lundi 3 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°9. Editorial.

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EDITORIAL

Quelques Modestes Pensées sur l’Union des Eglises
Alexandre Kalomiros


A - LA PAIX SANS LA VERITE

L’expérience tragique des dernières générations, a donné aux hommes une grande soif de paix. Mainte­nant, la paix est devenue le bien suprême parmi les idéaux pour lesquels les hommes versaient volon­tiers leur sang autrefois. A ceci, a grandement contribué, le fait que la guerre n’était plus ce qu’elle avait été dans le passé, c’est-à-dire un conflit entre la justice et l’injustice, et qu’elle est devenue un conflit sans signification justice-injustice. Le mensonge et l’hypocrisie utilisés par l’injustice des diverses parataxes, pour passer, aux yeux de leurs adeptes pour une justice, ont fait que les hommes ont perdu la foi en l’existence de la justice et ne voient plus de valeur digne d’être défendue. Ainsi la guerre, quelle que soit sa forme, apparaît aux hommes, comme quelque chose d’absolument stupide.

Ce manque d’intérêt de l’humanité pour tout conflit, quelle qu’en soit sa nature, serait admirable s’il était le produit d’une santé spirituelle. Si l’injustice, la haine et le mensonge disparaissaient, la paix serait alors le comble du bonheur humain ; l’union serait un résultat naturel et non artificiel. Mais c’est une chose complètement différente que l’on constate. Alors que tous parlent aujourd’hui de paix et d’union, l’amour propre et la haine, l’injustice et le mensonge, l’amour de la gloire et la cupidité atteignent leur point culminant. Tous et chacun à sa manière, parlent d’amour pour l’humanité, et pourtant, jamais il n’y a eu d’hypocrisie plus grande que ce soi-disant amour, amour théorique, imaginaire, comme le concept « d’humanité » qui est, lui aussi, théorique et imaginaire, sans rapport avec l’amour pour l’homme concret, que l’on a devant soi. L’amour pour une personne concrète, lorsqu’il existe, est le seul réel. C’est l’amour de notre prochain demandé par le Christ.

L’homme concret, avec ses imperfections et ses faiblesses, au lieu d’être aimé, a été de nos jours haï plus que par le passé ; et il n’a pas seulement été haï mais aussi méprisé, ravalé au rang de « chose » sans valeur particulière, de moyen pour atteindre des buts élevés, de particule de masse. Ceux qui parlent le plus d’amour pour l’homme et pour l’humanité, de paix et d’union, sont ceux qui haïssent le plus leur prochain, leur voisin. Ils aiment l’homme création de leur imagination, mais pas l’homme concret. Ce culte de l’idole « homme » est, en réalité, du narcis­sisme, c’est le culte du « moi ».

Il serait naïf de croire que la disposition irénique qui caractérise l’humanité d’aujourd’hui vient de l’amour. Non ! Tout ce qu’on dit sur l’amour est hypocrisie ou imposture. Ce désir de paix vient de la perte des idéaux, de la crainte et de l’amour du bien-être : être tranquilles pour jouir des biens terrestres. C’est l’entente, la coopération pour l’acqui­sition des biens, que chacun, pris à part, ne pourrait acquérir. C’est l’entente mondiale sur ce qui est devenu la passion de toute la terre : l’amour du plaisir et l’amour de la matière. C’est un produit de nécessité.
La paix dont tout le monde parle aujourd’hui, c’est l’accord sans condition, entre ce qui est bien, honorable et grand, et le règne de la petitesse, de la médiocrité et de la tiédeur. C’est la destruction de la personnalité des individus et des peuples. C’est une marmelade de concessions et de calculs, un océan d’hypocrisie, une indiffé-rence envers la Vérité, une trahison de tout ce qui est saint et sacré.

La guerre est quelque chose de terrible, elle est le résultat de la chute de l’homme et personne ne pourra jamais en faire l’éloge ; mais la paix que le monde contemporain négocie est infiniment plus terrible. La fièvre, pourtant désagréable, indique cepen-dant que l’organisme réagit contre le mal qui l’a atteint. La paix que l’on veut inaugu-rer, n’est malheureusement pas celle qui vient de la victoire sur le mal mais celle qui résulte de la défaite ; c’est l’absence de fièvre chez le cadavre.

Au fond, la paix désirée par les hommes n’est pas seulement la paix des armes, elle est aussi celle de la conscience. Ils veulent que le bien et le mal cohabitent en paix, de même que la justice et l’injusti­ce, la vertu et le péché, la vérité et le mensonge, afin qu’eux aussi soient en paix avec leur conscience.

B - IL N’Y A JAMAIS EU D’ECLATEMENT

Dans l’effort du monde pour la paix, ceux que l’on appelle chrétiens jouent un rôle important. Avec la devise « chrétiens unissez-vous », ils se mettent en route pour le marché où la Vérité sera bradée.

Il fut un temps où les chrétiens croyaient et étaient prêts à mourir pour leur croyance. Aujourd’hui leur zèle pour la Vérité s’est refroidi et ils ont commencé à la considérer comme quelque chose de secondaire. Ils trouvent négligeables et sans importance, les divergences entre les « Eglises », pour lesquelles les martyrs ont donné leur vie, les Pères ont été bannis et les fidèles décapités.

Malades et incorrigibles, la plupart d’entre eux pensent que la religion du Christ est une déontologie qui concerne les relations humaines ; d’autres, poursuivent des objectifs politiques et des intérêts obscurs et construisent, tous ensemble, la cité de l’Antichrist. Indifférents envers la Vérité, ils veulent une union, un rapprochement extérieur, sans tenir compte des divergences internes ; ils s’attachent à la lettre et négligent l’esprit.

Comment peuvent-ils croire que ce qui a échoué aux premiers siècles du schisme, va réussir maintenant, alors que les différences de mentalité, le temps passant, sont devenues de fossés qu’elles étaient, des océans.

Le seul fait de parler d’union des Eglises, révèle une pensée parfaitement antichré-tienne.

Ils admettent ainsi que l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, que nous confessons au Credo de notre foi a cessé d’exister, qu’elle a éclaté en beaucoup d’Eglises qui ne sont plus catholiques, c’est-à-dire qui ne possèdent plus toute la Vérité et la Grâce, comme les possèdent les Eglises Orthodoxes locales, mais qu’elle est une partie plus ou moins grande. En conséquence, ils admettent que la Vérité n’existe plus sur la terre, donc, que le Christ est venu pour rien.
Parce que, dans ce mélange de la Vérité et du mensonge, il est impos­sible de retrouver la Vérité pour laquelle le Christ est venu témoigner, et qu’en conséquence également, il est impossible de retrouver le Christ qui est la Vérité elle-même.

Mais alors, pourquoi le Christ a-t-il dit qu’il serait avec nous jusqu’à la fin du monde ? « Et voici je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Pourquoi a-t-il dit que l’Esprit Saint conduirait les disciples dans toute la Vérité, et que les portes de l’Enfer ne pourront s’emparer de l’Eglise ?

Si l’Eglise est morcelée – pour que l’union soit nécessai­re, il faut qu’elle soit désagré-gée – alors tout ce que le Christ a promis est mensonge ! Mais loin de nous un tel blasphème. L’Eglise vit et elle vivra jusqu’à la fin du monde, non morcelable, invulnérable selon la promesse du Seigneur. Tous ceux qui parlent d’UNION DES EGLISES nient tout simplement le Christ et son Eglise.

Quand un Patriarche orthodoxe accepte que l’Eglise Orthodoxe participe au Conseil Œcuménique et Protestant des Eglises, comme une des nombreuses « Eglises », que fait-il d’autre que de reconnaître, officiellement, comme le font les Protestants, l’existence de beaucoup d’Eglises et par là l’éclatement de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique ?

Et dans leur effort impie, ces hommes appellent à leur secours des textes liturgiques et le Seigneur lui-même. En effet, le Christ a bien prié pour ses disciples pour « qu’ils soient un » et l’Eglise prie, à chaque liturgie « pour l’union de tous ».

Mais cela ne signifie pas que l’Eglise prie pour que les chrétiens s’unissent par des concessions réciproques sur leur foi ; il ne s’agit pas de rechercher des accords conventionnels, selon lesquels divers éléments hétéroclites « s’unissent » ; il n’y a aucun rapport avec les « protocoles » d’accords ou d’unions, qui sont signés après de nombreuses négociations, entre les différents états. Non, ces phrases ne signifient rien de tout cela. L’Eglise prie Dieu, non pas pour l’union de différents éléments hétéroclites, mais pour que tous deviennent UN. C’est-à-dire que tous admettent la Vérité et qu’ils se soumettent avec contrition et humilité à l’Eglise et soient comptés parmi ses membres ; qu’ils comprennent l’erreur dans laquelle ils ont vécu et se pressent vers la lumière et la Vérité, c’est-à-dire l’Eglise. C’est pour cela que l’Eglise prie, et tout particulièrement à la liturgie de saint Basile le Grand : « ramène les égarés et unis-les à ton Eglise Sainte, Catholique et Apostolique ». Voilà la seule UNION que l’Eglise admet et pour laquelle elle prie. Voilà la seule prière, le seul désir qui jaillit du vrai amour ; elle veut guérir les malades et pas les duper.

C - OFFRANDE ET NON DISCUSSION

Certains orthodoxes naïfs pensent que le rapprochement des Eglises n’a pas pour but l’union, mais celui d’éclai­rer, d’attirer les hétérodoxes. « Ce sont, disent-ils, des témoignages d’amour envers nos frères ». « Si nous nous enfermons dans notre « carapace », répètent-ils souvent, si nous n’allons pas aux rencontres internatio-nales et si nous n’envoyons pas des observateurs aux conciles papistes, etc., comment les occidentaux connaîtront-ils l’Eglise Orthodoxe et iront-ils à elle ?
Comment les Occidentaux sauront-ils que l’Eglise Orthodoxe est l’Une et la Vraie, quand ils la voient fréquenter, d’égales à égales avec les fausses églises ? Ne vont-ils pas croire qu’elle aussi est relative et partielle comme les autres ? Est-il raison-nable d’espérer que ces « conseils » de fanatiques rasophores pourront faire reconnaître la Vérité ? Ils ne font que flatter les orthodoxes, et cela pour les attirer à eux. S’ils avaient une réelle nostalgie de l’orthodoxie et s’ils voulaient la connaître, ils n’auraient pas besoin de CONSEILS et de réunions, ils iraient boire à ses sources, chez ses Pères et ses Saints.

Non ! Le meilleur moyen pour convaincre l’autre de la Vérité, c’est que l’autre croit en elle, qu’il ne la discute pas mais la confesse seulement. Dans les réunions et les conseils, la Vérité est discutée. Cela, c’est de la trahison. Car il ne s’agit plus alors de dialogue pour l’instruction des hétérodoxes, mais de discussions avec des Eglises. Ce n’est pas des discuteurs que le Christ demande mais des Confesseurs.

La Vérité qu’il nous a enseignée n’est pas de celles qui se discutent. Dans les divers conseils œcuméniques, la discussion prend la tournure d’un commerce où se font des concessions sur la foi, afin d’aboutir à un accord final. Sous de telles conditions, la seule venue d’un orthodoxe dans un conseil œcuménique revient à trahir le Christ : c’est livrer le Christ aux incroyants pour trente deniers. En y entrant, l’orthodo­xe reconnaît que sa foi est discutable et laisse entendre que si des contre-parties satisfaisantes lui sont données, il fera, lui aussi, des concessions.

Si tous ceux qui parlent aujourd’hui d’union, confes­saient l’Orthodoxie comme Vérité Seule et Absolue et refusaient tout contact officiel et officieux avec les hérétiques, sans craindre de les appeler ainsi, alors leur voix serait entendue de très loin et, ce qui est plus important, elle deviendrait respectable et obligerait à réfléchir. Mainte-nant, cette voix est celle des compromis, la voix qui n’émeut pas, la voix de person-ne, que nul au fond ne respecte.

Les Pères ne discutaient pas avec les hérétiques. Ils confessaient la Vérité et réfutaient leurs arguments, sans politesse ni courbettes. Jamais ils ne se sont enten-dus avec les « Eglises » hérétiques. Le dialogue « était toujours public et concernait le salut ou l’édifica­tion des âmes. L’Eglise Orthodoxe ne discutait pas avec les Eglises des hérétiques. Ce n’était pas des discussions de l’Eglise avec des Eglises, mais le dialogue de l’Eglise avec des âmes égarées hors de leur route. L’Eglise ne discute pas, parce qu’elle ne cherche rien. Tout simplement elle donne parce qu’elle possède tout.

D - LE SALUT DU MONDE

Mais pourquoi nos chrétiens orthodoxes se laissent-ils si facilement émouvoir par les appels à l’union des Eglises au lieu de transvaser avec zèle la Vérité dans ce monde qui en a été privé ? Pourquoi sucent-ils le caramel de la paix, usant de balance pour savoir si ce qui sépare est plus lourd que ce qui unit les chrétiens ? C’est qu’ils ont été eux-mêmes privés de la connaissan­ce de la Vérité. Membres, pour la plupart d’entre eux, d’organisations et de confréries socialo-chrétiennes, élevés dès le plus jeune âge dans un système philosophico-moraliste avec, comme argument chrétien, un système qui laisse entendre que l’objectif du christianisme…
…c’est de parvenir à la coexistence pacifique et charita­ble des hommes. L’éternité et la contemplation de Dieu ont été pour ces chrétiens des choses éloignées et bien indifférentes. Hommes d’action, tournés vers l’extérieur, ils sont venus au christianis-me pour y trouver un modus vivendi organisé et dirigé, un mode de vie de citoyens bons et respectables sur cette terre. Dieu est, pour de tels hommes le Grand Serviteur de leurs intérêts personnels, et la vie éternelle, une bien bonne, mais fort heureusement bien lointaine espérance d’apocatastase (qui est la restauration de toutes choses et la destruction de l'enfer, faute de quoi il nous faudra admettre un Dieu cruel. L’apocatastase est condamnée par l’orthodoxie de la foi).

Chez ces chrétiens, les appels à l’union sont très facilement entendus. Quelle bonne chose, en vérité, que de voir le cercle de nos hommes dignes et respec­tables, avec lesquels on peut parler sans crainte d’être trompé, avec lesquels on peut avoir des rapports bons et pacifiques, sans jamais risquer d’être persécuté ou d’être obligé de lutter ! Quant à la Vérité, « qu’est-ce que la Vérité ? » Nous croyons tous en Christ et cela suffit. D’ailleurs le monde aujourd’hui se trouve confronté à des temps difficiles. Les chrétiens doivent s’unir au plus vite, pour faire face au communisme, par exemple. « Qui va guider, qui va sauver le monde contemporain ? » demandent-ils. « Seule une Eglise chrétienne unie » répondent-ils.

Le Christ ne s’est pas fait Homme pour sauver celui qui gît dans le mal, mais pour sauver de ce monde les siens, pour les arracher à la parataxe du malin, pour les unir à lui et les déifier selon la Grâce, et avec eux sauver toute la création qui gémit. Le monde marche sur la voie de la mort. Il est la parataxe du prince de ce monde, la parataxe de l’adversaire de Dieu. « Je ne te prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’a donnés. »

Eux prient pour ce monde et sacrifient, pour plaire à cette parataxe diabolique qui ne sera jamais sauvée, les diamants de la foi, de la vie chrétienne. Ce n’est pas le Christ qui veut l’union des « Eglises » mais le monde. Le Christ ne veut pas de l’union du mensonge avec la Vérité ; c’est le monde qui cherche à altérer la Vérité, à la rendre relative et partielle. Aussi, quand il est question de l’union des « Eglises », on voit la soutenir avec enthousiasme, des hommes qui jamais ne se sont intéressés à la religion. L’union est le meilleur moyen pour neutraliser le christianisme, inventé par la parataxe du diable, le commencement de son effilochage, sa soumission aux volontés de la politique, sa transformation en serviteur des intérêts du monde.

Dans l’union, le christianisme aura, peut-être, plus de force temporelle, mais il perdra sûrement toute sa force spirituelle qui gêne le monde. Cela n’est-il pas déjà arrivé à « l’église catholique » ? La soif chez les papistes d’une puissance temporelle, les a fait descendre sur le champ de courses des sinuosités politiques, d’où ils sont sortis serviteurs des grands courants politiques.

Tous ceux qui parlent d’union n’ont pas compris pourquoi le Christ est venu en ce monde. Ils croient qu’il est venu y faire un prêche moraliste comme le leur ; qu’il est venu pour nous apprendre à vivre sur cette terre en bons citoyens. Ils le tiennent pour un grand législateur, le plus grand peut-être de tous les siècles. Ils disent et répètent que les hommes doivent suivre la loi du Christ, pour que vienne, enfin, le règne de Dieu sur la terre.
D’autres, parlent de tel « pays orthodoxe », d’autres, de « démocratie chrétienne », d’autres encore, de « royaumes chrétiens », sans comprendre que leurs attentes ressemblent à celles des Hébreux qui voulaient le Messie : Roi terrestre.

Ils ne veulent pas du Christ tel qu’il est, ils ne veulent pas du Christ qui a repoussé les tentations proposées par le diable au désert. Ils veulent un Christ convoitant les royaumes de la terre ; un Christ qui change les pierres en pain pour rassasier tous les hommes ; un Christ qui étonne le monde par ses prodiges, qui inspire la crainte et oblige les hommes à se soumettre. En d’autres termes, ces hommes-là n’attendent pas le Christ mais l’Antichrist. Le Christ restera jusqu’au Second Avènement, humble et caché, loin des pouvoirs terres­tres, loin des conforts terrestres, sans jamais obliger quelqu’un à le suivre, et demandant à ceux qui s’approchent de Lui, de Lui ressem-bler dans l’humilité et la pauvreté, sans rien attendre de terrestre.

Les « chrétiens » qui parlent « d’Etat de Dieu », de « Grèce chrétienne », de « Christianisme universel » et « d’union des Eglises » ne veulent pas d’un tel Christ. Ils ressemblent au Grand Inquisiteur de Dostoïevski, prêts à condamner au bûcher le Christ, parce qu’il renverse les desseins qu’ils préparent avec tant d’appli­cation depuis des siècles. « Tu es venu nous enseigner un christianisme inhumain et dur », dit l’Inquisiteur au Christ alors que « nous, depuis tant de siècles, nous nous efforçons d’en faire une religion humaine ; maintenant que nous y sommes parvenus, tu es venu déranger les efforts de tant de siècles ? Mais tu n’y arriveras pas. Demain j’ordonnerai de te brûler comme hérétique. »

Oui, les hommes d’aujourd’hui veulent un Christ qui parle de la vie présente et non de l’autre, un Christ qui offre les biens de cette vie et non ceux de l’autre. Ils ne veulent pas d’une richesse qui ne soit pas palpable et qui ne peut être pesée, mais d’une richesse palpa­ble. Ils ne veulent pas le Christ, chef du Siècle Futur mais chef du siècle présent.

Voilà pourquoi ils n’ont cure de ce que deviendra la Vérité quand seront unies toutes les inconstantes « Eglises chrétiennes », après mille et une confessions, mille et un compromis. Voilà pourquoi ils ne s’occupent pas de ce que deviendra la vie en Christ après, par l’entrée dans le lieu très pur de l’orthodoxie, de tant et tant de barbares religieux et radoteurs. La vérité ne les intéresse pas, le Christ ne les intéresse pas, ni la vie dans la Grâce du Saint-Esprit. Seule les intéresse la force terrestre que leur donne l’union et la cosmocratie, sous une seule et unique cosmothéorie.

Ces hommes-là veulent être appelés chrétiens alors qu’ils ne le sont pas. La plupart d’entre eux se croient de vrais chrétiens, alors qu’ils ignorent le christianisme et le confondent avec des idées philosophiques, avec des cosmothéories, comme ils aiment à dire. Ils sont en réalité les adeptes de l’Antichrist.

Les Hébreux qui attendaient le Messie depuis des siècles ne l’ont pas reçu quand il est venu, et l’ont pendu sur la Croix. Pourquoi ? Parce que le Christ n’était pas celui qu’ils attendaient, ils n’ont pas reconnu le Messie dans Sa personne. Ils attendaient un roi terrestre conquérant du monde, celui qui devait soumettre sous les pieds du peuple Israël toutes les nations du monde, et contraindre les Ro­mains qui dominaient alors le monde à l’adorer, celui qui devait donner à ses adeptes la puissance et la gloire.
Quand ils virent ce pauvre, cet humble, ce doux, ce pacifique qui n’apportait pas de biens terrestres mais parlait des biens célestes et leur demandait même de renoncer aux biens terrestres et palpables, pour arriver libres aux célestes et impalpables Cieux, ils comprirent qu’il n’était pas pour eux, qu’il n’était pas le Messie qu’ils attendaient, mais tout le contraire. Celui qui a refusé de changer les pierres en pain pour les rassasier, qui a refusé d’étonner les multitudes par sa force et qui n’a pas accepté de soumettre les royaumes de la terre, n’était pas le chef qu’il leur faillait. Aussi l’ont-ils crucifié et ont-ils commencé à en attendre un autre ; ils l’attendent encore ; et avec eux attendent des millions d’hommes qui dans leur majorité, se croient chrétiens…

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