dimanche 2 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°6. Note de lecture.

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Notes de Lectures

Père SERAPHIM ROSE.
- LA PLACE DU BIENHEUREUX AUGUSTIN DANS L’EGLISE ORTHODOXE. En Anglais. Platina, Californie, 19.

Le regretté hiéromoine Séraphim Rose du Monastère de saint Germain d’Alaska sur la côte ouest des Etats-Unis a beaucoup contribué à faire connaître l’Orthodoxie en Amérique par ses traductions nombreuses. Editeur de la revue « Orthodox Word », il a traduit la vie de Païsius Vélichkovsky, la vie de saint Grégoire de Tours, et de nombreuses vies d’ascètes russes anciens et modernes.

Malheureusement, lecteur assidu des CONFESSIONS d’Augustin d’Hippone, il a voulu étendre cette sympathie personnelle à l’histoire de l’Eglise, et ses thèses ont rencontré une certaine opposition en Améri­que à l’intérieur de sa propre Eglise, l’Eglise Russe à l’Etranger (ERHF). Le Père Séraphim fonde en effet son apologie de l’évêque d’Hippone sur des distinctions nouvelles : il existerait des pères de la piété – par exemple Augustin – et des pères du dogme ; il trouve chez Augustin les sentiments et la « saveur » de la piété orthodoxe, et situant toute sa défense sur le .plan psychologique, il semble croire que les théologiens modernes qui critiquent le « dogme du péché originel » le font avec la volonté de « choquer ». Il trouve leur ton « irrespectueux et mondain ».

Ces théologiens – nous en avons au moins identifié deux, le Père Jean Romanidis et le Docteur A. Kalomiros – seraient « influencés par l’Occident » dans leur critique d’Augustin. Là aussi tout est placé sur un plan personnel : « Les chrétiens orthodoxes qui continuent à exprimer leur compréhension de la grâce et du péché originel dans un langage influencé par le bienheureux Augustin ne sont pas privés de la grâce de l’Eglise. Mais ceux qui sont plus « rigoureux » que les premiers peuvent craindre de perdre cette grâce par orgueil. »

La démarche du Père Séraphim est antipatristique, car, était-il privé de la grâce de l’Eglise saint Marc d’Ephèse, l’atlas de l’orthodo­xie, qui disait qu’en matière de dogme il n’y pas d’économie ? Le Père Séraphim tente de montrer que c’est l’Eglise orthodoxe qui depuis des siècles, reconnaîtrait en Augustin un bienheureux et même un saint ; il parle de « l’authentique piété orthodoxe qui brille à chaque page des justement renommées CONFESSIONS de saint Augustin. » Il se fait purement et simplement augustinien lorsqu’il écrit : « Sans le feu du zèle authentique et de la piété que les CON­FESSIONS révèlent, notre spiritualité orthodoxe est un simulacre et une imposture. » Pourtant, il admet aussi que l’enseignement d’Augustin n’est pas toujours très exact : « On ne pas douter que son enseignement est erroné sur de nombreux points : la Sainte Trinité, la grâce et la nature et d’autres, doctrines », mais il n’est pas « hérétique », seulement « exagéré ».

Nous défions quiconque de nous expliquer la différence entre l’exagé­ration et l’hérésie dans ces lignes de saint Augustin – étant bien entendu que l’hérésie désigne une doctrine étrangère au dépôt de la foi et prêchée dans l’Eglise comme étant un dogme :
« Comment pouvez-vous dire que « tous les hommes recevraient la grâce si certains ne la refusaient pas de leur propre volonté ; et c’est à ceux-là qu’elle n’est pas donnée » et que « la preuve en est cette parole de l’Apôtre : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. » Cela est faux, puisque la grâce n’est pas donnée à bien des enfants et que beaucoup d’entre eux meurent sans elle. Ils n’ont pas une volonté qui s’y oppose, et parfois, malgré le désir et la hâte de leurs parents, malgré la présence des prêtres et leur bonne volonté. C’EST DIEU QUI REFUSE LA GRACE ; l’enfant pour le salut éternel duquel chacun se pressait, expire avant d’avoir reçu le baptême.

Il est donc manifeste que ceux qui résistent à l’évidence de cette vérité ne comprennent pas du tout dans quel sens il a été dit que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés » car beaucoup ne sont point sauvés, non point parce qu’ils ne l’ont pas voulu, mais parce que Dieu Lui-même ne l’a pas voulu… plusieurs ne sont pas sauvés, les hommes le voulant, mais Dieu le voulant pas. » Ces lignes sont extraites de la lettre à Vital où l’évêque d’Hippone précise sa conception de la prédestination à ce prêtre de Carthage qui en avait été scandalisé. C’est une telle doctrine qui a valu en Occident à Augustin le nom de « docteur de la grâce » alors qu’elle est contraire à la lettre de l’Ecriture : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. »

L’ignorance d’Augustin en Orient, les invasions barbares en Occident ont parfois servi la renommée de l’évêque d’Hippone dans l’Eglise Orthodoxe ; certains Pères comme saint Photios ou saint Marc d’Ephèse n’ont pas voulu croire sur parole ce que l’Occident disait être la doctrine d’Augustin ; ils ont agi ainsi pour ne pas prendre le risque de condamner un « Père ». D’autres, comme Nicodème l’Hagiorite, n’ont connu d’Augustin que des florilèges propagés par les uniates et qui ne contenaient aucune thèse véritablement scandaleuse ; d’autres encore, comme Chrysostome de Smyrne, ont pensé que les textes augustiniens avaient été falsifiés : « Augustin est devenu une passoire ! Personne ne sait plus quelles sont les parties saines et quelles sont les parties tronquées, quelles sont celles de la main du bienheureux et quelles sont les faux des latins. » D’autres encore, comme Cassien, Fauste de Riez, Gennade Scholarios, qui connaissaient le texte augustinien, l’ont condamné et rejeté. Mais aucun n’a justifié l’évêque d’Hippone par une distinction non orthodoxe entre piété et dogme. On ne voit pas d’ailleurs quelle piété il y a à croire que Dieu veut la damnation des petits enfants !

Confronté aux monuments symboliques et dogmatiques de l’Eglise Orthodoxe, l’enseignement d’Augustin apparaît clairement étranger à la doctrine des Pères et des Conciles Œcuméniques ; comme l’a montré le Père Jean Romanidis, la tradition orthodoxe « n’a eu aucune considération pour les œuvres et la pensée d’Augustin, qui n’ont d’ailleurs jamais servi de base aux Conciles Œcuméniques et à l’enseignement des Pères. »

Comment dès lors comprendre la démarche du regretté Séraphim Rose ? Il est probable qu’il s’agit d’un attachement sentimental à la théologie scolaire de l’Eglise Russe à partir du XVIIIème siècle. Il admet, en effet, que c’est au XVIIIème siècle que l’Eglise Russe a parlé d’Augustin comme d’un « saint ».

Et, certes, l’empire de l’influ­ence occidentale était tel, que dans la DOGMATIQUE de l’évêque Macaire Boulgakov, saint Cassien est considéré comme un hérétique, alors que le vocabulaire anselmien de « justification », de « mérites », de « satisfaction de la colère divine » est intégré à la théologie orthodoxe.

Au début du XXème siècle, peu avant la Révolution bolchevique, sous l’influence du Métropolite Antoine, de Théophane de Poltava et d’une meilleure connaissance des Pères, un mouvement de retour à la patristique s’est opéré. Si le Père Séraphim Rose avait été fidèle aux Pères, il eût admis qu’il n’y a aucune place pour l’enseignement d’Augustin dans l’Eglise Orthodoxe.

ASTERIOS ARGYRIOU.
Les EXEGESES GRECQUES DE L’APOCALYPSE A L’EPOQUE TURQUE. Thessalonique, 1982.

La thèse du professeur A. Argyriou sur l’exégèse de l’Apocalypse sous la turcocratie est l’un des livres les plus remarquables et les mieux documentés que l’on puisse lire en français sur cette époque essentielle de l’histoire de l’Orthodoxie.

Cette recherche se présente comme une étude de la représentation eschatologique ou prophétique de la situation des orthodoxes asservis dans l’empire turc. Mais l’étude des idéologies ne peut réduire la dimension réellement prophétique qui émane parfois des commentaires présentés par A. Argyriou.

Le livre est dédié au Patriarcal de Constantinople, pour lequel l’auteur semble avoir une admiration légitimée par l’histoire ; mais la préface fournit un témoignage intéressant et inattendu à l’histoire récente : « Le caïque amarrait devant le monastère orthodoxe X par une chaude matinée de ce mois d’Août 1964. Comme à son habitude, le supérieur était là, à attendre ses visiteurs. Son imposante stature noire se dressait droite au bout de la jetée, défiant la blancheur du jour. Quelques minutes plus tard, nous longions le long corridor conduisant aux salles d’honneur, lorsque soudain la voix grave du supérieur remplit le silence : « Seigneur, Seigneur, s’écria-t-il, quand viendras-tu nous délivrer de cet Antichrist ! » Piqué au vif, « De quel Antichrist parlez-vous, Saint Père ? », lui ai-je demandé. « De sa sainteté, notre Patriarche », rétorqua-t-il et sa voix devint aussitôt plus forte et plus grave « il veut livrer l’orthodoxie à la Bête, le faux-Prophète ! » Et après quelques instants de réflexion : « Mais Dieu nous gardera du Malin ! Il jettera la Bête et le Faux-Prophète dans l’étang de feu et de soufre embrasé ! » La longue discussion qui suivit fut ma première expérience « eschatologique ». Nous avons reconnu le patriarche Athënagoras !

L’auteur fait précéder d’une introduction historique, l’étude qu’il consacre à dix grands exégètes de l’APOCALYPSE qui ont vécu entre le XV° siècle et la fin du XVIII. L’identification de l’Antichrist à la papauté ou à l’Islam de Mahomet n’est guère surprenante si l’on sait les souffrances imposées par les Turcs et les Franks aux « romains » orthodoxes ; ce n’est pas là une identification aussi fausse ou datée qu’on pourrait le croire : l’Apôtre Paul ne dit-il pas que l’Antichrist agit déjà montrant ainsi que la manifestation de l’Antichrist est progressive et historique ?

Une des parties les plus neuves et originales du livre est certainement celle où, à travers les commentaires de l’APOCALYPSE, Argyriou étudie l’évolution des représentations de la Russie en Grèce à partir de Pierre le Grand. Le contraste entre l’impérialisme de Pierre le Grand et l’attente vaine d’une libération de Constantinople conduisit peu à peu à une méfiance réciproque qui culmine à l’époque d’Ale­xandre 1er dont on sait qu’il fut hostile à la libération de la Grèce. L’analyse du commentaire passionné de Cyrille Lavriotis est particulièrement intéressante sur ce sujet puisque ce moine athonite prophéti­se quasiment la Révolution russe.

Sur un point de méthode essentiel pour l’interprétation de l’histoire de l’Eglise nous serions en désaccord avec A. Argyriou : l’identification de l’orthodoxie, asservie par les turcs, avec l’hellénisme. On lit en particulier page 26 une virulente critique des thèses du professeur Jean Romanidis sur la ROMANITE, sur l’héritage proprement ROMAIN et non « néo-grec » de l’orthodoxie issue de « Byzance ». Romanidis doit veiller à ce que sa thèse n’aboutisse pas à une sorte de chauvi­nisme grec orthodoxe extrémiste, et cela à une époque où tous les peuples aspirent à la compréhension et au dialogue. » Ce n’est pas ici le lieu de reprendre l’étude de la thèse parfaitement orthodoxe du P. Romanidis, mais nous pensons que cette notion de « ROMANITE » manque parfois au professeur Argyriou : par exemple, dans un récent article paru dans CONTACT sur les courants idéologi­ques au sein de l’hellénisme et de l’orthodoxie à l’époque de la domination turque, A. Argyriou en vient à parler « d’une conscience chrétienne, beaucoup plus large que la conscience orthodoxe. » Cette conscience, ne saurait bien sur être celle des « latinisants » qui avaient renié l’orthodoxie, et l’on ne voit pas comment une telle conscience pourrait exister hors de l’Eglise dont l’un des attributs est l’universali­té. L’ambiguïté serait sans doute levée ainsi : la conscience orthodoxe sous la turcocratie n’était pas une conscience « grecque » – en ce cas, elle eût été menacée par le phylétisme – mais une conscience SUPRANATIONALE, héritée de Constantinople et de l’Empire Orthodoxe et qui incluait l’Orient et même une partie des peuples occidentaux asservie par les Franks : or cette conscience est précisément celle de la ROMANITE, seule supranationalité orthodoxe et en cela supé­rieure à l’universalité illusoire et totalitaire inventée par l’Occident pour imposer son hégémonie dans le monde entier.

Cardinal RATZINGER
Vittorio MESSORI.- ENTRETIENS SUR LA FOI. - Fayard, 1985.

Après le Testament de Paul VI, et suivant les nombreuses références à l’autorité de la scolastique faites par Jean-Paul II, le livre du Cardinal Joseph Ratzinger – que certains catholiques (papistes) nomment le Panzer Kardinal – témoigne que la papauté ne veut rien abandonner de sa doctrine classique issue de la Contre-Réforme. Le contenu dogmatique et historique de ce livre a suscité de nom­breuses réactions chez les Catholiques, en particulier celle du grand historien Jean Delumeau qui montre comment l’histoire y est « maltrai­tée » (Le Monde du 22 Juin) : « J. Ratzinger déclare que « les structures fondamentales (de l’Eglise) sont voulues par Dieu Lui-même et donc intouchables. » De quelles structures s’agit-il ? Aujourd’hui dans l’Eglise Romaine le Pape nomme les évêques du monde entier. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 438 le pape Léon le Grand écrivait à l’évêque de Narbonne : « On ne peut pour aucun motif compter au nombre des évêques ceux qui n’ont pas été élus par le clergé, demandés par le peuple, consacrés par les évêques de la province avec la décision du Métropolitain. »
La centralisation romaine pour la nomination des évêques commencée avec la réforme grégorienne (12ème siècle) ne s’affirma pleinement qu’à l’époque des papes d’Avignon (14ème siècle) quand on vit apparaître pour la première fois la formule « évêque par la grâce de Dieu et du siège apostolique. »

Les orthodoxes pourront particulièrement mesurer les approximations historiques du Président de la Congrégation pour la doctrine de la Foi et l’illusion qu’il y aurait à croire à une évolution « dogmatique » de Rome. Ainsi, dans un chapitre intitulé « Frères mais séparés », Ratzinger affirme que les Eglises Orthodoxes « ont un enseignement authentique, mais statique, comme bloqué. »

Curieusement il semble penser que l’orthodoxie n’a pas reçu les innovations occidentales pour des raisons d’isolement ou d’amour-propre dues principalement au fait qu’elles n’avaient pas été invitées à y participer : là aussi l’histoire est « maltraitée », volontairement ou involontairement, puisque Ratzinger semble tout ignorer des Conciles qui depuis le VIIIème Œcuménique de 879 jusqu’aux Encycliques Patriarcales du XIXème siècle ont condamné, en se tondant sur la tradition apostolique et patristique, les dogmes nouveaux de la papauté : Filioque, purgatoire, immaculée conception, infaillibilité…

Cependant Ratzinger affirme que c’est bien pour des raisons théologi­ques que l’union est irréalisable : « Je ne vois pas à vue humaine de possibilité d’une union complète qui aille au-delà d’une phase initiale praticable (et déjà pratiquée). Mais cette difficulté gît au niveau théologique. »

La possibilité d’un œcuménisme intégral autour d’une union dogmati­que est aussi officiellement fermée par Rome. Cela permet de mesurer l’erreur des orthodoxes qui se sont déjà engagés dans l’union concrètement et « à la base » : Ils s’unissent formellement à une papauté qui ne rejette aucune innovation et ils ne peuvent plus ignorer désormais qu’ils transgressent ainsi les Canons des Apôtres et des Conciles Œcuméniques.

Constantin ANDRONIKOV
LE CYCLE PASCAL.- Age d’Hom­me, 1985.

C. Andronikov est l’un des maîtres actuels du Didascalée Parisien et un disciple passionné du père Serge Boulgakov dont il est le principal traducteur. Il publie le second volume du « SENS DES FETES », LE CYCLE PASCAL, qui est un commentaire des offices du Triode et du Pentecostaire.

Riche par ses citations patristiques et manifestant une grande connaissance des offices orthodoxes ce livre ne se veut pas « une histoire de la liturgie du cycle pascal » mais « l’esquisse d’un simple commentaire du contenu théologique que nous découvrons dans les offices de toutes les semaines qui nous conduisent de la Passion à la Gloire. » En particulier la question de la date de la Pâque est laissée de coté parce qu’elle a été tranchée par la tradition.

Cette fidélité à la tradition liturgique est un souci authentique de C. Andronikov qui nous semble sur ce point différer d’autres maîtres ou élèves du Didascalée Parisien prêts à réformer ou corriger la Divine Liturgie.
Mais l’auteur affirme aussi sa confiance en une sorte d’unité fonda­mentale du Christianisme autour du mystère de la Pâque « essence du christianisme ». Cet œcuménisme principiel cherche à définir un noyau fondamental sur lequel, autour de la liturgie, tous peuvent se retrouver.

Ici, sa démarche, proche de celle du Père Serge Boulgakov, diffère de celle des Pères qui dans la liturgie ont marqué le caractère absolu, divino-humain, et exclusif de l’Eglise Orthodoxe. A chaque liturgie, les catéchumènes sont renvoyés peu avant la grande entrée. Il en sera ainsi à la fin des temps, ceux qui n’auront pas confessé la plénitude de l’enseignement orthodoxe, qui n’auront pas la blanche robe baptis­male, ne pourront, à la suite du Christ, Grand-Prêtre et Divin Liturge, entrer dans le Royaume de Dieu.

J.L. CHRETIEN.
LUEUR DU SECRET. L’Herne, 1985.

L’éclatement de la théologie occidentale scolaire ou scolastique a provoqué celui des genres philosophiques traditionnels envahis par les porteurs des dépouilles de la théologie médiévale. Le livre de J.L. Chrétien, LUEUR DU SECRET, en témoigne, dans sa densité et sa complexité.

On pourrait dire que ce livre est une « gnose herméneutique », c’est-à-dire, une gnose qui paradoxalement, s’interdit toute connais­sance directe de la vérité ou autrement médiatisée que par le « texte ». La connaissance de Dieu rencontre un double obstacle, le sujet philosophe et les autorités – soumises aux lois de l’herméneuti­que. Cette opacité trouve son fondement dans la théologie ou la spiritualité occidentale, et en particulier chez Jean de la Croix. L’auteur cite en effet un texte surprenant de la part d’un écrivain dit « mystique » : selon Jean de la Croix, dans l’Ancien Testament, Dieu se manifestait directement aux prophètes et aux patriarches, mais après l’Incarnation, toute manifestation est indirecte : « Dieu s’est fait comme muet, il n’a plus rien à dire, car ce qu’il disait par parties au prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant tout ce qui est son Fils. »

C’est toute l’herméneutique des Pères de l’Eglise, c’est l’idée même de l’expérience de la gloire de Dieu faite par les Apôtres et par les Saints, qui sont ici niées ; la plénitude du dépôt de la foi fut certes données aux Apôtres le jour de la Sainte Pentecôte, mais, dans la perception de l’énergie divine, de la gloire divine, les Pères ont fait la même expérience que les Apôtres et les Prophètes. Le nier c’est rendre inutile l’Eglise, la vie des Saints, l’expérience des déifiés ; et cela n’est possible que dans une théologie occidentale qui ignore tout de l’enseignement patristique sur la déification.

CORRESPONDANCE.
Thomas d’Aquin et la Patristique.
Les Editions Vrin-Reprise republient les Opuscules de Thomas d’Aquin et en particulier le CONTRE LES ERREURS DES GRECS. Malheureusement cette édition utile n’a pu mentionner un fait critique essen­tiel : les textes patristiques cités par Thomas d’Aquin sont ou des textes altérés ou des faux. A ce propos notre ami A. Rouméliote, professeur de philosophie, nous a écrit les remarques suivantes sur ce texte injustement renommé.
***
La destinée de la philosophie de Thomas d’Aquin a de quoi surprendre. Pour un orthodoxe, le fait que le grand commentateur et disciple d’Aristote ait été la plus haute autorité de la scolastique prouve l’état d’ignorance théologique de l’Occident médiéval. Nous dirions volontiers avec Erasme : « La plupart des théologiens suivent saint Thomas sans prendre garde qu’il a vécu dans un siècle barbare. »

Pourtant, la pérennité de cette doctrine a un caractère énigmatique, puisque de l’armature conceptuelle du thomisme, les siècles n’ont laissé subsister que la carcasse : successivement la physique et la biologie aristotélicienne, la cosmologie du système de Ptolémée, l’interprétation de la question de l’être chez Aristote aussi bien que les connaissances patristiques et conciliaires imprécises sur lesquelles est bâtie la SOMME THEOLOGIQUE ont été mises au musée par les progrès de la science et de la philosophie.

Le plus étonnant est peut-être que la papauté ait fait d’un Thomas d’Aquin antihistorique et abstrait, sorte d’enveloppe vidée par le temps de ses contenus épistémologiques, le « docteur commun » des catholiques. A vrai dire son titre médiéval de « docteur angélique » n’était pas moins paradoxal si l’on sait que le monde angélique est privé, dans la spéculation thomiste, de tout caractère hypostatique et libre, les anges y étant identifiés à des « formes » abstraites passées à l’existence d’une façon toute idéale.

Pourtant, depuis Léon XIII, pour les catholiques, l’auto­rité de Thomas d’Aquin vient non pas tant de sa doctri­ne que de sa méthode « rationaliste » ; même le Concile de Vatican II, qui s’est voulu pastoral et moderne, n’a pas rompu avec ce docteur ; aussi y lit-on au sujet de la formation des prêtres : « Pour mettre en lumière autant qu’il est possible les mystères du salut, ils apprendraient à les pénétrer plus à fond et à en perce­voir la cohérence par un travail spéculatif avec saint Tho­mas pour maître. » On le voit, le thomisme demeure, mais les siècles et la nécessité d’accommoder la Révéla­tion à de nombreux systèmes philosophiques ont imposé la séparation de la démarche et de son contenu, un vin nouveau devant désormais emplir les vieilles outres. Il est vrai que sur un point au moins Rome devait séparer le contenu de la forme : le dogme de l’Immacu­lée Conception dont Thomas d’Aquin était un virulent adversaire.

Toujours est-il que les récentes rééditions des œuvres de Thomas d’Aquin prouvent que la pensée du docteur scolastique, par son épaisseur et son rationalisme offre un caractère rassurant pour beaucoup de catholi­ques troublés par les suites du dernier concile. D’autre part, nous avons pu constater souvent que le thomisme a ses « fanatiques » : nous avons vu tel « thomiste » chercher dans l’index de la SOMME THEOLOGIQUE la réponse à toute question théorique ou pratique, un autre remplacer la « messe » par la lecture du maître, d’autres affirmer et écrire qu’il a fallu attendre le XIIIème siècle pour que le dogme de la Sainte Trinité soit enfin compris – c’est par exemple la thèse du P. Vannier S. J. THEOLOGIE TRINITAIRE DE ST. THOMAS D’AQUIN.

Mais le dernier paradoxe ou l’ultime métaphore du thomisme, touché par la « grâce » oecuméniste, n’est pas le moindre : certains auteurs, comme le P. le Guillou veulent montrer que Thomas d’Aquin était un bon connaisseur des Pères de l’Eglise.
Ainsi les oecuménistes thomistes sont-ils conduits à réhabiliter le texte le moins œcuménique qui soit, le traité CONTRE LES ERREURS DES GRECS où Thomas, plein de haine contre les orthodoxes, semble s’appuyer sur une abondante documentation patristique. M.D. Chenu, un bon spécialiste de la scolastique, affirme « qu’on est d’accord aujourd’hui pour reconnaître que l’œuvre est de haute tenue » et que Thomas, dans son Introduction, présente « des règles d’interprétation d’une grande portée, marquées au coin non seulement d’une haute loyauté intellectuelle, mais du sens histori­que du développement des dogmes et du grand relativis­me des formules et vocabulaires d’une langue à l’autre » p. 127 et 295 de son INTRODUCTION A L’ETUDE DE ST. THOMAS D’AQUIN.- Vrin 1954.

Persuadés que la revendication d’une méthode rationalis­te n’est pas une protection infaillible contre l’erreur, voire l’absurdité, nous allons reprendre systématique­ment le jugement du P. Chenu.

1°- Commençons par le dernier point : qu’en est-il du « relativisme des formules et vocabulaires d’une langue à l’autre » ? Outre le fait qu’on ne voit pas pourquoi le « relativisme des formules » dans la traduction serait préférable à la très grande précision du vocabu­laire théologique des Pères, nous avons trois raisons au moins de rejeter une telle affirmation sur la compé­tence de Thomas d’Aquin en ce domaine :
a) Thomas ne connaissait quasiment pas le grec et l’histoire rapporte – ce qui est à son honneur – qu’il eût donné toutes les merveilles de Paris pour pouvoir lire le Commentaire de saint Jean Chrysostome sur Saint Matthieu. Il semble même que Thomas n’ait jamais cherché à apprendre le grec alors qu’il était pourtant originaire de l’Italie du Sud où vivaient de nombreux hellénophones. Curieusement même, Thomas utilisait des traductions latines sans en vérifier l’authenticité auprès des Grecs de Sicile ou de Calabre. Donc, si l’on veut parler de relativisme, c’est du relativisme des connaissances linguistiques de Thomas qu’il faut parler.
b) Le contexte du CONTRA ERRORES GRAECORUM suffit à prouver l’absence de connaissance directe du grec et de la patristique chez Thomas. Le docteur scolastique a en effet écrit ce texte sur ordre du pape Urbain IV comme en témoigne l’introduction : « Très Saint Père et Vénérable Pape Urbain, j’ai lu et relu avec soin le petit traité que votre excellence a daigné me communiquer et j’y ai trouvé une foule de preuves bien raisonnées à l’appui de notre foi. »

Le petit traité ou « libelle » mis entre les mains de Thomas par le Pape Urbain est un recueil de textes « patristiques et conciliaires » qui vise à défendre le Filioque, la primauté du pape et les autres innovations latines. Bien que ce libelle ait été mis en circulation par le Jésuite Madoz, il est cependant connu comme libelle d’Urbain IV. Ce libelle anonyme, offert à Thomas par Urbain IV, avait disparu de toutes les bibliothèques européennes. Mais, en 1870, il a été découvert par Pierre Antoine Usseli, en manuscrit, dans les bibliothè­ques du Vatican. Le libelle fut alors édité par Usseli à Naples en 1870. En 1889, le savant allemand Reusch le publiait en traduction allemande accompagné d’une critique. L’utilisation que Thomas fait de ce libelle prouve qu’il ne connaissait pas directement les textes patristiques auxquels il accorde une autorité certaine. Ce libelle manifeste aussi une évolution dans la politi­que de la papauté à l’égard des Pères de l’Eglise :

Avant les croisades, la théologie franque ignore totale­ment ou méprise par principe tout ce qui est « grec » ; par exemple Jean Damascène (VIIIème s.), généralement présenté comme un contemporain d’Augustin d’Hippone (Vème s.), est décrit comme un hérétique : « Augustin, de la Trinité, contre la fausse Trinité de Jean Damascè­ne » est le titre d’un chapitre de Gautier de saint. Victor au lendemain du Concile de Latran. Puis, lorsque les croisades mirent en conflit les patriarches franks avec le peuple et les évêques orthodoxes, les Pères devinrent une référence commune.

Le CONTRA ERRORES GRAECORUM est le témoigna­ge de cette époque où la papauté veut plier l’enseigne­ment des Pères à sa doctrine pour lutter contre les orthodoxes opposés aux patriarches franks de l’Orient. Mais l’ignorance des Pères était telle en Occident qu’Urbain, lui-même ancien patriarche latin de Jérusa­lem, dut faire composer son libelle pour donner quelques arguments à Thomas d’Aquin.

c) Enfin la seule remarque de Thomas d’Aquin quant à la traduction du grec en latin concerne le mot « hypostase » devenu « persona », et, déjà présente chez Augustin, elle est d’une grande banalité. Thomas n’y ajoute rigoureusement rien.

2°- La « haute loyauté » de Thomas d’Aquin me semble une expression malheureuse puisque le livre de Chenu apporte tous les éléments permettant de la mettre en doute sur le plan de la méthode herméneutique. Albert le Grand, le maître de Thomas, en avait déjà fixé les règles à propos de saint Hilaire : « Certains disent qu’Hilaire aurait retiré ces expressions… mais puisque nous ne voyons pas un livre où il se rétracterait, il convient de FAIRE VIOLENCE à ses expressions à trois endroits… » Chenu, affirmant encore que le processus était universel dans les écoles, cite le Père Mandonnet : « …Quand il rencontre sur son chemin les opinions des Pères, il les amène et les réduit à son propre sens, en les interprétant dans la direction de son système et de ses idées. Au lieu de dire que les Pères se sont plus ou moins trompés, ou qu’il pense autrement qu’eux, il les expose « reverenter », ainsi qu’il appelle cette manière de faire. »

Thomas le dit encore d’une façon élégante : « L’étude de la philosophie n’est pas destinée à nous faire savoir ce que les hommes ont pensé, mais ce qu’il en est réellement de la vérité. » Comme le dit le P. Chenu : « A le prendre absolument, ce texte… ferait fi de l’exégèse et de l’histoire. » Ajoutons encore un témoigna­ge, celui du grand professeur de Louvain J. Leclercq, dans LA PHILOSOPHIE MORALE DE ST. THOMAS DEVANT LA PENSEE CONTEMPORAINE, p. 48-49 « Il lui arrive de changer le sens de certaines formules, sans le savoir lui-même, parce que les médiévaux avaient peu de formation historique et ne se rendaient pas compte que les propos tenus par les Grecs s’inséraient dans un contexte tout différent. Les thèses philosophiques se transformaient donc d’une façon partiellement .inconsciente… d’une part on modifie inconsciemment le sens de certains mots, la portée de certaines définitions et de certaines doctrines ; on croit répéter ce que disent les Anciens et ont dit autre chose. A d’autres moments l’auteur désire introduire une notion nouvelle, mais la couvre de l’autorité d’un Ancien tout en sachant qu’il en modifie les perspectives. »

On le voit, pour sauver l’honnêteté intellectuelle de Thomas, il faut au moins brandir l’inconscient et l’ignorance : si l’on tient à être indulgent, reconnaissons que le problème posé à Thomas était insoluble…
… puisqu’il voulait faire coïncider deux herméneutiques inconcilia­bles, celle d’Augustin et celle des Pères. C’est là, sans doute, le sens du regret de Gennade Scholarios : « Puisses-tu, ô excellent Thomas, n’être jamais né en Occident, n’avoir jamais eu le souci de défendre les déviations de cette Eglise, surtout celle de la procession du Saint-Esprit. » Les thèses de Thomas apparaissent bien comme l’effet d’une VIOLENCE faite à la doctrine des Pères par un théologien saturé d’augustinisme. On ne voit pas en effet quelle autre violence Thomas aurait pu imposer aux textes des Pères sinon celle propre à la controverse avec les orthodoxes : papauté, Filioque, etc.

Mais cette « violence » dont parle Chenu après Albert le Grand, avait été exercée une première fois par les ateliers pontificaux qui sont à la lettre les véritables auteurs des textes patristiques cités dans la controverse. Il est, en effet, prouvé aujourd’hui que le fameux dossier patristique du libelle d’Urbain IV est essentielle­ment composé de faux ou de textes altérés. La démon­stration fut faite par Reusch dans l’introduction de sa traduction allemande du libelle et elle a été reconnue par les savants catholiques eux-mêmes. M. Jugie, qui a pourtant passé sa vie à combattre les orthodoxes, écrit : « En plein XIIIème siècle, un saint Thomas d’Aquin sera trompé par un falsificateur de textes grecs qu’un médiocre helléniste eût tôt fait de démasquer. »

Selon Reusch : « Il est clair que Thomas a copié sur le libelle les propositions qui étaient les plus propres à asseoir l’édifice de la primauté du pape. Ces proposi­tions sont pour la plupart fausses, altérées. » En particu­lier les textes d’actes conciliaires citant Cyrille de Jérusalem, Maxime, Chrysostome, et surtout Cyrille d’Alexandrie sont des faux. De même, les prétendus extraits des lettres à Sérapion, d’Athanase d’Alexandrie ne s’y trouvent pas.

Malheureusement, comme le remarque Reusch, ces faux textes des Pères ont été utilisés par Thomas d’Aquin dans l’ensemble de ses œuvres et aussi par ses successeurs : « Depuis l’époque de Thomas d’Aquin, beaucoup d’écrivains ont utilisé pour preuves à l’appui de leurs thèses, les citations fournies à Thomas par le libelle. »

Quant au motif de Thomas d’Aquin, c’est très évidem­ment l’obéissance la plus aveugle à la papauté, comme il le dit dans l’épilogue de son opuscule : « Voici, très saint Père, ce que SUR VOTRE ORDRE j’ai exposé d’après l’autorité des Pères grecs pour la confirmation et le développement de la vraie foi. »

Ainsi, le principe même de « l’autorité » dans la théologie scolastique et thomiste est ici en question : il ne s’agit pas de l’autorité de la Révélation puisque les textes patristiques cités sont inexacts ; et la raison ne peut certes fournir elle-même sa propre autorité. Sans fondement patristique, contesté aujourd’hui sur le plan philosophique par les recherches aristotéli­ciennes, le thomisme semble devoir prendre sa place véritable dans l’histoire, celle d’une philosophie ou d’une théologie « sur commande » et donc close ; comme l’écrivait le théologien russe Belaïev : « Le latinisme, en imposant à la science théologique les principes et les théories du papisme a enfermé la pensée théologique dans le cadre étroit des doctrines adoptées et approuvées par Rome et a mis ainsi la théologie dans une voie sans issue… »
Chronique

Lettre du Métropolite Augustin de Florina au Patriarche Dimitri

Sainteté, par la grâce et la miséricorde de Dieu, je suis évêque de l’Eglise Orthodoxe du Christ. Depuis dix-huit années consécutives, je dessers Florina, cette région extrême du pays, m’efforçant de faire face, autant que je le peux, aux devoirs de ma lourde charge épiscopale, en ces temps difficiles où les vagues furieuses du matérialisme et de l’athéisme se soulèvent et frappent le navire sacré de l’Eglise Autocéphale de l’Hellade.

Sollicitude pour toute l’Eglise.

Ces devoirs suffisent à absorber, à eux seuls, la sollicitude du pasteur que je suis, responsable, ne fût-ce que d’une seule âme pour laquelle le Sang du Dieu-Homme a été versé. Mais en tant que membre de la Hiérarchie de l’Eglise Orthodoxe, je ne puis rester indifférent à tout ce qui touche à l’Eglise Orthodoxe qui étend ses branches sur les Cinq Continents. Car, selon l’enseignement de Paul le Coryphée des Apôtres, ceux qui appartiennent à l’Eglise forment un seul Corps, le Corps du Christ, et « quand un membre souffre » (1 Co. 12, 26), tous les autres membres souffrent avec lui, surtout les membres qui occupent une position particulière comme la tête. Si une épine, dit saint Jean Chrysostome, ce Docteur de l’Eglise, entre dans la plante du pied, tout le corps se courbe, la tête abandonne sa position verticale, se baisse, se penche sur la partie souffrante et s’efforce d’extraire l’épine.

Il doit en être de même dans l’Eglise du Christ, ajoute le saint Père : si un membre de l’Eglise est en péril, tous les membres – surtout les évêques – doivent suivre avec une attention soutenue la maladie et l’empêcher de se transformer en une gangrène qui menacerait tout le corps. Les prières que toute Eglise locale adresse à Dieu en faveur des autres Eglises locales orthodoxes, les noms lus aux diptyques au cours des offices nous enseignent que tous les chrétiens et surtout les évêques ne doivent pas limiter leur intérêt à leur petit diocèse, mais l’étendre jusqu’aux confins de la terre où se trouvent des orthodoxes. Dans l’éloge du saint Evêque Eustathe d’Antioche, saint Jean Chrysostome dit qu’il étendait sa sollicitude au-delà de son diocèse.

C’est donc un des devoirs les plus sacrés pour tout évêque, de suivre avec intérêt, attention, et anxiété, tout ce qui se passe dans l’espace orthodoxe et de contribuer au progrès spirituel. Malheur à l’évêque qui s’enferme dans les limites étroites de son diocèse, indifférent à l’état général de l’Eglise, qui se repose à l’idée que le feu vorace des erreurs, des hérésies et de l’athéisme, qui dévore d’autres évêchés, n’atteindra pas, en peu de temps, le sien.

Bien qu’il soit interdit à un évêque de s’immiscer dans les affaires des autres diocèses, on découvre, étonné, quand on étudie les saints canons de l’Eglise, des cas où, outre les prières, les intercessions, les conseils, il est permis de montrer un vif intérêt aux autres évêchés. Un de ces cas est celui de l’évêque d’une province qui, voyant la vague de l’hérésie menacer son diocèse reste indifférent et ne prend aucune mesure…
… ou encore – c’est le pire – approuve les héré­tiques et va jusqu’à prononcer des paroles qui blessent la Foi Orthodoxe (Cf. Can. 121 de Carthage et 15 du Concile Premier-Second).

La lutte pour l’Orthodoxie, comme on le voit, impose aussi le déploiement d’une action exceptionnelle qui, bien qu’étant hors du commun, ne saurait être condamnée mais au contraire louée. C’est ce que montre l’Histoire de l’Eglise : grâce à ces témoignages et à ces actions pour la piété, des régions entières ont été sauvées de l’invasion des hérésies.

L’Eglise contre les hérésies et les schismes.

Sainteté, si ce qui précède est pris en considération, alors la présente lettre ne sera pas regardée comme un dépassement de mon devoir ou comme intervention dans les devoirs d’un autre, mais comme l’expression de l’inquiétude d’un vieil évêque qui, par son évêché, se trouve sous la dépendance spirituelle du Patriarcat Œcuménique, qui depuis un demi-siècle travaille, avec la grâce de Dieu, dans la vigne du Seigneur, qui par sa prédication orale et écrite est en contact avec de larges couches du peuple.

Avec tout le respect que nous avons pour le Patriarcat Œcuménique, qu’il nous soit permis de dire que la situation actuelle du monde orthodoxe en général et en particulier celle de la juridiction du Patriarcat Œcuménique, jugée avec les critères de l’Orthodoxie que sont les saints canons, n’est nullement réjouissante et couve de grands dangers.

Et voici pourquoi : Selon notre foi, que nous proclamons depuis des siècles dans le Credo, l’Eglise est UNE : « Je crois… en l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique ». Et cette Eglise UNE c’est notre sainte orthodoxie, qui garde le DEPOT SACRE, le trésor inestimable que le Seigneur lui a confié par ses Apôtres et les Conciles Œcuméniques et locaux.

Les saints canons sont-ils observés ?

Et nous demandons : les Saints Canons dictés par l’Esprit Saint aux Pères Théophores, dont nous les plus jeunes, ne sommes pas dignes de délier les lacets des sandales, sont-ils valables ou ne sont-ils pas valables pour l’Eglise Orthodoxe ? Oui ou non ? Si c’est non, on doit alors avec dignité et courage déclarer et dire quel organe supérieur aux conciles œcuméniques et locaux a pris cette nouvelle décision. Car ce serait le comble de l’hypocrisie chez des évêques qui, lors de leur consécration, ont promis de garder sans défaillance les Canons, que de les fouler, dans la pratique, sans vergogne, à la grande stupeur du reste des fidèles qui, dans ce siècle d’incrédulité, gardent vivante la flamme de l’orthodoxie comme règle de foi et de vie !

Mais si les canons sont toujours valables, il faut alors les appliquer dans la pratique et sanctionner ceux qui osent s’écarter de leur ligne. De toute manière, une réponse doit être donnée à cette question ; car il ne s’agit pas ici de cas où, selon l’enseignement des canons, on puisse user d’économie et de condescendance.
Il s’agit de cas ayant trait à la foi, à la sauvegarde de la Foi Orthodoxe contre les apostats et les hérétiques qui ne veulent pas se repentir, qui persévèrent dans leurs erreurs et qui doivent être tenus, selon les canons, à l’écart. Le respect de cet écart ne doit pas être considéré comme intolérance et dureté, mais l’expression du point culminant du sentiment orthodoxe, du vrai amour chrétien, qui veut par sa rigueur réveiller la conscience des égarés et les ramener à la bergerie sacrée.

On doit malheureusement reconnaître que la levée précipitée et sans examen des anathèmes entre Rome et Constantinople, faite par votre prédécesseur le Patriarche Athënagoras – malgré les protestations de remarquables hiérarques du Patriarcat Œcuménique qui n’ont pas été entendus – a ouvert, comme on devait s’y attendre, les portes au papisme, aux hérésies et aux schismes. Les entablements de l’Eglise Orthodoxe ont été démolis ! Les saints canons qui règlent la conduite des orthodoxes face aux hérétiques ont été foulés et le sont encore sans pudeur, et le scandale qui en résulte est immense. Pour ne pas paraître parler dans le vague et rester dans des généralités, nous donnerons ici quelques unes des plus flagrantes transgressions des canons.

1) La fête annuelle de la chaire de l’Apôtre André, le 30 Novembre, est concélébrée avec les papistes dans l’église patriarcale du Phanar. La fête annuelle de la chaire de l’Apôtre Pierre, le 29 Juin, à Rome, est aussi concélébrée par les papistes et des orthodoxes, avec échanges d’allocutions et de cadeaux.

2) Prières en commun et échanges d’allocutions lors des visites du Pape à Sydney en Australie en décembre 1970, à Constantinople en 1979, au Centre Patriarcal de Chambézy à Genève en juin 1984, et au Canada en septembre 1984.

3) Prières et Liturgies communes suivies par les orthodoxes et les papistes lors des assemblées de ce qu’on appelle : DIALOGUE THEOLOGIQUE, à Patmos-Rhodes en 1980, à Munich d’Allemagne, en juillet 1982, à Hania de Crète, fin mai-début juin 1984.

4) Prières en commun lors des réunions du Conseil Œcuménique des Eglises et dans la récente assemblée de Vancouver en été 1983.

5) Echanges épisodiques de cadeaux entre évêques papistes et orthodoxes à Rome et ailleurs, en diverses circonstances (visites au Vatican, remise de saintes reliques à des évêchés grecs, etc.).

6) Réception spectaculaire officielle du Cardinal Willebrandt par l’Eglise Orthodoxe de Crète, où il a assisté, vêtu de ses ornements liturgiques, à la Divine Liturgie Orthodoxe en la Cathédrale de Saint-Minan à Héraklion et à l’issue de laquelle il a béni le peuple orthodoxe, depuis les portes du sanctuaire.

7) Prière commune œcuméniste entre orthodoxes et papistes dans l’église orthodoxe de Bruxelles en Belgique, avec la participation de l’ex-métropolite de Belgique Emilianos.

8) Office des défunts célébré par les hiérarques orthodoxes du Patriarcat Œcuménique, devant la dépouille du Pape Paul VI en 1978.
9) Prières en commun entre orthodoxes, papistes et protes­tants, lors de l’intronisation du Métropolite en Suisse, Damaskinos, du Patriarcat Œcuménique, en l’Eglise Saint-Paul à Genève.

10) Sainte Eucharistie distribuée aux papistes en 1983, par des clercs orthodoxes de l’archevêché de Thyatire et de Grande-Bretagne, et participation, en 1979, de clercs orthodoxes du Grand Londres, aux vêpres oecuménistes dans l’église de Westminster.

11) En mai-juin 1984, réception dans des églises orthodoxes du Cardinal de Vienne Koenig et prières en commun avec des orthodoxes dans l’église d’un monastère de la Sainte Montagne.

12) La participation du Métropolite Augustin Lambardaki d’Allemagne à un culte oecuméniste dit de « la fraction du pain » en juillet 1984, comme l’ont rapporté les journaux de Stuttgart.

Les orthodoxes sont persécutés.

Les cas ci-dessus, parmi tant d’autres, sont des transgres­sions flagrantes et des foulements des saints canons, qu’en d’autres temps, quand la foi orthodoxe était vivante, les transgresseurs n’auraient jamais osés ; ils auraient été exemplairement châtiés. Mais aujourd’hui, tout cela se fait publiquement, d’une manière provocante, et si des fils fidèles de l’Eglise Orthodoxe osent protester contre ces transgresseurs, ils sont persécutés par les Chefs des Eglises Orthodoxes, excommuniés et punis par des PERES DU MONT ATHOS, qui voyagent à l’étranger et leur imposent des sanctions sévères, ce qui est un grand scandale.

Les menaces ne manquent pas contre les protestataires et les bastonnades que leur administrent les adversaires rappellent les époques terribles de l’Eglise où les hérétiques étaient soutenus et protégés, tandis que les fidèles étaient impito­yablement persécutés, comme au temps de l’arianisme. C’est terrible ! Où en sommes-nous arrivés ! Des hérétiques de toutes sortes : témoins de Jéhovah, maçons, athées, incré­dules, ne sont pas importunés, seuls le sont les fils fi­dèles de l’Eglise qui, comme on l’a dit, gardent jusqu’à présent le flambeau vivant de la foi orthodoxe et de la piété ancestrale.

Sous de telles conditions, la ligne de démarcation entre orthodoxes et hérétiques s’estompe progressivement et tend à disparaître, tandis que la panhérésie de l’œcuménisme, selon l’inoubliable Père Justin Popovic, submerge l’orthodo­xie. Des évêques pieux et orthodoxes éprouvent en leur âme une crise de conscience et se demandent si après de telles déviations – et pourquoi pas trahisons ? – ils peuvent continuer à commémorer les noms d1évêques, d’archevêques et de patriarches, comme dispensant fidèlement la parole de la vérité.

Certains insistent, avec exagération, sur la charité, disant qu’à cause d’elle beaucoup de concessions et de sacrifices doivent être faits. Mais la vraie charité est étroitement liée à la vérité ; car il ne suffit pas de dire simplement que nous nous aimons, mais il faut « professer la vérité dans la charité » (Eph. 4, 15), c’est-à-dire avoir une charité vraie et sincère unie à la vraie foi – et vouloir l’intérêt spiri­tuel de celui qu’on aime.
La charité sans la vérité, sans la foi, est un mensonge et une imposture. La charité, plante céleste, se plaît, fleurit et donne du fruit dans la vérité seulement ; et la vérité totale et non partielle ne se trouve que dans l’orthodoxie.

Devant ces manifestations inacceptables, le peuple orthodoxe commence à s’inquiéter sérieusement. Le drapeau noir qui a été hissé sur un des monastères du Mont Athos (Esphigmenou), pour protester vigoureusement contre les déviations et les démonstrations anti-orthodoxes, a ému le grand nombre.

Nous ne menaçons pas, nous sommes inquiets !

Sainteté, terminant la présente, je m’adresse en larmes à vous et à votre saint Synode, et vous demande de prêter l’attention qui convient à tout ce que vous dit un vieil évêque de l’Eglise Orthodoxe de l’Hellade, qui a passé sa vie à servir la Vigne du Seigneur et qui reçoit, depuis très longtemps, des masses de lettres de fidèles chrétiens qui demandent à être guidés et soutenus.

Je vous prie, encore une fois, de réviser la conduite inadmissible en de nombreux domaines et la tactique dange­reuse du Phanar envers les hérétiques et, en particulier, envers le papisme, qui parle et agit sans se lasser, gagnant sans cesse du terrain au détriment de l’orthodoxie, dont les 9/10ème se trouvent, malheureusement et depuis longtemps, sous l’influence de régimes totalitaires athées. Le temps n’est pas propice aux tentatives unionistes avec les hérétiques. Interdisez donc, de toutes les façons, l’entrée des églises orthodoxes aux papistes et aux autres héréti­ques, car rien n’indique qu’ils reconnaissent leurs cacodoxies et font pénitence. Interdisez aussi aux clercs ortho­doxes d’entrer dans les lieux de culte hérétiques et dans les assemblées des impies.

Que le peuple orthodoxe dispersé sur toute la terre, avant-garde du christianisme en lutte, se replie pour examiner et résoudre les problèmes qui se posent à lui, qu’il consacre tous ses efforts à unifier le monde orthodoxe et quand ce but sera atteint, viendra alors le temps pour se lancer hors du champ de l’orthodoxie.

Si l’état actuel se prolonge et que les transgresseurs des saints canons concernant les hérétiques demeurent impunis, si les fils de l’orthodoxie sont menacés d’excommunication, comment le signataire de la présente et d’autres évêques avec lui, qui, pour des motifs de conscience, avaient rompu la communion avec votre prédécesseur, comment pourra-t-il maintenant que les ouvertures se font de plus en plus larges et dangereuses, continuer à commémorer votre nom aux diptyques comme dispensant la parole de la Vérité ?

Depuis cette ville frontalière de la patrie hellène, j’ex­prime non seulement mon angoisse et celle de mon troupeau, mais aussi celle de milliers d’autres chrétiens de l’inté­rieur et de l’étranger. Entendez leurs voix, elles sont semblables à la voix des grandes eaux et ne nous acculez pas à des actes extrêmes, c’est-à-dire la suppression sur les diptyques du nom du Patriarche Œcuménique. Ne voyez pas en cela une menace, mais un cri de douleur et d’angoisse, un ultime appel à Votre Sainteté, pour le retour immédiat de la Grande Eglise de Constantinople dans l’orbite tracée par le Saint-Esprit dans les conciles œcuméniques et locaux…
… orbite de laquelle les Pères et les Docteurs d’éternelle mémoire de l’Eglise, ces modèles des vrais pasteurs, n’ont pas dévié dans la moindre chose, sacrifiant, tout au contraire, leur vie elle-même pour l’orthodoxie.

AUGUSTIN, Évêque de Florina, le moindre parmi les frères en Christ.

Les Persécuteurs de la Vérité.

Depuis dix ans se poursuit à la Sainte Montagne une persécution injuste contre les Pères Zélotes. Les monastères leur refusent des ermitages pour se retirer, s’ils veulent changer de quartier – ce qui est courant à l’Athos ; ou, pour ne pas commémorer Dimitri le latinisant, ils sortent pour la première fois de leurs monastères, on leur refuse d’amener avec eux des novices pour compagnons. Aussi les plus vieux souffrent-ils dans leur vieillesse, ce qui n’émeut point les responsables dont le but final c’est… de vider les ermitages des zélotes afin qu’ils tombent, le plus vile possible, entre les mains des monastères !

A l’opposé de cette conduite anti-fraternelle, anti-canonique et inique envers les Pères Zélotes qui défendent la piété ancestrale, on voit l’indifférence scanda­leuse des Autorités Athonites envers les moines non-zélotes qui transgressent sans pudeur les canons. Pourquoi la Sainte Communauté n’a pas puni, par une excommunication exemplaire ou par un blâme, les moines de Simon-Pétra qui ont insulté la sainte mémoire des Pères athonites martyrisés au temps de Bekkos (le patriarche latinisant) en hébergeant et en recevant à l’Eglise et au Réfectoire le cardinal Koenig ?

Comment la même Sainte Communauté approuve-t-elle le projet inouï et barbare de l’higoumène du Monastère Dochiariou, le père Grégoire Zoumi, de chasser le moine zélote Damien qui s’oppose à la marche cacodoxe et latinisante du Patriarcat ?

De quelle autre preuve, après cela, a-t-on besoin pour être convaincu que la Sainte Montagne s’est alliée, dans l’hérésie, au Phanar déchu, quand elle persécute ceux qui luttent pour la sauvegarde de l’orthodoxie dans ce lieu sacré ?
L’Hagiorite. N° 33. Juin 1985.

La Serbie : Un pays de témoignage et de Martyrs.

Lors de notre récente visite à notre voisine la Serbie qui confesse la même foi que nous, nous avons pu communiquer avec le clergé et le peuple de son Eglise, et nous avons apprécié, une fois encore, l’importance des persécutions de l’Eglise et la qualité de ses fidèles. Aujourd’hui en Serbie, après quarante ans de persécu­tion, la foi refleurit et une bouleversante renaissance s’accomplit, avec pour épicentre la jeunesse qui retour­ne à l’Eglise, porteuse de grandes espérances. Un des étudiants, qui par centaines se rassemblent ces derniers temps, dans les quelques églises qui restent encore ouvertes, interrogé pourquoi il venait à l’église, a répondu ceci : « Parce que seule l’Eglise ne nous a pas trompés, elle seule ne nous a pas trahis. » En quarante ans, aucune église n’a été construite. Dès leur enfance et jusqu’à leur libération de l’armée, les jeunes sont élevés dans le matérialisme et la propagande anti-religieuse. Les évêques et les prêtres ont été insultés, emprisonnés, bannis, congédiés, empoi­sonnés…
La Presse publie souvent des articles contre la religion. Et pourtant la foi vit, le peuple reste pieux. Et maintenant, les chefs politiques sont obligés de tenir compte de la présence de l’Eglise qui commen­ce à revendiquer ses droits et à élever la voix.

Le Saint Synode actuel est, selon l’opinion générale, dynamique. Les évêques qui le composent, de même que tous les évêques, sont courageux. Ils tapent des pieds et ne supportent plus les attaques de l’Etat. Le Ministre des Cultes a osé publier dans un journal, un article plein de piques à l’adresse de la religion. Le Saint Synode a réagi aussitôt, rompant toute relation et toute coopération avec l’audacieux marxiste, et déclarant que tant que ce personnage resterait en place, il n’aurait aucun contact, aucune discussion avec lui. L’affaire a agité le parti. Après cela, la demande réitérée et toujours rejetée pendant quarante ans, de reprendre les travaux de construction, au centre de Belgrade, de l’église inachevée de Saint Savva, le grand Père et patron de la Serbie a été satisfaite, car le Dimanche 12 Mai, en présence du Patriarche et de toute la hiérarchie Serbe, une cérémo­nie officielle s’est déroulée sur le chantier, avec le concours de l’immense foule du peuple, qui voyait, en larmes, se réaliser le rêve de tant de générations, et le monstre du marxisme reculer couvert de honte, devant la volonté inébranlable du peuple et de ses pasteurs.

Les jeunes aujourd’hui, sont à l’avant-garde du retour à la foi. L’Association des Etudiants organise mainte­nant des discussions sur la religion et accueille avec beaucoup de soulagement, la présence de clercs serbes, comme le père Amphilochios Rantobitz, qui apporte le témoignage du Christ aux enfants du désespoir. Personne, aujourd’hui, n’a la force d’arrêter ce courant, qui va sans cesse en augmentant. Le marxisme ne dit plus rien au cœur des jeunes ; ils ont connu son visage inhumain, ils ont subi ses terribles expériences. Maintenant émerge, vêtue de rouge par le sang des martyrs, la Sainte Orthodoxie qui apporte l’espérance. La résistance dynamique à la bête de l’incrédulité porte du fruit. L’époque des concessions, partie du plan de survie est terminée. Le Patriarche devait déclarer : « Nous n’avons pas trahi notre foi. » Puis : « Nous ne sommes pas l’Eglise rouge, comme certains le disent à l’étranger. Nous avons la force de proclamer ce que nous croyons. »

En Serbie, nous avons rencontré des clercs martyrs, des enfants martyrs de prêtres, de simples fidèles martyrs. Une Eglise qui dispose d’une telle armée de nouveaux-martyrs est digne de vivre. Et elle vit, en dépit des athées.
Orthodoxos Typos. N° 653, 24 Mai 85.

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