mercredi 12 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°13. Le Saint Suaire de Turin.

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LE SAINT SUAIRE DE TURIN


Il y a quelques années, c’était en 1978, accouraient en foules, du monde entier à Turin, des visiteurs venus voir et aussi vénérer le "Saint Suaire", le drap dans lequel Joseph d’Arimathée avait enveloppé le Corps du Seigneur, pour l’ensevelir. La relique était authentique, la science l’avait attestée. On fit même d’après le négatif, à l’ordinateur, le portrait de Jésus.

Mais voici qu’une nouvelle, venue de Rome et publiée par "ESTIA" d’Athènes le 18.10.86, annonçait que le "Saint Suaire" allait être soumis, à nouveau, à l’examen du "carbone 14". A la suite de cette nouvelle, l’érudit père Théoclète publiait dans Orthodoxos Typos du 28.11.86, l’article qui suit. Pour lui, le "Saint Suaire" n’est pas authentique et n’a rien à voir avec l’ensevelissement de Jésus. Voici ses arguments, que les "frères" latins, malgré sa demande, n’ont pas réfutés.

Il y a trois ans, écrit-il, je me trouvais à Thessalonique. Je fus invité à suivre, à la télévision, une émission sur le Saint Suaire de Turin, que l’on faisait pour la deuxième fois, à la demande des téléspectateurs. Des clercs et des savants, fort nombreux, y assistèrent et soutinrent l’authenticité de la relique que le CARBONE 14 avait confirmée : le tissu appartenait bien au premier siècle, et l’impression du Visage et du Corps du Seigneur était l’effet d’une "explosion atomique", autrement dit du miracle de la puissance divine lors de la Résurrection du Christ.

Le Suaire fut présenté sous toutes ses faces, de manière telle que les téléspectateurs confiants et non informés, étaient invinciblement acculés à en admettre l’authenticité, incapables de discerner un détail d’importance capitale, qui fait s’écrouler, comme une tour de paille, tous les arguments scientifiques, et avec eux, toute la pieuse crédulité des latins. Et ce détail -comme dans les crimes parfaits- c’est la position des mains de Jésus.

Des la fin de l‘émission, j’exposais mes points de vue, et le lendemain, je publiais un article où j’exposais les raisons qui démontraient qu’il s’agissait là, sinon d’une duperie inconsciente, du moins d’une grossière naïveté des théologiens de l’Eglise Papale, et j’invitais les frères latins d’Hellade à répondre à mes arguments. Bien entendu, aucune réponse ne fut donnée. Et je m’explique :

Le seul auditeur et témoin de la Crucifixion, de l’Ensevelissement et spectateur du tombeau vide, a été l’Evangéliste Jean. Les trois synoptiques, les Evangélistes Matthieu, Marc et Luc, sont d’accord sur l’essentiel à propos du Suaire, et disent que Joseph d’Arimathée qui était conseiller et disciple du Seigneur, "a demandé le Corps de Jésus... et ayant reçu le Corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul pur, et le déposa dans un sépulcre qui était neuf…"

Ils laissent donc entendre qu’après la Descente de Croix, Joseph enveloppa le Corps de Jésus et l’ensevelit aussitôt, à l’encontre de toute la coutume funéraire des Juifs, chose impensable.
Jean, qui a suivi toutes les phases de la Passion, jusqu’à la Résurrection, dit que Joseph "prit le Corps de Jésus. Nicodème vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. Ils prirent donc le Corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandelettes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs". (Jean 19, 38-40).

Le linceul acheté par Joseph, a manifestement servi à transporter le Corps, et non comme suaire d’ensevelissement, étant donné que selon la "coutume d’ensevelir, chez les Juifs", on utilisait des "bandelettes", généralement appelées "othonia" ou "keiriai", comme ce fut le cas pour Lazare, et c’est pour cela que le Seigneur a dit : "Déliez-le".

Le texte de la résurrection de Lazare est très clair, sur la coutume funéraire : "ayant dit cela, il (Jésus) cria d’une voix forte : "Lazare sors ! " Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : « Déliez-le et laissez-le aller". (Jean 11, 43-44).

De la même manière fut enseveli le Corps du Christ, car en plus de la coutume, il est question de bandelettes "othonia" et non de linceul "othoni", tant dans l’ensevelissement que dans la Résurrection de Jésus.

Mais comment le linceul a-t-il été utilisé pour que le visage de Jésus y fut imprimé ainsi que toute la face du Corps ?

Peut-on imaginer, qu’après la Descente de Croix, le Corps de Jésus n’a pas été déposé dans le linceul sur le dos mais face contre terre ? Comment apparaît-il alors de face au centre du linceul ?

Le linceul, après le transport, fut abandonné dans une maison (on ne sait pas laquelle). "Ils prirent le Corps de Jésus et l’enveloppèrent de bandelettes avec les aromates... " Le mélange de myrrhe et d’aloès était, cela est connu, un liquide aromatique et collant, qui permettait aux bandelettes de coller au corps.

C’est pour cette raison que l’iconographie orthodoxe représente les bandelettes comme un tube rigide, sans le Christ, qui était ressuscité. Pierre et Jean ont vu, dans le sépulcre vide, "les bandelettes -othonia- " qui étaient à terre et le linge qu’on avait mis sur la tète de Jésus, "non pas avec les bandelettes, mais plié dans un lieu à part". II est très significatif, le fait que les trois évangélistes synoptiques, qui ont écrit sur la Résurrection, n’aient pas mentionné, ni le linceul, ni les bandelettes, et qu’ils se soient limités au grand événement, tandis que Jean, témoin oculaire, en a donné tous les détails.

Mais l’indice qui détruit tous les arguments insoutenables des latins, c’est la position des mains de Jésus dans l’ensevelissement. Comment et pourquoi les Juifs pieux, préparant le Corps du Seigneur pour l’ensevelir, auraient-ils croisé les mains sur le ventre, selon une coutume propre aux seuls chrétiens ? Et pourquoi n’auraient-ils pas suivi "la coutume funéraire des Juifs" avec les bras placés le long du corps, position qui facilitait le bandage de tout le corps ?

Cela seul suffit à prouver, d’une façon irréfutable, que nous sommes devant un mensonge à l’échelle mondiale, pour ne pas dire une imposture, à moins de rabaisser l’intelligence, pourtant bien vive, des théologiens du catholicisme. Dans la correspondance sus-mentionnée, il est écrit, entre autre, que le suaire "est la propriété personnelle du Pape, don du défunt roi Humbert d’Italie", ce qui me rappelle le fait suivant, en rapport avec le Suaire.

Après son abdication, Humbert est venu à la Sainte Montagne (le Mont Athos), en I960, si je ne me trompe. Accompagné d’un comte, il visita divers monastères dont celui des Ibères où je me trouvais de passage ce jour là. Mon ami, le père Athanase, qui en était l’hôtelier et le bibliothécaire, me demanda de recevoir avec lui le roi à l’entrée. Deux ou trois ibérites et moi-même le reçûmes. Son photographe nous photographia et nous envoya plus tard, en souvenir, une grande photographie que je garde pour l’histoire. Apres la réception d’usage, Humbert demanda à visiter le "Trésor" et la Bibliothèque. Mon sage ami Athanase qui parlait fort bien l’Italien lui montra une "Mise au tombeau" brodée au fil d’or ; le roi fut réjouit et nous dit alors posséder le Saint Suaire, dans lequel le Seigneur avait été enseveli. Athanase lui dit aussitôt que le linceul n’était pas un usage chez les juifs mais les bandelettes, et lui expliqua la coutume d’ensevelir chez les juifs. Alors Humbert répondit : "Peut-être s’agit-il là d’une erreur".

La tradition iconographique suit de prés le récit de I’Evangéliste Jean et la coutume funéraire des Juifs où le mort est entouré de bandelettes. Selon un texte liturgique, l’Icône de la Résurrection montre le Christ "En Haut sur le trône" et "En Bas dans le tombeau", le Corps enveloppé de bandelettes et la tète recouverte d’un autre linge.

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