samedi 1 janvier 2011

La Lumière du Thabor n°3. A propos de l'Anarhème contre l'oecuménisme. Mgr Antoine de Genève.

IV

A PROPOS DE L’ANATHEME

Par l’Archevêque Antoine de Genève

Faisant suite à la condamnation de l’œcuménisme par le Saint Synode de l’Eglise Russe à l’Etranger (ERHF), (voir le N° 2 de LA LUMIERE DU THABOR), Mgr. Antoine de Genève nous a demandé de bien vouloir publier ici son explication.

Le premier Dimanche du Grand Carême, l’Eglise fête triomphalement la victoire de la Vérité du Christ sur toutes les hérésies. La Fête du Triom­phe de l’Orthodoxie a été instituée au 9e siècle, après l’anéantissement final de l’hérésie iconoclaste.

Ce premier Dimanche, dans les cathédrales (siège d’un évêque), nous pouvons et nous devons faire suivre la Liturgie d’un rite dans lequel la Vérité est proclamée et toutes les fausses doctrines, qui sont apparues dans l’Eglise depuis les temps anciens et jusqu’à nos jours, sont condamnées. Et un anathème est lancé contre les hérésiarques.

Ce mot anathème effraye beaucoup de gens qui ne comprennent pas sa signification. Ils comprennent l’anathème d’une manière incorrecte, comme une malédiction et une condamnation éternelle d’un hérétique par l’Eglise. En réalité, l’Eglise terrestre, comme l’écrit l’archevêque Jean (Maximovitch), ne prononce pas de jugement définitif sur les hérétiques. Elle prononce contre eux l’anathème. Elle les écarte d’elle et les livre au jugement suprême de Dieu. Le mot anathème signifie : présentation au tribunal de Dieu d’un séparé. Un anathématisé peut toujours se repentir et réintégrer l’unité ecclésiale.

Le droit de condamner les fausses doctrines et d’anathématiser, à l’échelle universelle, appar­tient aux Conciles Œcuméniques pan-orthodoxes, correctement convoqués et reconnus par l’ensemble de l’Eglise. Hélas de nos jours, la convocation d’un Concile Œcuménique est irréalisable, car la majeure partie des Eglises autocéphales, en ce qui concerne ses représentants officiels, est privée de la liberté d’opinion et d’action.

Mais comme des fausses doctrines, qui troublent les fidèles peuvent apparaître sur le territoire de chaque Eglise locale, le devoir de l’épiscopat de chaque Eglise est de constater collégialement que cette doctrine contredit la Vérité du Christ. Il a le devoir d’expliquer pourquoi cette doctrine est fausse et de prévenir les fidèles de la nécessité de ne pas y adhérer. Un intérêt déraisonnable pour une fausse doctrine, qui paraît être une nouveauté, peut amener celui qui s’y intéresse et s’affermit en elle, à se trouver hors de l’Eglise sans qu’il s’en aperçoive. Il peut se séparer de l’Eglise, se rendre lui-même passible d’anathème.

L’autorité et le droit d’enseigner de l’épiscopat de chaque Eglise locale, s’étend uniquement à ses ouailles, aux fidèles de son Eglise. Les canons, lois de l’Eglise, délimitent strictement les frontières des différentes Eglises orthodoxes autocéphales. Chacune des quatorze Eglises autocéphales doit garantir l’ordre, par son épiscopat et ses prêtres, uniquement à l’intérieur de son Eglise.
Elle n’a aucun droit de se mêler de la vie des autres Eglises et d’autant plus, de prendre des décisions officielles et collégiales à l’encontre de l’épiscopat, des pasteurs et des ouailles de ces Eglises. Une telle intrusion, au cas où elle aurait lieu, ne peut être acceptée en aucun cas. Ce serait une audace inqualifiable et un crime canonique. Une usurpation illégale des droits des Conciles Œcuméniques.

Ainsi, en accord avec les canons, l’épiscopat de l’Eglise orthodoxe Russe à l’Etranger, (ERHF) remar­quant que certains de ses membres s’intéressent trop à l’œcuménisme contemporain et, le considé­rant comme une hérésie contredisant le dogme de l’Eglise UNE, Sainte, Catholique et Apostolique, a jugé nécessaire de prévenir ses ouailles du danger.

Le premier Dimanche du Grand Carême, pendant le rite du Triomphe de l’Orthodoxie, on a joint à la longue liste des hérésiarques, une condamnation des oecuménistes. Cependant le texte de cet anathème ne nomme personne. Il est difficile et même impossible d’évaluer dans quelle mesure quelqu’un a complètement rejeté le dogme de l’Eglise Une et Indivisible, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront pas. Comment juger jusqu’à quel point cette personne accepte la doctrine oecuméniste, selon laquelle l’Eglise s’est fractionnée, s’est divisée et qu’elle n’existe plus. Et que pour la reconstituer, il est indispensa­ble de retrouver les fragments, de les rassembler et d’attendre une nouvelle Pentecôte, une effusion du Saint-Esprit sur cette Eglise oecuméniste.

Espérons, s’il y a parmi nos ouailles de tels blasphémateurs de la Vérité, agissant d’une maniè­re responsable, qu’ils ne sont pas nombreux. Par l’Anathème, l’Eglise dit aux croyants : méfiez-vous d’eux. Ils étaient parmi nous, mais ils nous ont quittés, ils ne sont pas des nôtres… L’Eglise, « colonne et affermissement de la vérité », selon le témoignage de l’Apôtre, les livre au tribunal suprême – au tribunal de Dieu.

Mais il existe sûrement, parmi nos ouailles, des personnes sympathisantes de l’œcuménisme, qui le considèrent comme une nouveauté digne d’intérêt et qui se couvrent hypocritement par les paroles sur l’amour réciproque entre les « chrétiens » des différentes confessions, disant que l’amour couvre tout, même la désobéissance à l’enseignement de l’Eglise. Il en existe certains qui soutiennent les oecuménistes par idéalisme, répandant leurs faux enseignements dans le monde, sans comprendre le mal qu’ils font à leur prochain.

L’épiscopat de notre Eglise a fait son devoir en avertissant ses fidèles du danger. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent.

Les chrétiens doivent vivre dans l’amour réciproque mais ne pas sacrifier pour cela la Vérité.

+ Archevêque Antoine.

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