lundi 10 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°12. Notes de lectures.

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Notes de lecture

RICHARD SIMON ET L’ORTHODOXIE

IIIème Partie : Simon critique de la méthode d’Augustin.

La pensée de Richard Simon repose sur un principe fondamental : mettre en doute, en s’appuyant sur les textes, le postulat historique, théologique, exégétique, selon lequel, en Occident, Augustin d’Hippone serait « le plus grand des Pères », serait l’achèvement de la pensée théologique de son temps – voire de tous les temps.

Nous avons vu, dans le N° 10 de la LUMIERE DU THABOR, l’intérêt que R. Simon trouve à la critique de la théorie augustinienne de la double procession du Saint-Esprit par Gennade Scholarios : d’une manière très proche, notre auteur, dans ses livres sur l’Ancien et le Nouveau Testament, met en doute la continuité théologique et exégétique supposée entre Augustin et les Pères de l’Eglise tant grecs que latins.

L’origine de ces différences réside dans la méthode exégétique du penseur d’Hippone :

1° Augustin pose des règles exégétiques que lui-même ne suit pas.

Dans le De Doctrina Christiana, Augustin affirme en effet que le bon commentateur de l’Ecriture doit connaître le grec et l’hébreu pour interpréter véritablement le sens littéral du texte ; or, il ignore lui-même ces deux langues : « Il a très bien remarqué, note Richard Simon, dans ses livres de la doctrine chrétienne et dans plusieurs autres endroits de .ses ouvrages, les qualités nécessaires pour bien interpréter l’Ecriture ; et comme il était modeste, il a avoué librement que la plupart de ces qualités lui manquaient ».

Les commentaires d’Augustin sont alors trop allégoriques faute de pouvoir déterminer exactement le sens original ; cette allégorie par défaut est analysée par Richard Simon : « On ne doit pas s’étonner si l’on trouve quelquefois peu d’exactitude dans ses commentaires sur l’Ecriture ». C’est le cas, en particulier, des commentaires sur la Genèse : « Comme il ne savait que très peu le grec, et qu’il ignorait entièrement la langue hébraïque, il semble que l’ouvrage qu’il entreprit sur la GENESE pour répondre aux manichéens, était au-dessus de ses forces ».

De même, dans les « Commentaires sur les Psaumes » Augustin « s’est trop abandonné aux allégories et à d’autres jeux d’esprit qui ne convenaient guère au sujet qu’il traitait en cet endroit. Ce qui ne peut être attribué qu’au peu de connaissance qu’il avait des langues : car il est certain que l’étude des langues rend un esprit plus exact dans la recherche de la vérité des faits, principalement quand on n’a pas étudié ces langues pour elles mêmes mais par rapport aux choses et aux vérités qu’on veut découvrir ». Richard Simon rapporte enfin avec quelque ironie la querelle d’Augustin avec saint Jérôme :

« Saint Augustin, qui n’approuvait pas la nouvelle traduction de la Bible sur l’hébreu, s’étonne de ce qu’il ose une nouvelle traduction sur le texte hébreu, n’étant pas possible qu’il pût mieux réussir que les autres interprètes qui avaient été avant lui ; puis il ajoute, pour le détourner de son travail, que dans les endroits de ce texte qui sont obscurs, on n’ajoutera pas plus de foi à sa nouvelle traduction qu’aux anciennes ; pour ce qui est des autres qui sont clairs, il n’était pas besoin de les traduire à nouveau ».

Mais saint Jérôme, qui reconnut bientôt que saint Augustin raisonnait sur une matière dont il s’était formé une idée fausse, lui répondit par son même raisonnement qu’il appliqua aux nouveaux commentaires que saint Augustin avait fait sur les Psaumes après un grand nombre de savants Pères. « Ceux qui ont interprété ces livres avant vous, dit saint Jérôme en parlant à saint Augustin, ou ils ont interprété des endroits obscurs et difficiles ; et en ce cas là, on ne vous croira pas plus qu’eux ; ou ils ont interprété des passages qui étaient clairs et sans difficulté ; et alors vos commentaires sont entièrement inutiles ».

Certes, Richard Simon ne rejette pas entièrement l’exégèse d’Augustin et reconnaît « la force de son esprit » et « la subtilité de son jugement » ; il critique aussi, non sans le mentionner explicitement, le jugement tranché de Pierre Castellan : « Je ne puis néanmoins approuver les emportements de Pierre Castellan, grand aumônier de France qui accuse saint Augustin avec trop de liberté, en lui reprochant de n’avoir fait que rêver lorsqu’il a expliqué l’Ecriture Sainte, parce qu’il a ignoré les langues dans lesquelles les livres saints ont été écrits. Il aurait pu dire avec plus de modestie que ce saint docteur n’a pas eu toutes les qualités qu’il avait lui-même jugées nécessaires pour bien interpréter la Bible ». Question de forme, mais nous verrons que la censure et Bossuet n’y seront pas toujours attentifs…

2° Richard Simon relève un second défaut de méthode chez Augustin, plus grave que le premier, celui de plier l’Ecriture à des principes philosophiques qui lui sont étrangers : « Il était rempli de certains préjugés de philosophie et de théologie qu’il mêle dans tous ses ouvrages ».

L’unité de pensée que les principes philosophiques donnent à la pensée augustinienne s’accomplit au détriment du sens véritable de l’Ecriture : « Saint Augustin, selon la méthode des mêmes philosophes platoniciens attache d’ordinaire une certaine idée de perfection à la plupart des choses, sur laquelle il se règle entièrement, et qui le fait paraître beaucoup plus égal dans sa manière de raisonner que les autres Pères. Mais comme il y a bien de la différence entre les vérités nécessaires et qui ne changent jamais, et les vérités qui regardent des faits, qu’on peut en quelque façon nommer véritablement contingentes, saint Augustin a pu, en méditant, se former les véritables idées des premières, mais il n’en est pas de même d’une infinité de faits, qu’on ne peut connaître à fond par la simple spéculation. Or les vérités contenues dans l’Ecriture sont de cette dernière sorte : elles ne dépendent point de l’idée que nous pouvons en concevoir, mais il faut les étudier en elles-mêmes, et s’exercer longtemps dans le style et les expressions des livres sacrés. En un mot, cette science dépend plus de la méthode que nous avons décrite ci-dessus que de la force de nos conceptions :
et comme saint Augustin n’a pas eu tous les secours qu’il a jugés lui-même nécessaires pour acquérir une parfaite connaissance de l’Ecriture, il a quelquefois accommodé l’Ecriture à ses idées, au lieu qu’il devait former ses idées à l’Ecriture ».

3° Saint Augustin aurait pu éviter ces nombreuses erreurs en étudiant l’enseignement des Pères, qu’il néglige par système.

Ainsi par exemple pour les commentaires des Psaumes : « Ses commentaires ou plutôt ses sermons sur les Psaumes ne contiennent que le sens moral et allégorique, et ils sont de plus remplis d’une infinité de digressions et de subtilités inutiles – Saint Jérôme ayant eu cet ouvrage ne put l’approuver tout à fait à cause que saint Augustin n’avait pas suivi la méthode ordinaire des autres Pères, qu’il n’avait pas assez consultés en cette matière ».

Pour Richard Simon, Augustin a négligé les commentaires antérieurs : « On a pu remarquer que la plupart des anciens commentateurs, soit grecs soit latins, ont recueilli avec soin les interprétations de ceux qui les avaient précédés, afin de les opposer aux hérétiques. Il semble que saint Augustin n’ait pas approuvé tout à fait cette méthode qui lui paraissait peut-être donner plus de force à la parole des hommes qu’à celle de Dieu. Il croyait que l’on devait plutôt considérer la vérité des livres sacrés en eux-mêmes, que par rapport aux sentiments des interprètes qui étaient sujets à se tromper : du moins est-ce ce qu’il répond à saint Jérôme qui l’avait accablé par le témoignage des anciens docteurs, dans le différend qu’il eut avec lui sur un passage de l’Epître aux Galates ».

Il ne s’agit pas seulement ici d’un échec exégétique d’Augustin dû à son ignorance des langues, mais d’un choix théologique tendant à réduire la tradition à l’Ecriture seule. Augustin affirme ne se soumettre qu’« à l’autorité des écritures canoniques dont les auteurs sont infaillibles ». R. Simon critique ainsi cette ambitieuse intention : « On ne peut nier la vérité de ce principe, mais on doit prendre garde qu’il est sujet à l’illusion, tous les novateurs en ayant abusé contre l’ancienne croyance de l’Eglise. Saint Augustin lui-même n’a pu éviter qu’on ne lui ait reproché, que sous ce prétexte, il introduisait des nouveautés. Ce fut en partie ce qui donna l’occasion au sage Vincent de Lérins de composer cet excellent ouvrage qu’il publia sous le nom de Peregrinus, où il appuya fortement les traditions de l’Eglise. Il y ose indiquer ce docte Père comme un novateur qui avait des opinions particulières ». Nous verrons dans le prochain numéro de « La Lumière du Thabor » que c’est au nom des règles de saint Vincent de Lérins que Richard Simon critique Augustin.

LA SERBIE

A Belgrade doit paraître prochainement un livre mémorial sur le Kossovo, ce lieu sacré du peuple serbe où, il y a bientôt six cents ans, le Tsar Lazare montra par le martyre l’ordre des valeurs véritables ; à la veille de la bataille contre les Turcs, sous la forme d’un faucon, le prophète Elie apporta au prince serbe une lettre de la Mère de Dieu, lui disant qu’il aurait à choisir entre le royaume terrestre et le royaume céleste ; ainsi mourut, avec toute son armée, pour acquérir le Royaume des Cieux, le pieux Lazare dont la mémoire est devenue celle de tout un peuple : « La Serbie, a-t-on dit, c’est le Kossovo ».
Aujourd’hui, à nouveau, les orthodoxes y subissent des persécutions et des souffrances terribles du fait des Albanais – musulmans pour la plupart – qui veulent chasser les Serbes de cette région. Le gouvernement yougoslave maîtrisant très mal la situation, c’est dans leur Eglise que les Serbes trouvent la force de lutter : il y a deux ans, un texte de protestation signé par un grand nombre de moines et de prêtres rappelait le rôle du Kossovo dans la vie ecclésiale et spirituelle des Serbes : « La question du Kossovo est une question d’identité spirituelle, culturelle et historique du peuple serbe. Depuis l’œuvre de Saint Savva, c’est dans la réalité du Kossovo que le peuple tout entier a trouvé l’expression de son unité et de son intégrité… » La situation est si grave que le même document parle de « génocide lent et planifié ».

Ajoutons qu’aux yeux de nombreux orthodoxes serbes, grecs ou russes, une autre douleur, moins visible, mais aussi grave touche aujourd’hui l’Eglise Serbe : l’appartenance officielle de sa hiérarchie au Conseil Œcuménique des Eglises. Souhaitons que le Seigneur Jésus Christ accorde, par Sa Croix, la victoire à son peuple au Kossovo et qu’il donne aux hiérarques de l’Eglise serbe la force de rompre avec le mouvement œcuménique et de devenir de vivants Marc d’Ephèse, comme les y appelait avant sa mort le Bienheureux Père Justin Popovic.

Dans le journal américain Orthodox Life, on peut lire une étude intéressante de l’évêque Amphilochios Radovitch sur les couvents de femmes en Serbie. Il y est surtout question d’une ascète contemporaine, la Mère Stéphanida qui peut être considérée comme une grande sainte et martyre contemporaine.

Stéphanida Juravich est née à Vraka près de Skadar en Albanie en 1887. Très jeune elle a vécue isolée, menant une vie de jeûne, d’ascèse et de prière. En 1933, elle fut chassée par les Albanais de son village natal et vint s’installer à Dranovac sur le Kossovo. Elle y poursuivit son ascèse et elle aimait à se rendre au monastère de Dechari pour prier et communier. C’est là qu’elle rencontra l’évêque Nicolaï d’Ochrid, « le Chrysostome serbe », qui l’invita à venir vivre au monastère de Zicha.

Là, l’évêque Nicolaï fit l’éloge de son ascèse devant tous les moines et toutes les moniales. Mais dans ce monastère, Stéphanida n’y retrouvait pas sa solitude et elle partit à Bitolj passer les dernières années de sa vie. Son ascèse et sa prière durant les nuits étaient telles, que ses jambes n’étaient plus qu’ulcères et plaies. Pendant la Guerre, malgré le couvre-feu, elle ne voulait pas éteindre la lampe de sa veilleuse qui brûlait devant les icônes, figure de sa prière perpétuelle. Les soldats des troupes allemandes d’occupation s’en aperçurent et, ne pouvant la faire obéir, ils la rouèrent de coups, sur les jambes en particulier, la laissant invalide. En 1945, quelques années plus tard, elle mourut de ses blessures.

Quelques années avant sa mort, elle fut faite moniale par un évêque bulgare qui lui donna le nom de Stéphanida, « la couronnée », non sans clairvoyance - car véritablement elle a reçu la couronne du martyre. Elle fut enterrée au monastère Saint Christophe près de Bitolj, qui possède ses reliques.

Sa correspondance avec son père spirituel, l’évêque Victor de Skadar, a été précieusement conservée. La Mère Stéphanida disait : « En dehors du Christ, je n’ai rien. Seulement ma vie de pécheresse que je porte… »
Après avoir communié, elle écrivait : « Quand j’ai reçu le Christ vraiment divin, j’ai toutes choses et tous » ; et elle ajoutait : « Je ne pourrai jamais mettre par écrit tout ce que le Christ dit dans mon cœur… »

Que la Mémoire de la Mère Stéphanida soit éternelle !

Le Prologue d’Ochrid. Publié par Lazarica Press, Birmingham.

Avec le Père Justin Popovic, la plus grande figure contemporaine de l’Eglise Serbe est l’évêque Nicolaï d’Ochrid. Remarquable pasteur, ascète inflexible devant Hitler comme devant Tito, déporté dans les camps de la mort, exilé, confesseur de la foi orthodoxe, défenseur du calendrier des Pères, l’évêque Nicolaï, par sa vie en Christ, remplit une page des synaxaires du XXème siècle.

Aussi, est-ce un bienfait que Lazarica Press ait édité le Prologue d’Ochrid, traduit par la Mère Marie, qui est, en 4 volumes, un petit synaxaire commenté et accompagné de courts sermons de l’évêque Nicolaï. Une traduction française de cet ouvrage rendrait de grands services. Il serait souhaitable aussi que les Grands Synaxaires grecs, édités par l’évêque des Vrais Chrétiens Orthodoxes de Grèce, Monseigneur Matthieu d’Egine, soient un jour traduits en français.

Migrations. Milos Tsernianski. Julliard - L’Age d’Homme, 1986.

La véritable littérature, la véritable histoire pour les orthodoxes, ce sont les synaxaires, les vies des saints où toutes les vertus sont enseignées. La véritable poésie, la musique authentique, se trouvent dans les Offices de l’Eglise. Le livre de Milos Tsernianski, Migrations, sans être un synaxaire, va cependant au-delà de la littérature ordinaire, car il veut présenter une figure de la vie du chrétien sur cette terre, hors du paradis, et plein d’espérance de le retrouver. Comme le dit justement W. Dimitrijevic : « Les personnages de Migrations - qu’ils cherchent à regagner leur pays natal ou à en trouver ailleurs un autre qui lui ressemble - sont en quête d’une terre promise, mais, pour les uns et les autres, la nostalgie demeure. C’est que le poète se rappelle à jamais ses propres arrachements, et l’exil attaché à notre condition, avec la même émotion que toutes celles qu’il vous communique… C’est un livre de pèlerinage et c’est une chronique qui représente, à mes yeux, la seule façon de traiter l’histoire… »

Dans Migrations, l’histoire n’est pas personnelle, elle est, comme la poésie populaire grecque ou serbe, l’œuvre d’une nation entière, perpétuellement menacée par les Turcs, humiliée par l’Autriche, et qui rêve d’émigrer vers la Terre Promise de la Russie Orthodoxe. Ceux qui réussirent cette émigration découvrirent une Russie, celle du XVIIIème siècle, plus occidentalisée qu’orthodoxe et ils s’y sentirent étrangers : « Les connaissances que ces hommes simples, peu instruits, avaient du reste de l’Europe étaient sommaires, mais le Siècle des Lumières n’était pas ce qu’ils recherchaient »… « Pavle participa aux opérations contre la Prusse sur laquelle marchèrent les armées russes, au lieu de marcher sur Istanbul pour hisser la Croix sur la Basilique de Sainte Sophie ».

Non seulement le rêve de fonder une nouvelle Serbie (« la Serbie n’émigre pas ») et d’y porter, relique précieuse entre toutes, la main du prince Lazare, se solda par un échec, mais tous les émigrés serbes furent très vite russifiés.

Laissons un instant le caractère romanesque de cet échec qui l’élève jusqu’au mythe et considérons l’aspect historique : comment expliquer cet échec autrement que par la volonté du gouvernement russe, au XVIIIème siècle, d’être russe avant d’être orthodoxe, c’est-à-dire de prendre la voie inverse de celle que choisit le prince Lazare ?

Au contraire, ce qui fait la grandeur des personnages de Migrations, c’est que dans leur misère, dans leur nostalgie active, l’ordre des valeurs choisies à Kossovo par le prince Lazare est scellé dans leur âme ; ils ont choisi de ne pas oublier la très douce orthodoxie, comme Issakovitch qui, servant Marie-Thérèse d’Autriche et contraint d’assister à une messe catholique, dit « d’une voix douce » à ses officiers : « Allez et ne soyez pas offensés par ma faiblesse – votre sagesse se passera de vaines paroles – rendez hommage à l’Impératrice régnante mais gardez pourtant, dans le silence de vos cœurs, notre seule espérance, la douce orthodoxie ».

Personne déplacée. W. Dimitrijevic. Editions Favre, 1986.

Si l’on veut connaître l’essence et la vie du peuple serbe, il faut lire les chants populaires qui portent en eux la joie, les souffrances des « raïas » asservis par les Turcs. Parmi les plus beaux chants, il faut compter ceux de la liberté, les chants des Haïdouks ou des Armatoles, ces paysans, ces pâtres réfugiés dans les montagnes de la Serbie et de la Grèce pour échapper à la condition de « raïa » (sujet non musulman de l’empire ottoman).

A sa façon, Wladimir Dimitrijevic, l’éditeur-fondateur de l’Age d’Homme, est un armatole qui porte en lui la poésie populaire de ses ancêtres roumains ou valaques ; dans la force de leurs chants réside l’origine de son goût pour la littérature : « Nos maîtres nous abreuvaient de poésie populaire serbe… nous révélant les épopées populaires qui comptent parmi les œuvres les plus extraordinaires qu’un peuple ait composé à la gloire de sa résistance. J’étais complètement imprégné de cette poésie populaire serbe et je le suis resté à ce jour… »

Dans ce livre, oral, dicté, consacré à sa vie, à son métier, à ses lectures, Wladimir Dimitrijevic pose justement le problème de la littérature qui trop souvent éloigne de nombreuses âmes de la vraie foi, faisant d’elles des « enfants d’Aristote » et non des disciples des « pêcheurs de l’Evangile ». La littérature authentique est celle qui a son origine dans la culture orale d’une nation unie par la vie religieuse, même au milieu des tourments de la servitude : tels sont les poèmes des Provençaux écrasés par les Franks barbares, ceux des Roumis orthodoxes après la chute de Constantinople ou après la catastrophe de l’Asie Mineure, ou encore ceux des Serbes après Kossovo. Aujourd’hui manque, selon Wladimir Dimitrijevic, une littérature « qui nous donnerait les compléments indispensables, affectif, ethnique ou spirituel, à toutes les connaissances dont nous sommes bardés ».
Souhaitons lui, dans les lourdes responsabilités de son métier, d’accomplir toujours le but que lui-même propose : « Nous sommes des êtres qui peuvent tout transformer à la gloire de Dieu ».

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