente du Patriarcat de Constantinople auprès du Conseil Œcuménique des Eglises à Genève, dont l’organisateur et premier directeur fut l’archevêque actuel d’Amérique Jacob Koukouzi. Par lui, le Patriarcat de Constantinople informait toutes les Eglises Orthodoxes sœurs de l’évolution du Conseil Œcuménique des Eglises et de l’œuvre des Eglises Orthodoxes qui y collaboraient.

En 1959 se réunit à Rhodes la Commission Centrale du Conseil Œcuménique. Pour la première fois un congrès œcuméniste se tenait sur un sol orthodoxe relevant du Patriarcat de Constantinople. Y furent présents, en qualité de représentants ou d’observateurs, des délégués de toutes les Eglises Orthodoxes, phénomène qui par l’importance numérique des orthodoxes apparaissait pour la première fois dans l’histoire du Conseil Œcuménique des Eglises… Le thème théologique principal du Congrès fut « le sens de la tradition orientale et occidentale dans le Christianisme ». Constantinople reçut ainsi, dans ses murs, l’œcuménisme envahisseur, en lui offrant « terre et eau ». Elle abandonnait « l’Eau Vive » (Jean. 4, 10) de la Tradition sacrée une et unique du Seigneur et recevait l’eau de la mort des puits étrangers. Elle mettait sur pied d’égalité la Tradition sacrée de l’Eglise de Dieu et les pseudo-traditions et discutait sur leur utilité dans ce qu’on appelle le « christianisme » de l’œcuménisme auquel elle s’était déjà livrée.

LA CONFERENCE PAN-ORTHODOXE DE RHODES

En 1964 fut convoquée à Rhodes la IIIème Conférence Pan-orthodoxe, où quatorze Eglises Orthodoxes participèrent. Deux autres conférences, l’une en 1961, l’autre en 1963, l’avaient précédée. Le terme de « Conférence » représente, dans la pratique ecclésiastique, une innovation conforme à l’esprit œcuméniste. Ces conférences pan-orthodoxes remplacent les Conciles Œcuméniques. Les participants ne font pas seulement que « conférer », mais ils prennent aussi des décisions fondées sur la pensée et l’opinion humaines, comme le disait fort clairement l’Encyclique Patriarcale de 1920 – et non sur la Tradition sacrée de l’Eglise, dont les conciles qui marchent dans la vraie voie sont les porteurs.

L’œcuménisme bouleverse tout ce qui, dans l’Eglise, a été disposé par Dieu et par les Saints. Les Conciles de l’Eglise Orthodoxe sont devenus maintenant des Conférences Œcuménistes sur le modèle séculier. Plus tard, quand les individus et les Eglises auront été instruits oecuménistiquement et que la Tradition nouvelle de l’œcuménisme aura été fixée, la réunion d’un « Concile œcuménique » entendu non pas au sens traditionnel mais comme concile du Mouvement Œcuménique et donc de doctrine œcuméniste, sera alors posée !

La IIIème Conférence pan-orthodoxe de Rhodes a travaillé sous l’œil de l’œcuménisme et pour l’œcuménisme. Le Pape lui a adressé sa « salutation… fraternelle » soulignant que cette conférence allait se pencher sur les mêmes problèmes de l’union œcuméniste qu’examinait alors à Rome le Concile de Vatican II.


L’archevêque anglican de Canterbury a lui aussi adressé ses vœux et fait savoir qu’il priait pour que cette conférence fasse avancer l’œuvre de « l’union dans l’Eglise universelle », autrement dit l’œcuménisme. Le Conseil mondial des Eglises, par son secrétaire Wissert’Hooft adressa à la Conférence « son chaleureux salut » et souligna qu’elle était « d’une très grande importance… pour un œcuménisme pragmatique ». Toutes ces choses et bien d’autres, la conférence s’est bien gardée de les rejeter comme impies comme il se devait, mais tout au contraire, elle les a accueillies avec joie ! A son tour, elle a adressé aux autres chefs des « Eglises » et au Pape « ses sincères et unanimes remerciements… »

Le Métropolite Méliton, président de la Conférence, exposant la ligne tracée par le Patriarche Œcuménique pour les travaux de la Conférence rappela l’Encyclique patriarcale unioniste de 1920 de Mélétios Métaxakis. Il rappela aussi la participation du Trône de Constantinople aux mouvements œcuménistes des organisations internationales de « Foi et Ordre » et de « Vie et Action », sa contribution à la fondation et à la consolidation du Conseil Mondial des Eglises et ses contacts particuliers avec les Eglises Anglicane et Vieille-Catholique. Les déviations œcuménistes et les activités cacodoxes du Trône de Constantinople en faveur de la panhérésie de l’œcuménisme furent officiellement mentionnées à la Conférence comme des titres d’honneur pour ceux qui en avaient été les maîtres d’œuvre. C’est dans cet esprit œcuméniste que se poursuivirent les travaux de la conférence pan-orthodoxe. Des protestations s’élevèrent, des dissensions se manifestèrent, comme celles ou professeur P. Trembellas, mais la Conférence passa outre et aboutit à des décisions en accord avec la ligne œcuméniste.

La IIIème Conférence de Rhodes, comme la IIème, décida d’un « Dialogue (avec les hétérodoxes) sur pied d’égalité ». Le dialogue sur pied d’égalité, d’origine œcuméniste, constitue une cacodoxie anglicane au service d’objectifs anti-ecclésiastiques ; il est fondé sur la théorie des branches, qui veut les hérésies et les Eglises Orthodoxes locales égales entre elles, puisque branches de l’Eglise Une.

En conséquence, orthodoxes et hétérodoxes ne doivent dialoguer que sur pied d’égalité de foi et cela au nom de leur particularité chrétienne et de l’humilité chrétienne ! Mais « quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? » (2 Cor. 6, 15). Est-il vraiment possible d’appeler orthodoxe et même pan-orthodoxe une Conférence qui abandonne la Vérité divine révélée de la foi orthodoxe pour adopter la pseudo-orthodoxie œcuméniste ? Comment une Conférence peut-elle être chrétienne et non œcuméniste quand elle insulte l’Eglise Une et Unique dans le monde, l’Eglise Orthodoxe, en enseignant qu’elle est l’égale des hérésies et les hérésies égales à elle ?

La IIIème Conférence Panorthodoxe a aussi adressé au monde un Message, imitant, en cela encore, les Assemblées de l’œcuménisme et en accord avec les « nouvelles » méthodes de pensée, de vie et d’action ecclésiastiques. Par ce Message, les Orthodoxes proclament ce qui suit et qui est digne de lamentations, de grandes lamentations : « La préparation du Dialogue théologique ne signifie pas que chaque Eglise Orthodoxe locale n’est pas libre de continuer en son propre nom et non pas au nom de toute l’Orthodoxie… à cultiver des rapports fraternels avec l’Eglise des Catholiques-Romains… » ! ! !
Autrement dit, chaque Eglise locale orthodoxe est « libre » de cultiver des « rapports fraternels » avec n’importe quelle Eglise, « en son propre nom et non pas au nom de toute l’Orthodoxie ». Selon ce Message de la Conférence, les Orthodoxies locales peuvent établir des rapports avec des hérésies, indépendamment de toute l’Orthodoxie, de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

La IIIème Conférence de Rhodes a brisé l’Orthodoxie, elle a détruit l’unité de l’Eglise dans la pensée et l’esprit d’harmonie et a inauguré la multiplicité des opinions et la discordance dans la foi, suivant en cela le Protestantisme. L’œcuménisme unit extérieurement les hétérodoxes et divise les orthodoxes, les assimile aux hétérodoxes, les divise dans leur foi, pour les unir ensuite en un soi-disant Sauveur, en un corps œcuméniste, en une union toute extérieure.

La devise « diviser pour régner » de la politique anglaise a trouvé ici sa parfaite application. L’œcuménisme est arrivé à séparer les Orthodoxes par trois fois et même quatre :
1°) sur la question de la validité des ordinations anglicanes ;
2°) sur le calendrier ;
3°) par la décision de la IIIème Conférence de Rhodes, sur les rapports des Eglises Orthodoxes avec les hérésies.
4°) A tout cela nous pouvons ajouter l’éclatement de la pratique canonique provoqué par l’Eglise de Grèce se proclamant elle-même autocéphale sous la Régence avec l’approbation totale de l’Angleterre.

Tels sont les méfaits des œcuménistes ! Les œcuménistes orthodoxes sont des ennemis de l’Eglise Orthodoxe et du salut des hommes en Christ. L’unité des Eglises locales orthodoxes ne sera pas rétablie tant que les Œcuménistes occuperont les chaires épiscopales.

L’indigence théologique de certains membres de la IIIème Conférence Panorthodoxe de Rhodes apparaît dans ce qu’a dit son président Méliton sur les rapports entre Théologie et Philosophie. « On doit, à cause de l’union, tenir compte de l’architecture platonicienne de la Théologie de l’Orient et de la pensée aristotélicienne de la Théologie occidentale ». Pour Méliton, la théologie occidentale aristotélise et celle de l’Orient platonise.

Depuis l’avènement du christianisme, la Théologie Orthodoxe, la théologie des saints Pères, n’a suivi ni Aristote ni Platon, mais Dieu seul et sa Parole Révélée, et elle s’est développée dans la Grâce divine ; l’Eglise Orthodoxe n’a reçu ni le contenu ni l’architecture « des philosophes ». Seules les hérésies se sont fondées sur ces philosophes, et les écoles de pensée hérétique de l’Orient comme de l’Occident. Seuls ceux qui n’ont pas goûté à la Théologie Orthodoxe des Pères peuvent confondre Théologie et Philosophie. Mais nos œcuménistes qui ont rejeté les Pères pour frayer avec les hétérodoxes sont prêts à ravaler au niveau des hétérodoxes la science divine de la Théologie Orthodoxe des Saints, tant ils veulent, en vue de leur union, paraître complaisants !

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