mardi 4 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°9. Le calendrier Orthodoxe.

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LE CALENDRIER ORTHODOXE

Métropolite Vitaly

Que l’innovation du Calendrier de 1924 ait causé un schisme au sein de la sainte Eglise Orthodoxe est un fait que nul ne saurait contester. Aucun orthodoxe intelligent ne peut ignorer cette triste réalité. D’aucuns soutiennent que notre sainte Eglise russe, authentiquement représentée par notre saint et vénérable Synode, n’a pas souffert de ce schisme. Afin de les détromper exposons seulement deux, parmi les nombreuses difficultés que nous avons rencontrées à cause de l’innovation de Mélétios Métaxakis et de Chrysostome Papadhópoulos de triste mémoire.

Les orthodoxes russes de Bessarabie qui n’avaient pas accepté ce changement de calendrier, blasphématoire, furent persécutés sans aucune pitié par l’Eglise roumaine dominante. Malgré les difficultés de la seconde Guerre Mondiale, notre saint Synode prit clairement position à ce sujet : il envoya des prêtres servir les vrais chrétiens de Bessarabie ainsi qu’un évêque. Celui-ci ordonna des prêtres qui furent fi­dèles à la piété des Pères si commune chez les orthodoxes.

Les communistes sans-Dieu persécutèrent cruellement le grand et vénérable monastère de la Transfigura­tion du Sauveur, mieux connu sous le nom de Valaam. C’est ainsi que les pères de Valaam abandonnèrent la Russie du Nord et, comme un nouvel Israël, traversèrent des déserts glacés, transportant sur des luges les précieuses reliques et les icônes sacrées de nos saints. Ils s’établirent en Finlande où ils fondèrent une sainte communauté monastique de plusieurs centaines de moines avec plusieurs édifices et qu’on appela le « Nouveau Valaam ».

Cependant, même à cet endroit, les moines subirent de cruelles persécutions, non de la part des « sans-Dieu », mais de la part de l’Eglise orthodoxe de Finlande soucieuse d’innover. Celle-ci, qui fut alors prise sous la juridiction de Constantinople, chercha à faire accepter à tous, par la persécu­tion, ces changements, et en particulier aux vrais orthodoxes qui gardaient une obéissance absolue envers la doctrine des Pères. Ces vrais orthodoxes résistèrent d’abord puissamment ; mais le diable, qui a la haine du bien, les attaqua sur le front de la faiblesse humaine. En effet, les interventions fréquentes de l’Eglise de Finlande qui faisait agir la police et d’autres moyens d’oppression affaibli­rent quelques uns des pères dans leur vie monasti­que, eux qui étaient déjà épuisés physiquement et spirituellement par leurs afflictions et leur exil. Nous savons tous combien il est difficile de résis­ter quand on est éprouvé deux fois à la même place.

Une division se forma ainsi dans la communauté. Les pères qui confessaient purement et sincèrement la tradition n’avaient aucune communion avec ceux qui, par faiblesse, étaient devenus innovateurs. Après avoir pénétré dans le monastère, l’esprit de divi­sion travailla comme un corrosif à sa dissolution. Certains pères s’enfuirent ; ils vivent encore maintenant dans différents monastères d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs.

Ce monastère du « Nouveau Valaam » fut fermé et ses saintes reliques se trouvent actuellement dans des musées. Nos frères grecs nous ont raconté des exemples semblables à propos du saint monastère de Stavrovounion à Chypre, de communautés du Mont-Athos et d’ailleurs.

Là où l’athéisme a failli, l’innovation a triomphé. Il n’est donc pas exact de dire que nous, ortho­doxes russes, n’avons à aucun moment vécu le drame du changement de calendrier.

La question du calendrier avait déjà été réglée au temps du pape Grégoire, quand on avait demandé à l’Eglise orthodoxe d’adopter ce changement. A par­tir de cet instant même, l’Eglise Orthodoxe se prononça, l’Eglise condamna, l’Eglise anathématisa l’innova­tion. La conscience de l’Eglise confirma cette condamnation de beaucoup de manières et à beaucoup d’endroits, par plusieurs actes, déclarations et efforts jusqu’au siècle dernier (de 1580 à 1920) où le Patriarche Anthime de Constantinople condamna, dans un concile pan-orthodoxe, toute innovation.

Mais, même au XXème siècle, rappelons-nous comment, au Mont-Athos, à l’époque où notre synode était l’hôte de l’Eglise serbe, le Très Révérend évêque d’Ochride Nicolas Vélimirovitch refusa de concélébrer avec les autres hiérarques présents à Vatopédi qui avaient accepté l’innovation calendaire. Il préféra demander qu’on lui donne la chapelle de la Mère de Dieu Paramythias où il célébra tout seul. Dernièrement, le monastère russe de Bulgarie fondé par l’archevêque Séraphim de sainte mémoire, hiérarque de notre synode, ne suivit pas le patriarche Cyrille dans le glissement malsain de l’innovation et du schisme.

Notre saint Synode a donc été clair dès le début : les altérations du calendrier conduisent au schis­me. Notre premier pasteur et prélat, le Métropolite Antoine d’heureuse mémoire, en informa immédiate­ment le Patriarche Mélétios Métaxakis par le tru­chement de l’archevêque Anastase qui était à Cons­tantinople à ce moment-là.

Au grand concile de notre hiérarchie, convoqué récemment en la cathédrale de saint Nicolas, qui est le siège épiscopal de mon humilité, l’assemblée réitéra la condamnation séculaire du calendrier papal et condamna l’hérésie de l’œcuménisme. Dans l’analyse détaillée et dans l’explication qui sui­virent, nous avons clairement prouvé que l’intro­duction du calendrier papal a été la porte qui a mené à l’hérésie. C’est pourquoi, le très béni et très vénérable pasteur de notre saint Synode fut autorisé à écrire sa seconde épître de douleur aux chrétiens orthodoxes de tous les pays, dans la­quelle il exposa sérieusement la question du calen­drier, montrant comment celle-ci conduisait à l’œcuménisme. D’où il est manifestement clair qu’en condamnant cette hérésie, nous condamnons et répu­dions aussi sa cause comme n’ayant rien à voir avec les dogmes de l’Eglise Universelle.

Dès le début donc, et immédiatement, notre saint Synode, ayant une parfaite conscience de la situa­tion, ne reconnut jamais le changement de calen­drier comme un acte final et accompli. Il attendait au contraire la convocation d’un libre concile pan-orthodoxe. Ceci, non pas pour discuter encore de cette affaire, puisque l’Eglise a déjà pris sa décision, mais plutôt dans le but de rejeter cette erreur contagieuse et de la condamner non plus par anticipation, comme par le passé…
…mais comme censure d’actes et de décisions déjà passés. J’ai moi-même écrit un article sur le calendrier imprimé, en 1953 à Sao-Paulo du Brésil. Notre archiprêtre Boris Molchanov d’heureuse mémoire écrivit un enrichis­sant article défendant notre calendrier ecclésias­tique. Cet essai fut publié en 1961 dans notre journal diocésain.

Si donc notre saint et vénérable Synode a fait usage d’une « économie » limitée dans ses rapports avec d’autres Eglises, c’est dans l’espoir qu’un libre concile pan-orthodoxe serait convoqué. Il va sans dire que pour nous un tel concile n’est pas concevable sans la libération de l’Eglise russe emprisonnée qui comprend à elle seule la majeure partie du peuple orthodoxe qu’oppriment les « loups déguisés en brebis » et les agents corrompus de ce régime athée.

Les temps ne sont pas favorables : un concile actuel ne saurait ni être libre ni condamner l’innovation ni apporter la paix à l’Eglise. Les esprits sont plutôt tournés vers l’hérésie. De ce fait et pour obéir à notre conscience d’évêque, nous devons donner l’alarme et rappeler au peuple de Dieu qu’il doit être fidèle à la foi des Pères… Notre poli­tique de base est facilement reconnaissable et elle est conséquente ; des décrets synodaux viennent encore la renforcer et la soutenir.

Aucun orthodoxe clairvoyant, qui garde la sagesse des choses de Dieu, ne peut être trompé ou confondu s’il reçoit avec discernement et bonne conscience ce qui est dit, décidé et arrêté par nous.

C’est pourquoi nous recevons par l’absolution et la bénédiction (khérothésie) tout prêtre orthodoxe grec, roumain, bulgare qui, pour des raisons de foi, se réfugie auprès de la juridiction de notre saint et vénérable synode. Ceux-ci doivent, comme condition « sine qua non », signer une confession de foi et promettre de préserver le calendrier tradi­tionnel. Nous avons aussi reçu comme prêtres et précieux membres, sans blâme, de l’Eglise Orthodoxe universelle, des prêtres qui, pour des raisons de foi, ont été déposés par le grand synode du Patriarcat de Constantinople pour s’être opposés à l’hérésie de l’œcuménisme et du modernisme. Ils célèbrent maintenant la liturgie canoniquement sous la juridiction de notre saint Synode.

En ce qui concerne le clergé et les paroisses orthodoxes n’acceptant pas le calendrier tradition­nel, nous ne les acceptons pas dans notre communion ecclésiastique sous la juridiction de notre saint et vénérable Synode. Afin que ceci ne paraisse pas comme un vain mot, il n’y a qu’à observer notre attitude à l’égard des communautés grecques de Pennsylvanie et de Floride aux USA et de la commu­nauté grecque de Stuttgart ; elles n’ont pas été admises sous notre juridiction précisément parce qu’elles n’ont pas voulu accepter le calendrier Julien.

Nous n’avons pas besoin de fournir d’autres preuves. Même si nous avons appliqué une certaine « économie », la confession de foi de notre saint et vénérable Synode est claire et cohérente : le chan­gement du calendrier est cause de schisme.

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