dimanche 2 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°7. Notes de lecture.

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Notes de lecture

Irène ECONOMIDES.
DIFFERENCES ENTRE L’EGLISE ORTHODOXE ET LE CATHOLICISME ROMAIN. Athènes. 1985.

La conscience orthodoxe est rare aujourd’hui. C’est avec nostalgie que l’on songe au peuple de Constantinople qui accueillait avec colère, les évêques qui avaient trahi la foi au Concile de Ferrare-Florence au XVème siècle, pour leur demander ce qu’ils avaient fait du Dépôt de la Foi, que le Seigneur leur avait confié, le jour de leur consécration, à ces évêques qui, honteux, disaient en débarquant à Constantinople, après le faux-concile de Florence, où ils avaient signé la fausse union :  '' coupez ces mains qui ont signé". Pendant quatre cents ans de domination turque, cette conscience du peuple chrétien a donné à l’Eglise, une foule de martyrs et de confesseurs ; mais depuis l’indépendance, en 150 ans, cette confession orthodoxe du peuple a été ébranlée par l’influence occidentale. En Europe et en Amérique, de nombreux orthodoxes ont pris les mauvaises habitudes du peuple d’Israël à Babylone, et se laissent absorber par la religion anonyme et an-hypostatique qui s’annonce sous le nom d’œcuménisme.

Pourtant, Dieu suscite encore des individualités qui confessent la fol orthodoxe et témoignent, autant qu’ils le peuvent, de la Vérité. Ainsi Irène Economidès, guide du tourisme hellénique, a édité un remarquable petit livre en anglais et en français, pour que le visiteur de la Grèce, qui serait ami de la Vérité, puisse la connaître et la vivre. Nous nous permettons d’en citer un extrait, en souhaitant qu’il soit lu et largement diffusé : '' Trois mauvais esprits du XIXème siècle, ont poussé le monde à l’état de désastre moral, où il se trouve actuellement : Marx qui a dit que le problème de l’homme ne réside que dans la satisfaction des besoins matériels, Freud qui a dit que l’homme est esclave de ses besoins sexuels et Nietzche qui a dit que Dieu est mort"... Il est temps que le monde se repente d’avoir cru à leurs paroles et non en Celui qui est la Vie, la Voie et la Résurrection.

''Les démons ne peuvent pas entrer dans l’âme quand elle est nettoyée''  (Matthieu 12, 43). Ces trois mauvais esprits, les plus grands démons du monde contemporain, ont pu pénétrer dans l’âme des peuples, parce qu’ils ne l’ont pas trouvée prête à résister. Le Catholicisme Romain et le Protestantisme avec leurs différentes déviations de la tradition apostolique, n’ont pas été capables de retenir les peuples dans la voie de la sainteté.

Où irons-nous trouver le remède à ce mal ? Seulement dans la vie en Christ, qui n’est possible que dans l’Eglise Orthodoxe, qui est la véritable Eglise-Mère : '' Une, Sainte, Catholique (universelle) et Apostolique'' jamais déformée à travers les siècles. La seule qui garde la sainte tradition intacte et qui possède les Saints-Sacrements dans toute leur pureté et leur efficacité...

Pourquoi donc le monde occidental cherche aujourd’hui le merveilleux chez les Indous, et ne revient-il pas à l’Eglise-Mère d’où il fut séparé au XIème siècle ?
Pour guérir l’âme occidentale, qui est aujourd’hui souffrante, il faut la réconciliation avec Dieu. Il faut que l’Occident redevienne humble, comme l’aveugle de l’Evangile qui criait au bord de la route : '' Fils de David, aie pitié de moi pécheur. '' (Luc.18, 38).

Et le Seigneur qui est plein de miséricorde pour tous les pécheurs, pour lesquels II a versé son sang sur la Croix, ouvrira Ses bras, ces bras qu’il a étalés sur la Croix, pour enlacer et guérir l’Occident qui a vécu dans la révolte pendant presque dix siècles...

Ce problème ne peut être résolu que dans la foi orthodoxe, quand elle est vécue honnêtement..." Pour se procurer ce livre si utile, s’adresser à la raternité Orthodoxe Saint Grégoire Palarnas.
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Karl Ferdinand WERNER
HISTOIRE DE France. LES ORIGINES. Fayard. Paris.

Le livre de K.F. Werner, consacré aux origines de la France, donne à la fois une très bonne explication du mythe frank et de l’idéologie francque, et une interprétation restrictive des invasions barbares et de la féodalité.

Le ''mythe frank", la justification du comportement sauvage des franks à l’égard de la Gaule Romaine, est de nature religieuse : '' L‘explication religieuse du rôle des franks dans le monde catholique - un rôle fondé sur la volonté divine - est directement issu de la situation du christianisme en Gaule, au moment des invasions et de celle de l’hérésie arienne. L’action de ces idées a été puissante et décisive dans l’histoire de la nation française et des idées que dette dernière s’est faite de sa mission particulière". Les franks ont voulu ainsi faire croire pour eux-mêmes à une sorte d’élection à celle du peuple juif dans l’Ancienne Alliance. Cette Infaillibilité, cette prédestination ont été justifiées et proclamées par l’Eglise francque occidentale qui a gardé au moins, jusqu’au XIXème siècle, les caractères d’une féodalité spirituelle. Werner cite le cardinal Langénieux qui écrit en 1896, dans l’introduction de la ''France Chrétienne dans l’Histoire'' : ''Le peuple frank a été au Vème siècle, cet élu de la Providence, dont le Christ laisse pressentir l’avènement en signifiant à Israël sa réprobation. (Mat.XXI, 46).

Nul autre depuis n’a reçu une destination plus marquée…'' Cette gloire francque, cette infaillibilité francque, que curieusement les écoles de la République ont célébré elles aussi, étaient très fragiles, à l’origine. Aussi, les franks ont essayé de se trouver une généalogie moins barbare que les forêts germaniques. La chronique de Frédégaire, datée du milieu du VIIème siècle affirme l’origine troyenne de ces franks qui habitent la Gaule : '' Au chapitre  '' De la Captivité de Troie et des origines des franks et des romains", Priam, roi de Troie, est compté comme le premier roi des franks. Partis après la destruc­tion de leur ville, les troyens seraient allés avec leur chef Frégia en Macédoine, pour arriver enfin et après des fortunes diverses, au pays situé entre le Rhin, le Danube et la mer. Celui qui les conduisait, le valeureux  ''Francion" - Francus, dans les textes postérieurs - leur aurait valu le nom de franks. Soumis un certain temps aux romains, ils en auraient rejeté le joug : plus personne n’aurait pu, depuis, les vaincre.''
Cette légende absurde a été largement crue et diffusée durant tout le Moyen-âge, elle est entrée dans ''l’imaginaire populaire". Ce n’est qu’au XVIème siècle que les premiers humanistes ont commencé à voir dans les franks des envahisseurs et les vain­queurs des gallo-romains.

Le mouvement vint d’Italie où l’on louait la puissance et la supériorité culturelle des romains et où l’on fustigeait le  '' Moyen-âge", dont  '' le latin et l’art médiocre étaient attri­bués à l’action des barbares du nord des Alpes."

Etienne Pasquier, en 1560, admit l’origine germanique des franks et écrivit : '' Etant donc les français arrivés dans les Gaules, et s’en étant fait maîtres et patrons", et encore : '' Les vaincus qui furent faits serfs, auxquels on laissa leurs terres, mais avec tant de charges pesantes". Peu à peu, la théorie des deux races, des deux peuples fut admise, bien qu’à partir du XVIIème siècle, elle devint Raison d’Etat : la légitimité de la monarchie française reposait sur une base bien fragile ; ainsi Nicolas Fréret fut envoyé à la Bastille, parce qu’il distinguait clairement, dans la population française, une masse de souche gauloise et une minorité descendant des envahisseurs franks.

Ces idées eurent à la fin du XVIIIème siècle, un certain rôle dans la genèse de la Révolution Française et l’on sait que Sieyès se proposait de renvoyer '' dans les forêts de la Franconie '' les descendants des franks. La Révolution politique n’a, malheureusement pas été suivie d’une révolution religieuse qui aurait rendu aux descendants des gallo-romains leur Eglise.

Le livre de Werner est pourtant, profondément marqué par le mythe frank ; Werner semble croire qu’au IVème siècle, le monde romain a deux autorités principales, l’empereur de Constantinople en Orient, et l’évêque de Rome en Occident ; il voit dans la féodalité une institu­tion plutôt bénéfique ; il accepte le poncif d’un Charlemagne savant et lettré.

Une fois de plus, on peut constater, qu’il est très difficile à l’historio­graphie occidentale de sortir de ce mythe frank qu’elle analyse pourtant fort bien ; il faudrait, en effet, pour le dépasser, mettre radicalement en doute, la  '' légitimité '' de l’Eglise Occidentale.

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CHRONIQUE

Orthodox Typos. N°659, du 5 Juillet 1985, publie le Rapport de la Délégation de l’Eglise d’Hellade, au Dialogue théologique entre Orthodoxes et Catholiques / Romains.

LE VATICAN IMPOSE SON JOUG

L’Orthodoxie poursuit le dialogue théologique
dans des conditions défavorables ;
Rapport révélateur sur ces travaux

De la manière dont il se déroule, le DIALOGUE THEOLOGIQUE est un grand danger pour l’Orthodoxie.
C’est une stratégie méthodique qui vise a soumettre le monde chrétien au Vatican. Le principe pernicieux qui veut que l’on parle, tout d’abord, de ''ce qui unit '' et qu’on laisse de côté ce qui divise, conduit, comme cela est souligné dans ce rapport, à une  '' union sous l’autorité de la tête visible de l’Eglise : le Pape de Rome.

Dans le rapport des délégués de l’Eglise d’Hellade au  '' Dialogue Théologique", entre Orthodoxes et Catholiques/Romains, daté du 9 juin 1984, on relève les éléments révélateurs suivants :

I. Par le vote de certains orthodoxes, joints aux voix des C/R., on obtient, quelquefois, une majorité favorable aux thèses du Vatican ; mais '' jamais un membre de la délégation C/R. ne se joint, dans les votes, aux thèses de la majorité des Orthodoxes."

2. La délégation orthodoxe présente au  '' Dialogue '' une image décourageante.

3. La délégation orthodoxe ne possède pas, en général, de membres capables de s’exprimer théologiquement et de comprendre la problématique orthodoxe.

4. Le Patriarcat Œcuménique, privé de tout appui politique, lutte avec des moyens inégaux, dans les discussions, avec le Vatican tout-puissant.

5. La méthodologie du DIALOGUE est préjudiciable à l’Orthodoxie et profitable aux C/R. Le Rapport demande que les représentants aient pleins-pouvoirs, pour poser, dès le début, la question de la méthodologie des débats : '' discuter, non pas seulement, ce qui unit, - est-il souligné - mais aussi ce qui divise."

EXTRAITS DU RAPPORT
DES DELEGUES DE L’EGLISE HELLADIQUE
Mgr. Chrysostome de Péristériou et du professeur Théodore Zisi

Au cours du DIALOGUE, de sérieuses défaillances ont été constatées chez les Orthodoxes. L’absence d’une ligne de conduite cohérente et unique, a eu pour conséquence la venue au DIALOGUE de délégués orthodoxes totalement non préparés, face aux C/R qui eux, formaient un tout unique et compact, bien préparés et dociles à une ligne arrêtée à l’avance.

Le désaccord entre les Orthodoxes, sur des questions théologiques graves - comme s’il n’y avait pas accord et unité de dogme dans l’Eglise Orthodoxe, était chose courante. Ce désaccord apparaissait très souvent et occupait la plus grande partie des dis­cussions, sous les regards malicieux et ironiques des C/R, qui ne se gênaient pas de dire, qu’ils n’arrivaient pas à saisir quelle opinion théologique des orthodoxes devait être retenue, et que les Orthodoxes, devaient, tout d’abord, s’entendre entre eux.

Nous avons constaté, non sans douleur, qu’à la suite de  '' l’éloignement de la théologie orthodoxe hors de la maison des Pères, et des diverses influences qu’elle avait subies pendant son séjour sur la terre étrangère", bon nombre de membres orthodoxes, adoptaient pour orthodoxes et par ignorance…
…des points de vue C/R et rejetaient l’enseignement pur et orthodoxe dont la vie et la théologie orthodoxes rendaient témoi­gnage.

On a vu des membres orthodoxes sous-estimer totalement la théologie et les divergences théologiques et prêts à accepter tout ce que les C/R proposaient...

Il devient clair alors, qu’il ne s’a­git pas d’un DIALOGUE sur pieds d’égalité, mais d’un dialogue inégal, unilatéral, car, à l’ensemble cohérent et indivisible des C/R, viennent s’ajouter, lors des votes, bon nombre de voix orthodoxes ; une seule voix orthodoxe suffit, pour que les C/R obtiennent toujours la majorité ; et malheureusement, ils disposent de plus d’une voix orthodoxe, dans la délégation orthodoxe actuelle. Par contre, jamais un membre de la délégation C/R ne s’est joint à la majorité des orthodoxes. Si par bonheur, l’un d’eux se montrait quelque peu favorable aux thèses orthodoxes, au cours des discussions, il était aussitôt rappelé à l’ordre et à l’obéissance, pendant la suspension des séances.

La question du mode de scrutin, sur les sujets graves, se pose alors...parce que le comportement de la délégation C/R donne la preuve que le Vatican aborde le DIALOGUE avec des critères de missions diplomatiques, car en aucun cas, on a noté de désaccord ou de variante, dans la manière de voter de la délégation C/R...

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L’absence d’un secrétariat pour la délégation orthodoxe est extrêmement désagréable ; les orthodoxes se sentent, intérieurement, les obligés et les dépendants du Secrétariat pour l’union des chrétiens, du Vatican, qui s’est chargé d’assumer, - on ne sait pourquoi - ce  service d’information. Le président orthodoxe utilise timbres et enveloppes du Vatican, comme s’il était uniate. Pour les C/R, l’importance du secrétariat est telle, qu’ils ont nommé comme secrétaire le très capable p.Duprey, qui tire les ficelles organiques et théologiques de la délégation C/R. C’est lui qui dirige, en effet, le DIALOGUE...

Les orthodoxes n’ont pas une personne équivalente, de mêmes capacités el de savoir théologique. Souvent, au cours des discussions théologiques, quand le p. Duprey s’aperçoit que le vent tourne en faveur des orthodoxes, il intervient immédiatement, pour rappeler aux C/R hésitants, la position du Vatican…Le président de la délégation C/R est toujours très sensible aux réactions du p. Duprey.

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Les participants orthodoxes aux discussions, capables de s’exprimer théologiquement, de faire face aux problèmes qui se posent ou peuvent se poser sont, malheureusement très peu. Sur les vingt-huit membres que compte la délégation orthodoxe, les doigts d’une main suffisent largement, à compter ceux qui comprennent la problématique théologique et ses retombées sur la vie de l’Eglise et du monde. Pourtant, il y a dans les Eglises orthodoxes locales, un potentiel théologique très dynamique et de grande valeur qui reste malheureusement, inutilisé.


Il est vrai que ces faiblesses sont dues aux conceptions ecclésiologiques différentes des deux partis. D’un côté, il y a le centralisme du Vatican, l’autorité d’un seul centre, qui définit une ligne unique et qui choisit les théologiens capables de la soutenir, et de l’autre côté, il y a le système décentralisateur des Eglises orthodoxes autocéphales ; chacune d’elle se comporte au DIALOGUE comme bon lui semble et délègue, sous sa seule responsabilité ses représentants, sans entente préalable avec les autres Eglises.

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La faiblesse très grave des orthodoxes est dûe au fait que la plupart des Eglises qui participent au DIALOGUE, n’ont pas d’appuis politiques, de couvertures politiques. Le pouvoir politique, de bon nombre de pays orthodoxes, non seulement ne soutient pas les Eglises, mais cherche plutôt à les utiliser à son profit. Tandis que le Vatican, en tant qu’Etat, dispose dans tous les pays, des légations officielles, un corps diplomatique particulier, et ainsi, il influence, sérieusement, à l’échelle mondiale, toutes les décisions prises. Il est donc très compréhensible, que dans la lutte pour garder l’équilibre des affaires de ce monde, les grands parmi les grandes puissances, cherchent tout particulièrement, sinon la faveur, du moins la tolérance du Vatican ; ce crédit, le Vatican l’utilise, avec bénéfice, sur le terrain ecclésiastique. Le Patriarcat Oecuménique, privé de tout support temporel et politique, s’efforce de lutter avec les moyens du bord avec le Vatican tout-puissant, installé même en territoire Turc, et qui a eu la force de décider du sort et de l’avenir des orthodoxes qui se trouvaient sur le sol asiatique, au temps des massacres d’Asie-Mineure (1922). Le rôle que l’Eglise Helladique, seule Eglise forte, dans un état libre, est appelée à jouer, en accord avec le Patriarcat Oecuménique, dans les conditions actuelles, apparaît clairement maintenant...

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On doit souligner, tout particulièrement, le fait que les représentants des Patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Russie, font cause commune et épousent les thèses des C/R. Ce point est très important et devrait préoccuper, sérieusement, les autorités compétentes. Une attention spéciale doit être portée sur le comportement de la délégation du Patriarcat d’Alexandrie, car la position du membre laïc est difficile, face à un clerc prêt à signer l’union dès demain, s’il le pouvait, mais les C/R refusent.

Les délégations des Eglises de Jérusalem, de Chypre, de Serbie, se sont bien comportées. Par contre, les délégués des Eglises de Bulgarie, de Géorgie, de Finlande, se sont alignés sur l’Eglise Russe. L’Eglise de Roumanie, a joué un rôle propre, particulier, oscillant entre Rome, Moscou et la Tradition Orthodoxe.

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Comme on l’a vu plus haut, bon nombre de délégués orthodoxes suivent au DIALOGUE, une ligne tracée par d’autres, qui profite aux seuls C/R et nullement aux orthodoxes. Ils considèrent le DIALOGUE comme leur affaire personnelle et se définissent en fonction de leurs relations et de leurs intérêts personnels.
Pour justifier leur attitude philopapiste, ils mettent tout en oeuvre pour isoler la délégation de l’Eglise d’Hellade et la faire passer pour réactionnaire. En tout cas, dans la phase actuelle du DIALOGUE, ils n’ont pas atteint leur but, car à la fin de l’assemblée, ont été justifiées et scellées les positions de la délégation helladique, dont le comportement a été plein de dignité, dans la défense de la théologie, orthodoxe, fidèle aux instructions du Saint-Synode et à la ligne tracée par lui. Grâce à son intervention dans les questions graves, des améliorations ont été apportées dans la formulation des textes proposés.

Vu du côté orthodoxe, le problème ne consistait pas à améliorer la phraséologie du texte, mais aussi à l’imprégner, dans son ensemble, de théologie patristique et de liturgie pratique. Là où le texte reflétait la théologie occidentale, la délégation helladique a proposé des modifications substantielles, des additions, que la commission chargée de la révision du texte a refusées. Ses propositions n’ayant pas été retenues, la délégation helladique a déclaré ne pouvoir signer le texte définitif. Les réserves de la délégation helladique, ont été, cependant, approuvées, lors de la réunion, par les Eglises de Jérusalem, de Chypre et par d’autres orthodoxes. Cette fois, évitant l’isolement, la délégation de l’Eglise d’Hellade, a été l’expression du sentiment général, de la foi commune, elle a été la voix de l’orthodoxie. Embarrassé, le Président de la Délégation, ne pouvant obtenir, au dernier moment, l’approbation et la signature d’un texte final commun, décidait, après une pénible discussion, de ne pas publier de texte final, de prendre en considération les observations de l’Eglise d’Hellade et, le cas échéant, celles d’autres délégations, et d’en tenir compte lors de la prochaine réunion de la commission de coordination, et de présenter un texte final pour être approuvé et signé, lors de la prochaine réunion de la commission plénière mixte, qui aura lieu à Bari en 1986...
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On sait, qu’en Occident, se manifeste une forte tendance de retour au christianisme de l’Orient. Sans prosélytisme, par la seule force de son esprit, l’Orthodoxie est devenue un pôle d’attraction pour les hommes nouveaux, même pour les cercles théologiques. Le monachisme orthodoxe, par exemple, exerce un attrait très fort. Cette tendance de retour à l’Orthodoxie spirituellement plus forte que l’Eglise C/R toute-puissante selon ce monde, cette tendance est freinée par le DIALOGUE, qui se présente de part et d’autre, comme ne divergeant pas sur les questions essentielles ; en conséquen­ce, ceux qui cherchent quelque chose de particulier dans l’Orthodoxie sont désavoués. Voilà pourquoi les C/R, malheureusement suivis par bon nombre d’orthodoxes, insistent pour que le DIALOGUE com­mence par l’examen, non pas de ce qui divise mais de ce qui unit. Ainsi donc, avant d’arriver à ce qui divise, les deux partis apparaîtront ne diverger en rien, et les nostalgiques de l’Orthodoxie resteront spirituellement et théologiquement flottants, suspendus dans les airs, cherchant ailleurs ce qui existe chez eux. Il est inutile de souligner que tout dialogue est sans objet quand il n’y a rien à discuter. Jamais, dans l’histoire, on a discuté sur des points où l’ont était d’accord...

Plus grand est le préjudice causé par le prosélytisme, sous le couvert du DIALOGUE. Dans les pays du Moyen-Orient en particulier, les minorités orthodoxes résistaient, jusqu’à présent, aux propositions fallacieuses des spécialistes du prosélytisme, et affirmaient que l’Ortho­doxie était différente et supérieure au catholicisme.
Des protestations au sujet du prosélytisme, ont été entendues au cours du DIALOGUE en Crète. Le problème du prosélytisme a été posé dès le premier jour de la rencontre, au cours de la réunion spéciale entre orthodoxes.

Il a été posé par le Métropolite de Pétra, Mgr Germanos, délégué du Patriarcat de Jérusalem, qui a dépeint, avec des couleurs sombres, l’état du Patriarcat, et a analysé le rôle néfaste des C/R, qui grâce à leur force économique, utilisent des procédés, avouables et inavouables, pour prosélytiser les orthodoxes, surtout les jeunes qui fréquentent, à cause des événements actuels, les écoles C/R.

Ils obligent les jeunes élèves orthodoxes à participer à leur culte et faire une première communion avec leurs condisciples C/R. Ce sacrement est administré à un certain âge et non pas sitôt après le baptême comme chez nous. Même état de choses au Patriarcat d’Antioche, décrit par le Métropolite Georges du Mont Liban. Sur le contenu des rapports des délégués des Patriarcats du Moyen Orient, il y a eu discussion large et profonde ; tous les orthodoxes y ont pris une part active. Tous, les orthodoxes ont voté pour une déclaration écrite, sauf l’Archevêque Cyrille de l’Eglise de Moscou et le Métropolite Parthénios du Patriarcat d’Alexandrie qui se sont abstenus.

A la suite d’intrigues de couloirs, ces derniers ont réussi à renverser la décision de la commission interorthodoxe et à remettre l’affaire sur le tapis. Il fut alors décidé que le Président Orthodoxe Stylianos ferait une déclaration verbale ; elle aussi, pour des raisons inconnues, n’a pas eu lieu. Juste avant la fin des travaux, le Métropo­lite de Pétra Mgr Germanos, a donné lecture d’une lettre du Patriarcat de Jérusalem, aux membres de la commission mixte de théologie, sur le prosélytisme exercé par les C/R, et a demandé au Cardinal Willebrandt de [‘étudier avec soin et de prendre les mesures qui s’imposaient. Ce Cardinal qui préside le secrétariat pour l’union des chrétiens, a promis de faire le nécessaire. La délégation de l’Eglise d’Hellade, a attiré l’attention des membres sur l’importance de cette question du prosélytisme et a déclaré que l’absence d’une solution rendrait le DIALOGUE difficile, de même que les relations entre les deux Eglises en général...

La méthodologie du DIALOGUE est préjudiciable à l’Orthodoxie et profitable aux C/R. L’examen des divergences, tant théologiques que cultuelles, étaient soigneusement évitées, et si elles se présentaient au cours des discussions, elles étaient remises sine die. L.’empressement apporté à l’examen de la plupart des questions acceptables par tous était manifeste. La délégation de l’Eglise d’Hellade a insisté pour que fussent étudiées les divergences des deux Eglises sur les trois sacrements initiaux ; sa proposition a été refusée, sous prétexte qu’elle allait à l’encontre du principe posé pour le DIALOGUE, à savoir que l’on devait étudier tout d’abord, ce qui unissait...Les divergences peuvent attendre. Ce qu’il faut, c’est s’unir sous la tête visible de l’Eglise : le Pape de Rome...

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Agathangellos, N° 89, Mai-Juin 1985, écrit :

ON PREPARE LE PSEUDO-HUITIEME
CONCILE OECUMENIQUE

Dans ce but, est arrivé à Athènes, début Mai 1985, le secrétaire de la commission préparatoire, le métropolite Damaskinos.

On prépare le  ''grand concile", que va précéder la 3ème conférence pré-conciliaire pour l’examen des sujets suivants :

1° Réadaptation des jeûnes et des carêmes.
2° Relations des Eglises Orthodoxes avec le monde chrétien.
3° Orthodoxie et mouvement œcuménique.
4° Contribution des Eglises Orthodoxes locales au règne des idéaux chrétiens : la paix, la liberté, la fraternité, l’amour entre les peuples, etc. Toutes ces devises impies et communistes sont utilisées à satiété.

Mgr. Damaskinos coopère avec l’Archevêque d’Athènes Mgr. Séraphim. Le quotidien athénien ''KATHIMERINI'' du 9.5.85, écrit qu’il y a accord parfait et exemplaire avec la ligne du Phanar. Mgr. Damaskinos doit ensuite visiter les autres Patriarcats et l’Archevêché de Chypre, pour s’assurer de l’unité de vues des primats '' orthodoxes". L’œcuméniste Sp. Aléxiou, écrit dans le quotidien ci-dessus, qu’après la 3ème conférence aura lieu une 4ème qui étudiera divers sujets d’ordre interne, puis enfin, viendra le  ''Grand Concile".

D’après l’ordre du jour de la 3èmè conférence, on comprend que le futur concile sera un  ''brigandage". Et voici pourquoi :

1. On ne peut pas réadapter la divine institution des jeûnes et des carêmes, parce qu’ils sont protégés par les saints canons qui condamnent les transgresseurs aux peines de la déposition et de l’excommunication.

2. Les relations des orthodoxes avec les hétérodoxes ou  ''monde chrétien", sont réglées par les Conciles Œcuméniques. Aucun concile postérieur ne peut rien décréter de contraire aux précédents, ni altérer les décisions divines révélées par le Saint-Esprit. Nous n’avons pas de pape qui peut changer d’avis. Nous, nous avons Dieu, nous avons son Eglise, la seule et unique qui ne change pas, parce qu’elle ne se trompe jamais. Si elle n’était pas inaltérable pour tous les siècles, si elle ne possédait pas l’infaillibilité, elle ne serait pas de Dieu, et nous ne serions pas tenus de croire en elle. Mais avec les Pères nous crions : '' Pas un iota, pas une virgule ne seront supprimés de la Loi Divine, jusqu’à la fin des siècles. Tenez-vous dans les traditions et gardez-les", dit l’apôtre.

L’Orthodoxie ne peut co-exister avec le mouvement de la panhérésie œcuméniste. Quelle part a le fidèle avec l’infidèle, le Christ avec Bélial ?

3. La devise communiste, sans cesse répétée, pour impressionner le peuple : règne de la paix, fraternité, liberté, amour et fin du racisme, c’est fort bien. Mais quand eux-mêmes (Damaskinos et les autres) transgressent ces valeurs, comment pourront-elles régner ? En répétant, sans arrêt, les mêmes devises, ils espèrent obtenir les suffrages des simples tout en les trompant. Ils marchent d’un pas rapide vers leur  ''pseudo-concile", qui démolira l’Orthodoxie et réformera canons et traditions...

Par la longue préparation de ce  '' concile'' on tâte le pouls...
La prière et la vigilance s’imposent !

Dans le même numéro du périodique ci-dessus on lit :

Interviewé, lors de son passage à Athènes, par le théologien œcuménique Sp. Aléxiou, le même préparateur du  ''grand concile'' a déclaré, toujours pour le quotidien athénien KATHIMERINI, le 19 Mai 1985, ceci :


Q. Etes-vous optimiste à propos du DIALOGUE de l’Orthodoxie avec le monde chrétien, et en particulier avec l’Eglise C/R ?

R. Le dialogue de l’Orthodoxie avec les autres églises ou confessions chrétiennes, tel qu’il a été inauguré par les Encycliques, que j’appellerais volontiers ''prophétiques'' du Patriarcat Œcuménique, au début de notre siècle (1902 et 1920), a pour objet le dépassement de l’époque des antagonismes, du fanatisme, de l’intolérance du passé l’arrivée d’un esprit nouveau de rapprochement ecclésiastique, de compréhension, de coopération avec tout le monde chrétien, pour envisager ensemble, les problèmes communs de notre époque. Ce rapprochement est devenu une réalité, grâce au dialogue oecuméniste, qui a posé, enfin, la question de la quête totale de l’unité ecclésiasti­que du monde chrétien, avec pour conséquence immédiate, le com­mencement des dialogues théologiques officiels.

La participation et la contribution du Patriarcat Oecuménique et de l’Eglise Orthodoxe en général, aux efforts pour l’unité du monde chrétien, a été immense et elle est reconnue, de nos jours, par le monde entier. Les rapports avec l’Eglise C/R en particuliers, fondés sur l’esprit du dialogue de la charité, entre le trône papal et le Patriarcat Oecuménique, ont créé le climat d’un réel rapproche­ment. Les rencontres entre le Pape et le Patriarcat Œcuménique, la levée réciproque des anathèmes de 1054, l’ouverture officielle du DIALOGUE THEOLOGIQUE entre les deux Eglises, l’influence de la patristique et de la spiritualité orthodoxes et tout particulièrement l’esprit de coopération et de rapports fraternels, ont été exprimés lors de la récente visite du Pape, en Juin 1984, au centre orthodoxe du Patriarcat Oecuménique à Genève. Ce nouvel esprit, dans les rapports fraternels entre les deux Eglises, ne peut avoir qu’une suite positive."

D’après la réponse du métropolite Damaskinos, on comprend que l’œcuménisme hérétique, qui a atteint son point culminant sous les patriarches maçons Mélétios Métaxakis et Athënagoras, n’a pas été interrompu, comme certains le pensent, mais il continue de progresser, chaque jour fortifié ! Quant à sa référence aux encycliques blasphématoires, surtout celle de 1920, qui confessent la foi œcuméniste, elles annonçaient l’attaque qui allait être lancée. Mgr Damaski­nos confesse qu’il y a une nouvelle voie, une nouvelle doctrine, une nouvelle ligne dans  '' l’Eglise". Le passé est abandonné de même que ''l’intolérance". Il n’y a plus de clôture, il n’y a plus d’hérésies, il n’y a plus de tradition. Il rappelle la levée des anathèmes et appelle ''Eglises'' toutes les hérésies...
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Orthodox Typos, N° 66O du 12 Juillet, ne partage pas l’optimisme ni les vues du Métropolite Damaskinos. Voici ce qu’il écrit :

Et à nouveau, il est beaucoup question de dialogues théologiques entre orthodoxes et hétérodoxes. Ceux qui ont quitté l’Eglise pour suivre leur propre voie, nous invitent maintenant à dialoguer, en vue d’une union des deux partis. Ils nous laissent entendre, qu’ils ne désirent pas, qu’ils n’ont pas l’intention de renoncer à leurs positions.

Nous dirons, nous aussi, deux mots simples et brefs.
En tant que membres fidèles de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, en tant que peuple  ''gardien de l’orthodoxie", que les dialogues théologiques ne sont pas mus, du côté hétérodoxe, par la sincérité. Ce sont des dialogues qui visent à l’asservissement méthodique de l’Eglise. C’est une mise en scène pour égarer spirituellement les fidèles qui n’oublient pas la conduite de l’Occident dans le passé, contre l’Orient, mais aussi les paroles des saints de l’Eglise, anciens et récents, depuis saint Marc d’Ephèse jusqu’à saint Cosma d’Etolie, saint Nicodème l’Athonite et saint Nectaire d’Egine, qui considèrent le Pape comme ennemi de l’Eglise. Ces dialogues théologiques sont un piège perfide.

S’ils sont sincèrement disposés à s’unir, qu’ils renoncent à leurs cacodoxies et retournent, par la pénitence, à l’Eglise Mère. Le reste vient du malin.

La participation des délégués orthodoxes à ces dialogues, elle est sincère, car l’Eglise veut l’union de tous, mais sous la conduite du Christ Sauveur et non sous le sceptre du Pape. Nos délégués participent, par devoir, à ce dialogue perfide, où ils sont joués, et spirituellement malmenés. Leurs interlocuteurs visent autre chose. ''Ce'' qu’ils veulent, et  '' comment '' ils le veulent, nous a été révélé, avec clarté, par le rapport des délégués de l’Eglise Helladique, qui ont lutté avec courage lors de l’assemblée de Crète.

Le peuple fidèle reste déconcerté par les machinations des papistes et leur empressement à faire une certaine ''union'' sous l’autorité du Pape. Ces hommes sont aveugles. Ils oublient que  ''l’on ne se moque pas'' du Dieu Tout-Puissant. Ils oublient le concile de Ferrare-Florence. Ils oublient aussi, qu’on trouve encore, en ce pays, des clercs dignes, des théologiens dignes, et un peuple nombreux...

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ESTIA, journal athénien, du 14 juin 1985, publie la lettre d’un lecteur sur le Mont Athos, sous le titre :

LE DANGER INTEREUR

II est très rassurant de constater, d’après le récent commentaire d’ESTIA, que le gouvernement, comme l’opposition, veuillent prévenir l’infiltration d’étrangers et surtout de slaves, à la Sainte Montagne. Et comme il arrive souvent, que des citadelles tombent de l’intérieur, on se demande, si quelqu’un veille à prévenir une prise de la Sainte Montagne, de l’intérieur. Car les nouvelles qui parviennent de ce lieu sont inquiétantes.

Un éditorial du périodique communiste '' LE SCHOLIASTE", rapporte les propos d’un higoumène athonite qui déclare avec fierté : ''Qu’il n’est pas de plus grand irrationalisme = anarchisme que celui de la Sainte Montagne, et que l’état est une forme d’esclavage, et que la société ne nous intéresse pas ! ''

Dans le même éditorial, il est dit que '' sur les sentiers qui mènent aux monastères, se croisent les pas des anarchistes et des gauchistes du coin 114 de l’Ecole Polytechnique et des contestataires révolutionnaires."

De quel genre de personne il s’agit, on peut le voir d’après le signa­lement de l’un d’eux :  '' un des cas les plus frappants est celui de Simon le Péruvien. Contestataire de Mai 1968 à Paris, qu’il quitta pour le Tibet et pour aboutir, enfin, à la Sainte Montagne, au Monastère de Grigoriou."

M. Moscof, membre du Comité Central du Parti Communiste grec, et directeur du Centre d’Etudes Marxistes de Thessalonique, est un visiteur plus qu’assidu de la Sainte Montagne. Parlant des cercles orthodoxes avec lesquels il dialogue et collabore, il affirme qu’il y a sur la Sainte Montagne, sept ou huit cellules, pour employer le langage communiste...
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ELEFTERI ORA = L’Heure Libre, d’Athènes, du 22 Avril 1985, écrit sous le titre :

UN MOUVEMENT NEO-ORTHODOXE EN GRECE
ET A LA SAINTE-MONTAGNE

Le P. Basile (l’actuel higoumène de Stavronikita) était membre de ZOE (mouvement protestantisant de Grèce) et il garde cette Identité. Il parait se démarquer, hiérarchiquement, des autres higoumènes de la Sainte Montagne, issus du mouvement ZOE. La visite de M. Karamanlis et du Président Français, et la nuit qu’ils ont passée au monastère de Stavronikita, ne sont pas fortuites.

Ce qui précède, de même que ses liens avec une foule d’innovateurs, parmi lesquels Ch. Y. et P. N., prouvent l’avance d’une avant-garde de novateurs, qui vont faire sauter, une fois pour toutes, l’orthodoxie sur la Sainte Montagne.

Songez-donc que la THEOLOGIE DE LA LIBERATION, théologie communiste, élaborée en Amérique Latine et appuyée par des impies, a été condamnée même par le Pape. On verra quelle sera l’attitude des athonites face aux menées du p. Basile.

La THEOLOGIE DE LA LIBERATION est une tentative impie, pour inaugurer la ''lutte des classes'' du communisme...dans le christianisme. Nous les chrétiens, quand nous disons que  '' rien ne se fait sans verser du sang", pour des buts spirituels, nous parlons du nôtre. Quand les impies disent que  '' sans verser du sang on ne fait rien", ils parlent de celui des autres, celui de leurs victimes, pour des motifs uniquement matériels !...

Les impies veulent marier deux opposés '' l’amour et le sacrifice avec la haine ! Et ils trouvent, comme toujours, des membres de ZOE, comme le p. Basile, pour collaborer avec eux...''

Cf. Agios Aghathange. N° 89. Mai-Juin.

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CORRESPONDANCE
EN TERRE SAINTE AVEC MGR. ANTOINE

Lettre de Genève
Les pèlerins sont au nombre de trente-cinq, dont certains - la majeure partie des jeunes - ne viennent pas pour la première fois. C’est la première découverte des Lieux-Saints où nous ressentons à la fois l’amour du Christ Sauveur et sa présence. C’est ici qu’il est né, a été baptisé, a prêché, a souffert, a été crucifié, est mort, est ressuscité pour être toujours avec nous. Cette présence divine du Christ réclame de nous que nous devenions meilleurs, plus purs et que nous nous aimions encore mieux les uns les autres.

Au début du pèlerinage, avant la liturgie au Tombeau du Christ, nous nous sommes tous confessés et, ayant communié, nous avons vécu la Pâque, la joie de notre résurrection avec le Christ. En reve­nant de cette liturgie, à trois heures du matin, par les ruelles sombres et encore désertes de Jérusalem, nous nous sentions tout transformés intérieurement.

Lisant avec clairvoyance dans nos coeurs, Monseigneur nous a permis par la suite de communier aux autres Lieux-Saints sans confession. Désirant demeurer fréquemment avec notre Sauveur, nous avons alors réitéré nos communions. Nous nous levions tôt, à trois, quatre, cinq ou six heures du matin et nous nous empressions d’avancer toujours de plus en plus loin sur les traces du Christ. C’était comme si nous étions revenus deux mille ans en arrière, vivant les événements décrits dans l’Evangile comme une réalité qui nous réjouissait.

Pieusement, nous avons bu au calice, ce calice rempli jusqu’aux bords de la joie de toutes les fêtes. En l’espace de treize jours, nous avons fêté la Nativité du Christ, son Baptême, sa Transfiguration, Pâque, l’Ascension et l’Apparition de la Sainte-Trinité. ''Seigneur, qu’il est bon d’être ici avec Toi ! '' chantaient nos cœurs.

Voici le Jourdain, il est difficile de rendre par des mots ce que nous avons profondément ressenti ici. Monseigneur avait commencé, avant même le lever du soleil, la célébration du rite de la grande bénédiction de l’eau. C’est avec une foi profonde qu’il a prononcé ces paroles adressées au Créateur de l’univers : '' Sanctifie ces eaux par Ton Esprit-Saint". C’est à ce moment-là que les premiers rayons du soleil levant ont illuminé les eaux bleues de la rivière, les transfigurant de leur or. Par l’effusion bénie de l’Esprit-Saint, les eaux sont sanctifiées et nos cœurs en frémissent. Quelle joie, mais aussi quelle frayeur, d’être ainsi les témoins d’un miracle de Dieu et de pouvoir participer à l’Inaccessible.


Ces eaux, qui ont baigné jadis le corps précieux du Sauveur, ont reçu, par le sacrement du baptême, l’une d’entre-nous : une jeune fille drapée dans une longue chemise blanche, et tout émue. Monsei­gneur l’ayant par trois fois immergée dans les eaux, l’a baptisée au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ces sacrements de la bénédiction des eaux du Jourdain et du baptême ont non seulement régénéré Anne, mais aussi nous tous qui comme elle, avons été plongés dans les eaux purificatrices.

"Seigneur, aide-nous à vivre toujours avec les sentiments dont ton amour nous a comblés en Terre Sainte ! ''

Nous espérons que la FRATERNITE ORTHODOXE ST. GREGOIRE PALA-MAS, fera prochainement le même pèlerinage, sur les traces du Seigneur. Le projet sera proposé lors de la prochaine assemblée.

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